Toujours accompagnés de Caroline, nous rejoignons Gilimanuk, à la pointe ouest de Bali pour faire la traversée en direction de Java par bateau, pour rejoindre notre guide qui nous amènera dans son village.
Réceptionné par notre guide, Chunk, à la sortie de notre bateau nous prenons la direction de la Guesthouse située sur les contreforts du célèbre volcan. Le 4x4 s’avèrera bien utile pour atteindre le petit hameau où se trouve notre pied à terre pour la nuit. Nous logeons chez l’habitant dans un petit village où tout le monde travaille sur le volcan.
Et en parlant de nuit, on nous apprend que le départ se fera à 23h30, contrairement à nos dernières ascensions au lever de soleil qui avaient commencé vers 2 ou 3h.
En gros on ne dormira pas ou très peu …
On pose nos affaires, puis direction les plantations de café, d’hévéas, les rizières proches du village et une plantation de cacao. En chemin on croise des habitants et on retrouve au passage la gentillesse des javanais qui nous font des grands sourires et nous lancent des « hello ».
Nous sommes accompagnés d’un guide parlant bien l’anglais et du patron, le chauffeur du 4x4. Notre guide qui connaît quelques mots de français nous sert régulièrement un franglais assez comique du style « and after we will go to see plantations of noix de coco ». Il s’agit d’un mineur de l’Ijen qui a appris à parler anglais pour pouvoir accompagner des voyageurs visiter le volcan, un travail moins harassant qu'extraire le soufre du volcan.
Nous avons droit à des leçons particulières sur la récolte du café, l’exploitation de la sève d’Hévéas pour en faire du caoutchouc et pour terminer, nous goutons le fruit du cacaotier et buvons une noix de coco décrochée au sommet d’un cocotier par notre guide touche à tout. On passera également voir une cascade où de nombreux jeunes viennent se baigner et se retrouver. A nouveau, on nous demandera de poser avec eux pour des selfies, la situation nous amuse toujours autant.
L’après-midi
se termine et après un repas pris aux alentours de 17h nous partons nous
reposer dans nos chambres en attendant le réveil le soir venu pour gravir le
volcan
23H00 le réveil sonne, c’est déjà l’heure. Inutile de vous dire que la nuit a été courte.
On se glisse dans le 4x4 et c’est parti pour une grosse heure de route. Pas de surprise c’est un site prisé touristiquement. Mini Bus, stands de street food, vente d’habits chauds, on a l’embarras du choix.
De Polaire et coupe-vents vêtus, nous attaquons la montée. Fraicheur et pente abrupte nous attendent. Éclairés à la lueur des frontales, nous ne voyons pas la réelle difficulté de la pente, c’est un bon point.
Quelques minutes après le départ, le premier marcheur de l’ombre apparaît. Profil vouté, et démarche cadencé, il évolue péniblement avec sa charrette dans la nuit noire et la pente difficile. C’est son quotidien, nous explique le guide. Les plus fort font 4 montées et descentes par journée de travail. Ce qui représente environ 12h de temps.
Arrivé au niveau du marcheur, je me rends compte que c’est un vieil homme. Impossible pour moi de ne pas l’aider. Notre guide lui glisse un mot, et je me retrouve à tracter une charrette de 30Kg dans une pente vraiment raide. C’est clairement un travail de forçat.
Pendant que le vieil homme reprend son souffle avec des intermittences de toux grasse laissant présager un état de santé fragile, j’accomplie ma BA de la journée jusqu’au premier camp. Je dépose sa charrette, tout sourire je le remercie. Il n’est plus la lanterne rouge !
Pauline et Caroline me rejoignent et nous continuons l’ascension vers le cratère.
C’est rude, jusqu’au moment où nous arrivons au sommet du volcan, au-dessus du cratère. Notre guide nous passe alors les masques à gaz, nous savons que la descente arrive.
C’est raide, assez technique mais nous commençons à apercevoir enfin le spectacle que nous sommes venus trouver.
Les fameuses flammes bleues, causées par l’embrasement des fumeroles de soufre.
La scène est vraiment spectaculaire. C’est presque envoutant. En observant ce spectacle on se prend régulièrement des nuages de vapeur de soufre, et malgré le masque à gaz, ça pique bien les bronches, ainsi que les yeux.
On distingue dans l’obscurité les travailleurs de l’ombre qui cassent le soufre à la barre à mine après qu’il se soit solidifié, pour ensuite le charger dans les paniers.
L’intensité des flammes se fait de plus en plus faible alors que le soleil se lève. Nous découvrons alors le magnifique spectacle autour de nous. Nous sommes bien au fond d’un énorme cratère de volcan, qu’on ne distinguait pas jusqu’à maintenant. Le lac turquoise est surprenant, et on distingue maintenant les grandes colonnes de fumée qui s’échappent du volcan.
Les masques à gaz sont vraiment indispensables mais ne permettent pas toute les fantaisies. Il faut rester prudent car le vent a vite fait d’orienter les vapeurs de soufre dans notre direction, et ça se termine en grandes quintes de toux…
Les mineurs utilisent des paniers d’osier pour porter les morceaux de soufre solidifiés jusqu’au sommet du cratère à la manière d’haltérophiles aguerris.
Leur chargement pèse entre 70 et 100 kilos.
C’est vraiment impressionnant, ils gravissent le chemin vers la montée en alternant l'effort d'une épaule à l'autre.
Pauline termine la visite du cratère par une longue session photo au bord du lac bleu turquoise. Ce lac détient le record du lac le plus acide du monde (pH=0,2), personne n’ose y tremper un orteil…
Le contraste des couleurs entre le bleu turquoise du lac, les zones d’extraction du souffre jaune orangées et les roches qui composent le cratère sont simplement magnifiques.
Les photos parlent d’elles-mêmes.
Pour le chemin retour, nous sommes remontés au sommet du cratère, puis avons entamé la longue descente, doublés par les porteurs et leurs charrettes bien remplies. Arrivés en bas, il est aux environs de 9-10h, et le trajet du retour en voiture se fera en silence, tout le monde se laissant aller dans les bras de Morphée.
Nous sommes admiratifs du courage de ces mineurs qui fournissent un travail surhumain pour un salaire assez dérisoire. Ça s’apparente un peu à de l’esclavage car ils n’ont pas le choix pour survivre que de se ruiner la santé quotidiennement dans les entrailles de ce volcan, aussi fascinant que dangereux. Le soufre est ensuite racheté par des chinois et sert pour différentes industries.
L’ascension, la rencontre avec les mineurs, et la découverte des flammes bleues ainsi que des paysages fabuleux resteront parmi nos plus beaux souvenirs en Indonésie. Et même si le volcan est assez fréquenté, c’est pour nous un incontournable.
Ijen miners tours : 600.000 Rp/pers pour 2 jours (soit 43€)
Toutes les photos, et en haute qualité, c'est par ici : http://etin.yourphototravel.com/fr/carnet-de-voyage/chapitre/kawah-ijen-3547/