A peine revenus sur la terre ferme, notre but est alors de trouver un hôtel. Je sais pour l’avoir souvent entendu que le prix des chambres ici est assez élevé. Exit le petit hôtel de charme, avec notre budget on veut juste un truc clean, et si possible avec la clim car Guillaume a vraiment besoin de se reposer et avec la chaleur qu’il fait les nuits peuvent être difficiles.
On se rend au premier hôtel repéré : complet. Pareil pour le deuxième. Notre chauffeur de taxi nous emmène à un hôtel qu’il connaît, il y a de la place, mais l’hôtel est un peu crado, et vraiment pas donné. Même pour ici, le rapport qualité/prix est vraiment mauvais. On se le garde sous le coude au cas où on ne trouve rien de mieux, mais en attendant on continue à chercher. On constate alors un étrange phénomène : à Labuan Bajo, on ne roule que dans un sens. Donc si vous voulez retourner 100m en arrière, vous êtes obligés de refaire toute la boucle de plusieurs kilomètres parcourant la ville pour y revenir, c’est vraiment spécial. Rien que pour trouver où dormir, nous ferons donc cette boucle 3-4 fois :). On arrive à un autre hôtel, et on retrouve les lettons qui ont fait la croisière avec nous. Ils nous en conseillent un autre, mieux et moins cher un peu plus bas, mais ils n’ont pas pu y rester car ils n’avaient pas la place d’accueillir leur groupe (une douzaine de personnes). On y va et bingo, c’est propre, il y a la clim, et on peut installer un matelas supplémentaire, ce qui nous coute moins cher que de prendre deux chambres distinctes, on s’installe donc ici.
Il y a visiblement une grosse pénurie d’hôtel pour les petits budgets à Labuan Bajo. Les ¾ sont pleins alors que nous sommes en basse saison. La ville accueille de très nombreux clubs de plongée (qui exploitent le parc marin de Komodo à proximité) et il s’agit donc d’une clientèle plutôt aisée, et il y a donc de très beaux resorts, dont certains sur des iles privées qui font vraiment envie (mais dont les prix sont très conséquents). Mais de plus en plus de voyageurs viennent à Labuan Bajo pour commencer leur visite de l’ile de Florès, sans pour autant avoir de gros budget, et cela manque donc cruellement d’hôtels à petits prix (il y a un filon à prendre si ça tente quelqu’un ;) ).
Nous décidons de rester nous reposer quelques jours jusqu’à ce que Guillaume aille mieux. Il nous semble en voie de guérison, il n’a plus du tout de fièvre et commence à se sentir un peu mieux.
Malheureusement c’est la fin de l’aventure pour Caroline, qui repart en France après presque 3 semaines à nos côtés, c’est passé tellement vite. On aura tout de même pu voir ensemble des choses très variées et cela aura été un joli voyage. Les « au revoir » sont de courte durée car Guillaume a terriblement mal au ventre, finalement il ne semble pas guérir si bien que ça. On décide donc d’aller à l’hôpital, ça a assez duré. Croyant débarqué dans un petit dispensaire local, on arrive finalement dans un hôpital flambant neuf où nous sommes très bien reçus. On rencontre une médecin qui parle très bien anglais. Elle prescrit à Guillaume une batterie d’analyses et nous passerons une bonne partie de la journée à l’hôpital. Elle a deux hypothèses pour expliquer son état : une bactérie intestinale (type Salmonella, Shigella ou Listeria) ou des amibes. Par défaut, elle le met immédiatement sous un nouvel antibiotique pour lutter contre les bactéries intestinales, avant d’avoir les résultats du test de recherche d’amibes. Les tests sortiront finalement positifs 2 jours après, Guillaume commencera alors une nouvelle antibiothérapie qui devra s’enchainer sur encore une différente, soit pas moins de 4 antibiothérapies d’affilé…
Les amibes sont des parasites intestinaux qui s’attrapent via l’eau contaminée et provoque une maladie appelée la dysentérie amibienne. Assez costaud, les risques sont quand même heureusement limités pour quelqu’un de jeune, en bonne santé, et qui a accès aux traitements nécessaires. En y réfléchissant, Guillaume se souvient que ses guides sur le Rinjani lui ont donné de l’eau qui n’était pas de l’eau en bouteille et dont il ignorait la provenance, on soupçonne donc fortement qu’il ait attrapé ses amibes à ce moment-là.
Les jours passent (la priorité est que Guillaume guérisse), et nous tournons en rond, cette fois ci au propre comme au figuré. Nous nous rendons finalement compte que nous n’aurons jamais le temps de traverser l’ile de Florès jusqu’à Maumere comme nous l’avions prévu, et hors de question de faire ça au pas de course en enchainant les trajets en bus alors que Guillaume se remet tout juste. En plus, son deuxième antibiotique n’est pas disponible à Florès, seulement à Bali, nous devons donc retourner là-bas pour les récupérer. C’est le cœur lourd que nous décidons de renoncer à visiter l’ile de Florès et de retourner à Bali y passer nos derniers jours en Indonésie.
Mais, avant de partir, je dois faire quelque chose qui me tient vraiment à cœur : plonger dans le parc marin de Komodo. J’espérais vraiment que Guillaume puisse m’accompagner mais il est encore très faible, et c’est le genre d’activité qui n’est pas compatible avec un état de santé moyen, tant pis j’irai donc toute seule.
Je choisis donc un club parmi la farandole de possibilités qu’offre Labuan Bajo à ce niveau. Les prix sont globalement tous les mêmes (assez chers pour l’Indonésie mais c’est lié au fait que les sites sont situés à plusieurs heures de bateau), j’ai trouvé un seul club qui affichait des prix plus bas mais les commentaires sur tripadvisor étaient assez mauvais (pointant des problèmes de sécurité importants), et autant on peut s’accommoder d’un hôtel moyen pour économiser quelques euros, autant quand il s’agit de plongée je n’ai pas envie de prendre de risque. Je booke donc une sortie plongée pour le lendemain. Cela durera la journée, et 3 sites sont au programme, deux dans le parc marin de Komodo, et un juste à côté. En plus, j’ai un divemaster juste pour moi (*princesse*), et cela me rassure beaucoup car, comme je l’ai déjà dit, le parc marin de Komodo est réputé pour ses forts courants, et donc pas forcément indiqué pour les débutants, et avec mes 7 plongées au compteur je rentre très clairement dans cette catégorie, je suis donc contente de savoir que je serai seule avec le guide (qui peuvent accompagner jusqu’à 4 personnes en même temps).
Le lendemain, jour du départ, le guide vient me chercher à l’hôtel et nous partons au port. Le bateau en bois est magnifique et vraiment grand (surtout que nous ne sommes que 3 à plonger ce jour ci, un couple d’allemand et moi même). On part en mer et le paysage est toujours aussi magnifique. En plus il n’y a pas une seule vague, une vraie mer d’huile, la navigation est donc très agréable. Je sympathise avec les deux guides indonésiens : l’un deux plongera avec moi et l’autre accompagnera les allemands (qui ont une certification de plongée plus élevée que la mienne, et peuvent donc plonger plus profond). Plus on se rapproche du premier site, plus je commence à stresser, cette histoire de courant ne me rassure pas vraiment. Les guides m’ont d’ailleurs prévenue qu’en fonction des conditions sur le 2ème site, il est possible que je ne puisse pas plonger. Si les courant sont trop forts, je resterai sur le bateau.
On
arrive au premier site : Sebayur island. On enfile tout l’équipement, un
buddy check rapide et on part à l’eau. On commence à descendre à quelques
mètres de profondeur et là le guide se rend compte qu’il a oublié quelque
chose, il me dit de l’attendre et remonte sur le bateau ! Drôle de
surprise. Je me rendrai compte à quelques reprises que les guides indonésiens
sont plus détendus au niveau de la sécurité que ceux que j’avais eu jusque-là.
Il revient finalement et nous continuons notre descente jusqu’au fond
sablonneux, parsemé de quelques coraux. A peine arrivés, nous voyons passer à côté
de nous deux eagles rays, et le spectacle est magnifique, à couper le souffle. Elles
sont comme en apesanteur dans l’eau et planent au-dessus de nous. N’ayant pas
pris la caméra pour cette première plongée, je me vois obligée de piquer des
vidéos et des images à google pour essayer de vous faire partager cette
expérience
Nous continuons notre plongée, et mon guide m’attire vers un rocher et me montre une sorte d’algue jaune. Je ne comprends pas bien l’intérêt, mais ok. Il insiste, me fait des signes, je commence à comprendre qu’il essaye de me dire que c’est un poisson. Je regarde de plus près, plusieurs secondes durant, quand j’aperçois des yeux et une bouche, il s’agit en fait d’un frog fish, expert en camouflage, c’est vraiment bluffant, jamais je ne l’aurais vu moi même !
En continuant, nous voyons un titan baliste attaquer un plongeur à plusieurs reprises, qui se défend comme il peut avec son appareil photo, le spectacle est assez comique. Les titans baliste sont de gros poissons qui défendent leurs territoires de manière assez virulente, et ils peuvent ainsi infliger de sévères morsures aux plongeurs.
Les coraux et les poissons se succèdent, et vient le moment que je redoute : nous nous retrouvons au milieu d’un bon courant (selon mon guide, c’était juste un petit courant ^_^). Je palme de plus en plus pour réussir à le remonter, mais il faut faire attention en plongée de ne pas s’essouffler. N’étant pas bien rassurée, mon guide me donne finalement un coup de main en m’attrapant le poignet.
Fin de la plongée, encore une fois c’était magnifique, on finit par manquer de mots et de superlatifs pour décrire tout ce qu’on voit sous l’eau. On repart en direction du deuxième site : « Batu Bolong », une des stars de Komodo. Ce site est en fait situé derrière un gros rocher, qui protège son versant du courant très fort au niveau de cette passe. On plonge donc en faisant des aller-retours derrière, le long de sa paroi, sans s’aventurer au-delà pour ne pas se faire attraper par le courant. Sur le moment ça me paraît limité, en plus il y a vraiment beaucoup de plongeurs, je me demande si ce site est vraiment aussi bien que ce que l’on dit. Les guides me disent que c’est ok pour moi, je vais pouvoir plonger sur le site. Après leur avoir demandé 2 ou 3 fois s’ils étaient vraiment surs (stressée ? nonnn ;) ) j’enfile mon équipement et c’est parti. On descend immédiatement à 18m (ma limite de profondeur) et on commence à faire des aller-retours en remontant petit à petit. Le spectacle est dément, il y a une concentration en poissons hallucinante. Il y en a absolument partout, tout autour de nous. Les coraux sont également magnifiques. Au bout de 5 minutes, nous voyons une tortue passer pour remonter à la surface ! Nous continuons notre balade à 5, le 2ème guide et le couple d’allemand nous ayant rejoint. D’un coup, mon guide me montre une énorme murène dépassant des coraux ! On reste quelques temps à la regarder, et en se retournant pour repartir on voit une très grosse tortue, qui était posée juste derrière nous sans que nous l’ayons vue. On va de surprise en surprises. On rencontre un poisson lune tout gonflé, des espèces de crevettes, des nudibranches
Enfin le dernier site, Kelor island, qui est site dit "de macro", à savoir qu'on observe les petites formes de vie présentes (nudibranches, crevettes etc...), pas de requin ou de tortue. Le site est très différent des deux premiers, il y a beaucoup moins de coraux mais des algues assez surprenantes
On profite de la dernière journée pour louer un scooter et aller faire un tour dans les environs. On visite une grotte qui n'a rien de fou, si ce n'est qu'elle est complètement dans le noir et que cela nécessite de s'éclairer à la lampe torche, avec des passages étroits où l'on doit se mettre à quatre pattes. On trouve ensuite une petite plage que l'on pourrait qualifier de paradisiaque si elle n'était pas jonchée de déchets... C'est un vrai problèmes sur les iles dans le coin.
Le lendemain on quitte Florès, pas sans une pointe de regret et de déception. Malheureusement pour nous la visite de l'ile aura été très succincte, nous n'avons pas pu quitter Labuan Bajo. On a tellement aimé l'Indonésie que c'est sur qu'on y reviendra. On se surprend à rêver à une croisière plongée aux Komodo suivie d'une longue visite de l'ile de Florès en remontant dans l'avion qui nous ramène à Bali.