Nous arrivons à San Cristobal après une nuit dans le bus. Mauvaise surprise : le réveil est un peu plus matinal que prévu car à Tuxla (l’arrêt précédent), nous devons tous sortir du bus pour sa désinfection.
Après avoir déposé nos affaires à l’auberge Rossco (et en rajoutant une nuit à nos deux nuits prévues), nous sillonnons la ville de San Cristobal en commençant par aller voir l’église de San Cristobal (Saint Christophe) qui surplombe la ville et nous permet d’admirer un beau panorama. Nous visitons ensuite les rues et les marchés de la ville dont celui des douceurs.
Partout dans les rues, des femmes portent l’habit traditionnel qui comportent une jupe de laine noire accrochée par une large ceinture. On voit également des jupes noires avec de grandes broderies colorées ou une modernisation récente avec des jupes noires avec des fils pailletés colorés.
Nous visitons le musée du café qui malheureusement n’est pas grand et n’est que peu intéressant pour des gens non hispanophones. Nous mangerons au café du musée nos premières tortilla de des (au boeuf) qui étaient délicieuses et un café pour Agathe.
Nous allons ensuite dans le musée plus excentré au nord de la médecine maya. Le musée et très didactique et propose un feuillet en français pour traduire tous les panneaux. Même si les éléments exposés (des reproductions de moments de vie) sont de qualité moyenne, le musée nous a vraiment beaucoup plus.
La fin de journée nous profitons de l’auberge pour jouer au billard et sommes vite rejoints par deux français, François et Isabelle, voyageant quelques semaines au Mexique pour les vacances. C’est une rencontre qui nous aura vraiment fait du bien. Nous finirons même la soirée en faisant un tarot où un portugais habitant l'’Allemagne nous rejoint et apprend le tarot avec nous. Un moment d’anthologie !
La première nuit nous parait très froide comparée à San Agustinillo puisque nous avons perdu 15 degrés d'un coup.
Nous commençons la journée par un tour organisé dans les villages indigènes de Zinacantan et Chamula.
Le premier est connu pour ses textiles mayas (tissage fait avec une structure attachée aux hanches) et ses fleurs. Malheureusement, que ce soit dans l’un ou l’autre des villages, il est interdit de prendre des photos à l’intérieur des églises.
Celle de Zinacatan est resplendissante et difficilement descriptible. Des lustres sont présents et la lumière s’y reflétant les rend magnifiques. Une célébration ayant eu lieu quelques jours avant, le mur au fond de l’église est quasi entièrement recouverte de fleurs de toutes les couleurs en se poursuivant légèrement sur les murs accolés.
Agathe, qui adore visiter toutes les églises sur notre passage et dans ses précédents voyages, est vraiment émue par la beauté de cette église.
Nous nous arrêtons ensuite dans une boutique de textile où des femmes nous font des démonstrations des différentes techniques utilisées : broderie, machine à coudre et tissage traditionnel.
Les femmes nous invitent ensuite à essayer les tenues avec jupes noires brodées et nous font goûter trois breuvages dont le premier est du pox (prononcé poche) qui est une boisson à base de maïs initialement utilisé dans les prières maya.
Pendant le temps de trajet, le guide explique en espagnol puis en français les particularités de ses villages.
Il nous explique que les habitants parlent majoritairement la langue Tzotzil (8 dialectes existent) et se soignent grâce à la médecin maya encore aujourd’hui.L’éducation y est longtemps resté très basique car l’école était en espagnol alors que la langue maternelle était indigène et les enfants abandonnaient donc très vite. Maintenant, les professeurs parlent espagnol et Tzotzil pour permettre un meilleur accès à l’éducation.De même, la médecine classique est délaissée par beaucoup d’indigènes car trop cher et/ou trop loin mais également par manque de connaissances de leur droit et certains indigènes auraient donc eu de mauvaise expérience.En discutant avec le guide, nous avons appris que la plupart des indigènes ne croyaient pas au COVID mais qu’en 2020, ils ont eu un confinement car un loup-garou était chassé dans les environs.
Nous arrivons ensuite à Chamula pour visiter son église.
A l'entrée de la ville et de l'église est rappelée l'interdiction absolue de prendre des photos à l'intérieur de l'église. En effet, les gens y viennent pour prier pour leurs proches malades et, malgré le tourisme lié, ils tiennent au respect de leur intimité. Ici, la police est peu présente et ce sont les indigènes qui font régner leurs règles.
Nous passons d'abord à côté du cimetière avant d'admirer l'église de l'extérieur où il est encore autoriser de prendre des photos.
Lorsque nous rentrons l'atmosphère est vraiment impressionnante. Il y a peu d'ouvertures donc il y fait sombre mais l'endroit est éclairé par pas moins de milles bougies de chaque côté. Sur le sol se trouvent des épines de pin (pour ramener la montagne, ancien lieu de leur culte avant l'arrivée des Espagnols) qui embaument de leur odeur toute l'église. Il n'y a pas de banc et de petits cercles de prière se forment de part et d'autres.
Chaque groupe met en place des lignes d'une dizaine de bougies de plusieurs couleurs (selon leur demande de guérison) et amène un poulet pour le tuer afin d'expier les péchés de l'être malade. En effet, dans les croyances mayas, une personne est malade lorsqu'elle a mal agi et son âme est partie.
C'est une expérience unique que nous nous sentons chanceux d'avoir pu vivre.
Nous pensions que le tour était fini mais lorsque le mini-bus nous dépose en ville, le guide décide de faire un rapide tour autour du Zocalo en nous donnant quelques explications.
Il nous fait rentrer dans une boutique d'ambre pour avoir des explications sur ce qu'est l'ambre et la manière de faire la différence entre le vrai et ses contrefaçons.
En effet, le Chiapas est connu pour son ambre. Une mine existe à 3h de San Cristobal. On peut y retrouver de l'ambre jaune (la plus commune), l'ambre rouge (entre 5 et 10% - sa couleur est due à l'oxyde de fer contenu dans la terre avec laquelle il a été en contact pendant ses millions d'années) et l'ambre verte (environ 1% - pas de certitude sur l'origine de sa couleur). Vu leur fréquence, l'ambre rouge coûte deux fois plus que la jaune et l'ambre verte quatre fois plus.
Tout cela nous est expliqué par Isabelle, une française installée sur place depuis 20 ans et très heureuse de pouvoir parler à deux Français. Elle poursuit par les moyens à leur disposition pour débusquer les contrefaçons ;
- la température générale : l'ambre est tiède/chaud au toucher et léger contrairement au verre. Il est en fait très similaire au toucher à du plastique.
- le son : l'ambre est similaire au plastique pour le son. Si il y a un "tintement", c'est donc du verre.
- le poids : dans de l'eau, l'ambre coule. Dans de l'eau salée, par contre, elle flotte contrairement au verre.
- lampe UV : l'ambre jaune émet une lumière bleue lorsqu'elle est mise sous cette lumière particulière contrairement au plastique ou au verre.
- brûler l'ambre. L'ambre brûle sans fondre et émet une odeur d'encens. Le plastique fondra alors que le verre ne prendra pas feu. C'est cette dernière technique qu'ils utilisent pour être sûr de ne pas avoir de contrefaçons car les faussaires deviennent meilleurs au fur et à mesure du temps et se perfectionnent en fonction des tests. Cependant, le parfum n'est pour l'instant pas imitable. Le joaillier utilise donc une aiguille chauffée dans un endroit non visible pour certifier la pierre.
Isabelle nous montre des insectes dans de l'ambre. Les insectes créent des petites imperfections autour d'eux car ils ont essayé de s'échapper de cette sève. Un insecte qui a l'air de poser et qui n'a pas d'imperfection est donc forcément un insecte (vrai ou faux) mais dans du plastique.
De même, l'ambre ne peut avoir une teinte et des formes unies. Un bracelet de billes parfaitement identiques sera de la contrefaçon.
Nous avons beaucoup apprécié ce moment car Isabelle était vraiment passionnée par ce qu'elle nous expliquait et qu'elle ne nous a à aucun moment poussé à l'achat dans leur magasin. Elle nous a même donné des conseils sur la ville en nous incitant à revenir si nous avions la moindre question..
A la suite de cela, nous avons fait le musée de l'ambre mais nous en avons appris très peu car Isabelle nous avait déjà quasiment tout expliqué en français. Le musée expose surtout de belles pièces d'ambre et se fait très rapidement.
Nous nous réveillons aujourd'hui pour faire un tour dans le parc national du Canyon del Sumidero. Ce que nous ne savions pas c'est que la réceptionniste de l'auberge n'avait pas les même plans pour nous... En effet, lorsque nous étions arrivé à notre auberge, nous avions demandé une extension d'une nuit sur notre réservation initiale ce qui fut accepté par l'auberge et payé de notre part. Malheureusement, la réceptionniste n'est pas très organisée et ne l'a inscrit nulle part ailleurs que sur notre reçu de paiement et nous indique donc que notre check-out a lieu aujourd'hui alors que d'une minute à l'autre, le van pour le tour doit arriver. Après avoir compris que les négociations n'étaient pas possibles car la chambre était déjà réservé par d'autres personnes, Agathe se précipite pour tout ranger dans des sacs au hasard pendant que Benjamin se fait rembourser la nuit. Le bus que nous voulions prendre le lendemain soir étant annulé, nous décidons très rapidement de réserver le bus pour le soir-même (qui n'est pas du tout rempli donc nous ne comprenons pas pourquoi celui du lendemain n'existe pas...) et de ne pas rester sur San Cristobal plus longtemps.
Notre tour arrive juste au moment où nous finissons le paiement pour le bus de ce soir et nous partons soulager de n'avoir rien à gérer au dernier moment le soir.
Nos premiers arrêts sont des miradors (fermés le mardi) nous permettant d'avoir une vue plongeante sur le canyon et c'est à couper le souffle. Sur le premier mirador, Agathe aura même un peu le vertige à cause de la hauteur malgré les barrières hautes et solides. On peut vraiment y voir un grand bras de ce bel endroit.
Le deuxième mirador est plus petit et moins impressionnant et surtout beaucoup plus peuplé car le temps avance dans la journée. Par contre, nous pouvons y voir de magnifiques oiseaux planer au-dessus de nous. Malheureusement, les photos ne sont pas à la hauteur de la magnificence de ces oiseaux en vol.
Nous sommes ensuite descendu dans le canyon lui-même où nous nous sommes installés à l'avant d'un bateau. Le départ s'effectue sur les bords d'un barrage où une statue est érigée pour rendre hommage à l'architecte mais également aux ouvriers ayant participé à sa construction.
Après un arrêt en plein cagnard pour que les autres achètent à boire et à manger, nous voilà partis vers le canyon. Avant d'entrer dans le parc, nous passons près de différents îlots remplis d'oiseaux. Ici, personne ne peut les déranger donc ils y ont élu domicile.
La balade se poursuit en entrant dans le canyon. Notre guide ne parlant qu'espagnol, nous ne comprendrons que très peu de ses explications mais nous n'avons pas besoin d'écouter pour apprécier le lieu. Notre premier arrêt s'effectue près de L'arbre de Noël, une cascade ayant sculpté au cours du temps des formations rocheuses ressemblant de loin à un conifère. Le guide nous fait passer sous la cascade et autant nos corps échauffés que nos yeux sont comblés.
Nous entrons ensuite dans les parties les plus abruptes du canyon, encore plus impressionnant depuis le fleuve. Nous y faisons la rencontre de crocodiles profitant de la chaleur. Tout au long du canyon, des oiseaux survolaient notre embarcation mais nous n'avons que très peu réussi à les prendre en photo.
Le guide fera également un arrêt pour que nous puissions voir un singe araignée mais aucun de nous deux n'a réussi à le voir parmi les feuillages.
La visite se finit dans le ville de Chiapa de Corzo pour pouvoir manger chacun de son côté. Nous nous arrêtons dans un petit stand de marché pour manger des albondigas guisadas con verduras pour Agathe et du puerco adobado pour Benjamin. On ne sait pas trop à quoi ça correspond de spécial mais c'était délicieux pour nous deux avec d'excellentes boulettes de viande pour Agathe. Nous prenons ensuite dans la rue une douceur de là-bas à la cacahuète et au miel. Un vrai délice de calories !
A notre retour, nous nous arrêtons à une chocolaterie pour tester une spécialité du Chiapas : le pozol de cacao con leche. Benjamin goutera du bout des lèvres dans le verre d'Agathe mais préfèrera prendre une tisane fruitée.
Pozol (du nahuatl "Pozōlli") est le nom à la fois de la pâte de maïs fermentée et de la boisson au cacao qui en est issue, qui trouve ses origines dans le Mexique précolombien. La boisson est consommée dans le sud du Mexique dans les états du Chiapas et du Tabasco. Comme toutes les boissons de ce type, on peut l'avoir avec de l'eau ou du lait.
Tout en étant rafraichissant, ça apporte également de la nourriture et cela se sent lorsqu'on le boit avec les petits morceaux de pâte qui forme de minuscule grumeaux dans la boisson.
Nous finissons notre journée par rejoindre le terminal direction Palenque en bus de nuit.