17 heures de bus!! 17 heures!! Et encore, on nous avait annoncé entre 16 et 22 heures, on s'en est presque bien sortis finalement. 17 heures, c'est la durée du trajet en bus entre Varanasi et Katmandou, capitale du Népal. Le départ s'est fait de nuit à 22h00, passage de la frontière à 6h00 du matin et arrivée à 15 heures (heure indienne)... Le tout sur une route en piteux état (quand il ne s'agit pas simplement d'une piste). On a parfois eu l'impression d'être assis sur une machine à laver en plein essorage.
Mais pourtant, quel plaisir à voir le paysage se transformer et le relief apparaître doucement: d'abord quelques petites collines, puis les premières montagnes, les larges rivières qui coulent en contrebas et la forêt dense qui recouvre tout ça. Enfin la vraie nature!!
Nous retrouvons la ville une fois arrivés à Katmandou, que nous découvrons sous la pluie à travers les vitres du bus.
Au programme de notre premier journée au Népal, visite des principaux lieux touristiques de Katmandou. Nous avons un guide qui nous accompagne mais nous enchaînons les sites à un rythme soutenu.... La visite nous permet aussi de constater les dégâts causés par le tremblement de terre de 2015: beaucoup de monuments historiques ont été complètement détruits ou sérieusement endommagés et les autres sont quant à eux soutenus par des poutres installées dans la crainte de répliques.
Première halte: le Palace royal de Katmandou. Plutôt petit, construit en briques rouges et ornés de superbes boiseries finement ciselés, il pourrait presque passé inaperçu: contrairement aux monuments visités en Inde, ici pas de marbre blanc, pas de grand murs en pierre rouge et rose. De plus, le Palais Royal se fond dans le quartier, il n'est pas séparé du reste de la ville et on se ballade au milieu de la vie quotidienne de Katmandou.
Sur place, notre guide nous parle des différentes dynasties qui se sont succédées au Népal et des différents royaumes qui composaient le pays avant son unification. Le site est également rempli de temples hindous. Entre les noms des rois, des royaumes, des dieux et déesses, on s'accroche pour tout comprendre et retenir. Le Népal, aussi petit soit-il, a une histoire dense. Un personnage retient toutefois notre attention plus que les autres: la déesse vivante Kumari. Il y en a plusieurs au Népal (une par royaume) mais celle de Katmandou est la principale. La Kumari est l'incarnation bien réelle de la déesse Taleju. Elle vit dans son palais de l'enfance jusqu'à la puberté et n'en sort jamais sauf à de rares occasions (une quinzaine de fois par an). À la puberté, elle cesse son existence de déesse vivante et retourne dans sa famille. Une autre Kumari est choisie à sa place parmi les critères suivants: avoir entre 3 et 5 ans, avoir un corps parfait et appartenir à la caste des Shakyas (la même que celle de Budha). La Kumari actuelle a 10 ans. On a pu rentrer dans la cours de son petit palais mais nous n'avons pas pu la voir car c'était l'heure de son apprentissage.
Les prochains monuments que nous visitons sont des temples hindous et des Stupa (temples bouddhistes). À nouveau, beaucoup d'informations à retenir sur ces deux cultes qui sont très liés l'un à l'autre. L'un des temples surplombe la ville et nous offre une belle vue sur Katmandou. Nous mangeons également sur un balcon en face de la plus grande Stupa du monde.
Dernière visite de la journée, le Palais Royal de Patan, un des anciens royaumes qui composaient le Népal et rival de Katmandou. Le Palais ressemble trait pour trait à celui de Katmandou d'ailleurs. Il contient en plus un superbe musée consacré au Bouddhisme et à l'hindouisme... À nouveau, la masse d'informations!!
Suite de notre passage éclair au Népal, Pokhara deuxième plus grande ville du pays. Plus basse en altitude (900 mètres "seulement"), elle est pourtant plus proche de l'Himalaya.
Il nous faut 6 heures de voiture pour rejoindre Pokhara depuis Katmandou via l'autoroute... Enfin "autoroute" car ça ressemble plutôt à une départementale. Mais comparé au chemin de terre tout cabossé entre Varanasi et Katmandou, c'est vrai que c'est une belle route.
En chemin on aperçoit enfin l'Himalaya au loin et quelques superbes paysages. En arrivant à Pokhara, "Ram" (notre chauffeur) nous nomme les sommets aux alentours: Dhaulagiri, Anapurna... Des 8000 mètres bien connus des alpinistes. Pourtant, ils n'ont pas l'air si grands: ils sont en fait encore très très loin de nous. Après s'être installés à l'hôtel et en prévision d'un réveil très matinal le lendemain, on se contente d'un petit tour au bord du lac Phewa et on se couche.
Réveil à Pokhara à 5h45 pour admirer le lever de soleil sur la chaîne des Anapurna (l'une des nombreuses qui composent l'Hymalaya). On roule une vingtaine de minutes jusqu'à Sarangkot. Malgré l'heure matinale, l'endroit est rempli de touristes et on doit se trouver un petit endroit à nous avec une vue bien dégagée. Avec le ciel tout bleu et l'atmosphère plutôt transparente, le spectacle est vraiment superbe. Les montagnes pourtant très loins semblent toutes proches... Mais l'ascension d'un 8000, ce n'est pas au programme de notre Tour du monde.
Après Pokhara au pied de l'Himalaya, notre tour organisé nous emmène à Lumbini, lieu de naissance de Buddha qui se trouve juste à la frontière avec l'Inde. On quitte donc avec regret le cadre magnifique de Pokhara pour redescendre dans les plaines. La proximité de l'Inde se ressent immédiatement, on s'y croirait même. Plus de montagnes en vue, le relief est plat, l'air est chargé d'une poussière qui recouvre tout. Le métissage indien/asiatique de Katmandou et Pokhara a disparu également. Autour de nous, on ne voit que des visages indiens mais nous sommes bien au Népal, il faut juste s'en souvenir.
En tant que lieu de naissance de Buddha, Lumbini est une ville de pèlerinage mais elle reçoit aussi son lot de touristes ignorants comme nous. Tous viennent ici pour voir le très grand parc arboré dans lequel chaque communauté bouddhiste du monde a pu faire construire son temple: on y trouve ainsi les Stupa de France, d'Allemagne, de Chine, de Corée, d'Inde, du Népal, de Thaïlande... Et toutes peuvent se visiter à conditions d'enlever ses chaussures et de ne pas photographier à l'intérieur des temples.
Le parc est tellement grand qu'il faut recourir aux services d'un Rickshaw pour en faire le tour en 2 ou 3 heures. Avec ses arbres couverts de poussière, ses chemins de terre en mauvais état, ses bassins aux eaux troubles et plusieurs temples inachevés, le site a un peu des airs de ville fantôme. Heureusement que les Stupas toutes dorées et colorées éparpillées ici et là apportent un peu de lumière à la scène.
Nous passons deux jours au parc national de Chitwan, une grande jungle située au sud du Népal. Le site est connu pour abriter des léopards, des rhinocéros, des éléphants, des crocodiles, des cerfs (enfin des sortes de cerf dont j'ignore le nom), des singes et 600 espèces d'oiseaux différentes. Mais pas de doute, c'est bien l'infime espoir d'apercevoir un tigre du Bengale qui fait venir le touriste ici... Au programme, ballade en pirogue sur la rivière (la ballade en pirogue sur la route posant apparemment quelques problèmes) et safari à dos d'éléphant.
La ballade en pirogue se fait au petit matin, dans le silence et le calme complet. Nous sommes la seule embarcation sur les flots calmes d'une large rivière peu profonde qui traverse la jungle. Aucun bruit autour de nous si ce n'est celui des oiseaux. Un vrai régal. On aperçoit très vite un premier crocodile dont le dessus du corps affleure tout juste à la surface de l'eau. Puis un rhinocéros qui broute tranquillement sur les berges. Ensuite c'est le festival... D'autres crocodiles, des cervidés, plein d'oiseaux différents avec de superbes couleurs. Y a pas d'arnaque, les animaux sont au rendez-vous. Ils ne sont d’ailleurs pas du tout gêné par notre passage, certainement habitués au flot de touristes dans le coin. Bon évidemment, on a pas vu de tigre... Faut pas exagéré.
Après la pirogue, on visite le centre d'élevage des éléphants qui servent à transporter les touristes pour les ballades. Nous sommes partagés sur le sort de ces animaux... Les ballades à dos d'éléphant, c'est vraiment le truc à touristes en Asie. Difficile de savoir si tous sont bien traités. Mais bon là, les bêtes ont l'air bien... Il y a une dizaine de mamans qui allaitent leurs petits. Un éléphantaux curieux vient à notre rencontre, pas farouche. L'occasion de lui serrer la trompe.
L'après-midi, c'est safari à dos d'éléphant justement. Quatre passagers par monture, plus le cornac. Ça remue pas mal là-haut... Faut pas avoir le mal de mer. Au total, c'est une dizaine d'éléphants qui partent en même temps dans la jungle, c'est raté pour la ballade discrète et silencieuse. On passe dans les mêmes coins qu'avec la pirogue et on revoit avec plaisir les mêmes animaux, d'un peu plus près, toujours pas gênés par notre visite.... Mais on ne voit toujours pas de tigre!!
À la fin du tour en éléphant, je demande à notre guide si ça arrive vraiment que les touristes voient des tigres... Il me répond "4 ou 5 fois par an". Il y a 125 tigres dans le parc et la population est protégée du braconnage par des rangers armés. D'après lui, la population de tigres du Bengale augmente dans le parc de Chitwan. Si c'est vrai, ça fait plaisir et les indiens feraient bien d'en prendre de la graine (voir "Un bref passage en Inde").
Malgré tout, nous sommes très contents de notre journée. Le parc est superbe et on a vraiement envie d'y passer plus de temps, de s'y enfoncer plus... Après renseignement il est possible de le parcourir à pied mais dans ce cas, un guide est vivement recommandé... Question de sécurité.
Comme prévu, notre passage par le Népal a été bref. Il se conclu par une nuit passée à Nagarkot, petit village Népalais, 2200m d'altitude, offre une superbe vue sur l'Himalaya et semble également être un coin à randonnées si l'on croit les sentiers aperçus depuis la route et l'accoutrement des autres touristes croisés à l'hôtel. Les hôtels d'ailleurs sont nombreux ici, tous perchés au sommet de la "colline" en surplomb du village, pour offrir le plus beau panorama possible.
Aux aurores, on s'offre donc notre deuxième lever de soleil sur l'Himalaya et depuis la chambre d'hôtel qui plus est - ça c'est du luxe. Moins impressionnant que celui de Sarangkot (car plus éloigné de l'Himalaya), nous savourons malgré tout car c'est la dernière fois que nous pouvons voir la plus haute chaîne de montagnes du monde.
Reste plus qu'une nuit à Katmandou avant notre vol vers la Thaïlande. Nous sommes rincés après ce voyage éclair entre l'Inde du Nord et le Népal (mais on ne va pas se plaindre non plus). Il faut changer de rythme maintenant si on veut profiter de notre Tour du monde. Direction Bangkok et ses 35 degrés, on va enfin sortir les shorts!!