Nous avons quitté le Laos pour le Cambodge. Il nous aura fallu environ 8h pour parcourir les 340 km qui séparent Don Det de Banlung: on a d'abord pris un bateau pour rejoindre Nakasang, sur la terre ferme, où l'on a attendu qu'un minivan nous dépose à la frontière (à 30 minutes de là). Puis nous avons subi le traditionnel racket: 2$ à la frontière laotienne pour le tampon de sortie et 35$ de visa au Cambodge (au lieu de 30). Luc a montrer son mécontentement mais ça n'a servi à rien. Les douaniers prennent le passeport en photo pour mettre la pression et nous demande d'attendre sur le côté, donc à part rebrousser chemin ou faire un sitting, il n'y a pas grand chose à faire... Seule petite victoire, l'esquive du guignol du medical check qui demande 1$ pour prendre ta température. Au final 7$ d'extra au lieu des 10$ demandés par le "facilitateur" de l'agence de bus (ou pas) que certains passagers ont vu disparaître pendant 1h avec leur passeport et leurs dollars.
Ça conclut sur un goût amer la partie Laos qui ne nous a pas vraiment enchanté même si le Sud est bien meilleur que le Nord.
Une fois la frontière passée, un bus nous attendait. Il nous a déposé un peu plus loin que Stung Treng à l'embranchement où l'on a changé pour un minivan qui allait vers l'est à Banlung quand le bus continuait vers le Sud pour Phnom Penh. Il était déjà pas mal chargé et avait 3 scooters attachés à l'arrière en port à faux, mais ils ont trouvé de la place pour 4 touristes au fond. On était compressé et recroquevillés car le sol était occupé par des cartons, mais le trajet n'a duré qu'une heure et les locaux avaient une bonne humeur communicante. Cette proximité à facilité les échanges avec nos voisins. Au final, on a été dropé en pleine ville et les moto taxi ont été plutôt cools mais on a préféré explorer le quartier pour trouver une guesthouse par nous même.
Première impression: les cambodgiens sont beaucoup plus souriants que les laotiens! Du coup, on a vite oublié le désagrément à la frontière.
Deuxième impression: en traversant la ville et malgré la chaleur, les cambodgiens sont actifs, font du sport (foot, volley) ou jouent au billard. Pas vu de chauffeur de tuk tuk dans son hamac avec l'oeil à moitié ouvert murmurer "tuk tuk sir... zzz" ou des employés en train de dormir ou sur leur smartphone.
La ville en elle même n'a rien d'extraordinaire, mais elle n'est pas trop touristiques donc on voit les gens vivre et travailler dans des secteurs autres que le tourisme, ce qui nous a changé du Laos, où l'on avait souvent l'impression d'être dans des villes où la population locale ne dépendait vraiment que de ça.
On a loué un scooter pour aller explorer les environs. Youpie, encore des cascades et, une nouveauté, un lac volcanique!
On a commencé par Kachang où l'on s'est baigné avec la licorne. Puis Ka Teang, où la licorne a dévalé la chute d'eau, et on a fini par le lac Yeak Leom. On se baigne dans le cratère de l'ancien volcan qui fait 2,5km de diamètre et 50m de profondeur. On y était en fin d'après-midi et c'était magnifique. La végétation se reflètait dans le lac. Il s'agit d'un lieu sacré, donc il faullait se baigner en t-shirt, même si, malheureusement, tout le monde ne respectait pas cette règle.
Après notre baignade, on a fait le tour du lac et nous avons fait la connaissance de nouvelles bébêtes dont un petit serpent vert fluo sur lequel j'ai marché et dont on appendra plus tard qu'il était vénimeux et que, s'il nous avait mordu, on aurait eu plus que 2h à vivre... Sympa. Nous qui allions faire un trek dans la jungle le lendemain, ça ne nous a pas trop mis en confiance!
C'est parti pour 3 jours de trek dans la jungle! C'était beaucoup plus rôdé que celui que l'on avait fait au Laos et 2/3 le prix alors que le guide et vraiment expérimenté cette fois (désolé, on n'arrête pas de comparer ces 2 pays alors qu'ils n'ont rien à voir).
Au programme du 1er jour: trajet en moto en grande partie sur route de terre rouge et poussièreuse (Dothrakis, le retour), traversée de la rivière en ferry puis encore un peu de moto jusqu'au Rock Village et départ du trek. Nous étions accompagnés par Sakal et Youn. Le 1er est notre guide anglophone. Il est super sympa et marrant et nous avons appris pleins de choses sur la culture khmers avec lui. Le 2nd ne parle pas anglais mais connait bien la jungle et est un sacré MacGyver (remplacez le couteau suisse par une machette). Au début, on traverse surtout des champs, mais on s'enfonce très vite dans la vegétation. Nous sommes un peu sur nos gardes avec notre experience de la veille, et encore plus lorsqu'on apprend qu'il y a des phytons...
Il fait une bonne chaleur chaude et humide de jungle et Luc doit se baisser/s'accroupir très souvent pour ne pas se prendre de branches/ lianes dans la tête ou avoir le sac bloqué dedans. Sakal nous montre differentes plantes médicinales (beaucoup sont utiles pour les maux de ventre, ça semble être un problème recurrent) et même une feuille qui polit les ongles (et le bois).
Le campement où nous avons passé la nuit se trouvait près d'un cours d'eau, avec un système ingénieux de gouttière en bambou pour se doucher. Le luxe!
Après un bon dîner composé de soupe de pousses de bambou, de citrouille et de riz (le tout cuit dans du bambou), nous sommes allés faire un tour dans la jungle de nuit, munis de lampes torches. Malheureusement, (ou heureusement!) nous n'avons rien vu, à part une araignée bizarre avec 2 sortes d'antennes imposantes.
De retour au camp nous installons nos super hamacs de GI avec moustiquaires integrées et nous sommes prêts pour une bonne nuit de sommeil, bercés par les bruits de la jungle et de l'écoulement de l'eau.
Pour notre 2ème jour, on s'est réveillé avec une bonne averse. On a pu s'abriter sous un rocher en attendant que ça passe. Nous qui avions mis des affaires à sécher, ce fut un échec!
Après notre petit dej (nouilles chinoises instantanés et café 3 en 1 servi dans des tasses en bambou), nous sommes allés à un point de vue qui ne donnait pas sur la jungle mais plutôt sur des plaines deforestées. Les locaux qui cultivent la terre, brûlent les terrains avant de semer, ce qui donne des paysages parfois un peu apocalyptique. La jungle s'est faite de moins en moins dense au fur et à mesure que l'on descendait vers la ferme où nous allions passer la nuit.
Après une pause dégustation fourmis rouges pour nos guides, nous avons traversé des champs de noix de cajou (le paradis pour Luc!)
La ferme était très agréable, au bord d'une rivière où nous avons pu nous rafraîchir. A 10 minutes de là, une cabane dans les arbres avait été construite au bord de rapides, et nous voulions y passer la nuit.
Après le dîner avec la famille, et le partage du vin de riz, nous avons pris la direction de notre cabane. Les yeux des araignées plus ou moins grosses brillaient sur le chemin qui nous y amenait. Une fois au pied de l'echelle, nous avons vu 2 gros yeux phosporecents nous regarder. On a d'abord pensé qu'il s'agissait d'un chat, mais la façon de bouger la tête ne coïncidait pas et c'était beaucoup plus gros... une chouette alors? Mais l'animal en question avait 4 pattes... Après de multiples essais pour déloger la bête, le courageux Luc s'est mis à grimper à l'échelle et, l'animal a sauté et... déployé ses pattes et la peau entre celles-ci pour planer jusqu'à l'arbre d'en face... Petit moment de flottement, on avait bien vu la même chose et on a rebroussé chemin. On est retourné à la ferme, raconter notre aventure mais personne ne pouvait nous dire ce que c'était (hypothèses: wild cat ou chouette mais on n'y croyait pas). Nous avons décidé qu'au final, on serait bien à la ferme pour y passer la nuit. Après plusieurs recherches, il se trouve que ce que nous avons vu était un écureuil volant géant! Un truc assez rare decouvert au Laos voisin il n'y a pas si longtemps.
Le 3ème jours de trek était beaucoup plus cool: descente de la rivière "Ohlalaï" en canoë de bambou (quelle polyvalence ce bambou!) On n'avait pas à faire grand chose, juste regarder le paysage, les buffles prenant leurs bain dans les eaux pleines de sangsues et les locaux vivrent et se deplacer au fil de la rivière.
Puis retour en moto à Banlung, par le même chemin qu'à l'aller.