Nous partons en forêt humide avec Gobert. Jeune ranger passionné et passionnant. Machette à la main il nous ouvre le chemin. Repère et imite les oiseaux a la perfection et lit les traces. Un vrai pistard de jungle. Cette forêt est encore plus luxuriante que celle de la veille. De gros rongeurs, sortes d'écureuil escaladent les souches des arbres. Des araignées de la taille d'une main tissent leur toile au dessus de nos tête et nous devons prendre garde a ne pas nous empaler sur les énormes piquants de palmiers hérissons. Gobert nous montre les traces des rhino. unicornes et de quelques félins qui rôdent dans les parages. La, on s'est demandé si c'était pas un peu pour épater la galerie. Après 2 heures de marche nous faisons une halte sur une plage (nous sommes sur une presqu'île) oú s'est échoué récemment une énorme barge. Déjà bien éventrée elle ne tardera pas à être disloquée pas les vagues et les tempêtes des îles de la Sonde. J'en profite pour inspecter la plage et faire un ramassage de coquillages. Le nombre des porcelaines y est ahurissant. Toutes les tailles et les couleurs. Encore une fois une preuve de cette biodiversité sans égale. Nous longeons la plage. Quelques traces de tortues mais surtout la marque indélébile de l'éruption du Krakatoa. Les roches volcaniques y ont littéralement soudées les galets et parfois même le sable. Nous sommes à l'extrémité ouest de parc. Le point le plus orientale de l'île de Java.
La dernière partie de la rando passe par d’anciennes constructions. Une garnison construite par les hollandais et les bâtiments liés au phare maintenant automatisé. Le parc national de Ujung Kulon est reconnu pour son programme de conservation de la dernière population du rhinocéros unicorne de Java classé en grave danger d'extinction. 67 individus au dernier recensement. Comptage, suivi par pièges photos mais surtout préservation des habitats. La fondation de Ofat, Friend of rhino, oeuvre dans ce sens. Limiter la concurrence de certaines espèces invasives comme le palmier lamcap ou réouvrir des milieux pour fixer les buffles qui concurrences les rhinos quand ils sont en forêt. Nous ne croiserons malheureusement pas la bête mais les guides nous ferons voir des empreintes à plusieurs reprises. Il restait un milieu à explorer. Le monde sous marin. Au vu du nombre de coraux trouvés sur les plages on pouvait être à la fois plein de crainte et d'espoir. Nous sautons donc du bateau avec Nath sur un haut fond. Sous l'eau, du corail à perte de vue. Tabulaire, branchu, en boule. Des accumulations millénaires. Malheureusement mort pour une grande partie. Rien de cassé mais juste blanc. On peut donc supposer que pour une fois ce n'est pas l'action directe de l'homme. Probablement les effets du raz de marée de 2002 et peut être un peu de réchauffement climatique. Malgré tout, tout n'est pas perdu. Les polypes de corail bleu (le corail est un animal colonial), en particulier, recolonise ces montagnes et ces vallées marines et, tout naturellement, le reste suit. Anémones, nudibranches, poissons, poulpes, étoiles de mer. Un feu d'artifice de formes et de couleurs. Quelle splendeur ça devait être à l'époque où l'ensemble de cette communauté était vivante. Nous rentrons au soleil couchant. Dès l'aube nous quittons a regret cette île de Robinson. Sur le trajet retour vers la côte nous portons secours a un pêcheur, en panne puis faisons une halte pour explorer la mangrove en petite pirogue à la recherche de ce qui peut y vivre. Nous ne verrons ni crocodile ni serpent. Quelques singes et quelques oiseaux furtivement. Le guide nous invite à descendre sur la berge pour voir de plus prêt une énorme empreinte de rhino. Nath, un brin tendue depuis le début de la sortie préfère rester sur le bateau. Je m’aventure donc dans la vase et un enchevêtrement de lianes et de palmiers aux aiguilles longues comme des aiguilles à tricoter. Bien sur, notre guide, lui, est pieds nus. Il nous ouvre à grands coups de machettes le chemin jusqu’à la trace. On y distingue bien les trois doigts et la plante de la patte d'une taille très honorable. Une dernière traversée sportive de la baie, une dernière plongée et nous quittons Ujong Kulon. Nous remontons vers Labuan par la côte.