STONE TOWN
Une fois nos valises dans notre hôtel, nous attendons notre guide pour la visite de Stone Town, la vieille ville de Zanzibar Town, classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 2000.
Mais parlons un peu de notre hôtel, construit en 1860 pour la Princesse Kholle, fille du sultan de Zanzibar, elle ne l’habitat jamais, preferant continer à vivre dans le fastueux palais de son père.
Il ne fut jamais habité, à part par les domestiques chargés de l’entretien, et en 1963, lorsque la révolution de Zanzibar chassa les sultans, ceux-ci et leur famille reprirent la route d’Oman.
Le palais passa de mains en mains, se degrada petit à petit, jusqu’à ce qu’un français amoureux de l’île ne le rachète, et au bout de trois ans de rénovations, strictement encadrées par les services de l’Unesco et du gouvernement de Zanzibar, en fasse ce magnifique hôtel au cœur de la vieille ville.
Une fois notre guide arrivé, nous voilà partis à pied dans les ruelles tortueuses de Stone Tour.
La visite aurait pu être passionnante, mais malheureusement, notre guide ne l’était pas, ou plutôt, après un départ intéressant, il semble se fatiguer, et ses explications, toutes en anglais, devinrent plus chaotiques et confuses.
Plusieurs choses sont à retenir de cette découverte, tout d’abord l’architecture de la ville, les maisons, bâties avec du corail récupéré dans l’océan voisin, se construisaient petit à petit. D’abord une boutique, car les zanzibarites sont tous commerçants, puis une pièce à vivre un peu plus tard, et au fur et à mesure de l’enrichissement du propriétaire, on rajoutait des pièces.
Mais une chose essentielle se construisait avant toute chose, avant même les fondations de la maison, LA PORTE !!!
On bâtissait le cadre de la porte, on posait la porte, et seulement ensuite on bâtissait la maison. On peut voir les origines des propriétaires aux décorations de la porte, essentiellement séparées en deux origines distinctes.
Les Indiens tout d’abord, leurs portes sont ornées de motifs rappelant l’Inde, tigres, fleurs abondantes, et parfois des mots en sanscrit gravés sur le linteau. Et toujours d’énormes clous, coutume importée d’Inde, où ces clous servaient à empêcher les attaques d’éléphants sauvages, alors qu’on n’a jamais vu de mémoire d’homme d’éléphants à Zanzibar.
Les Arabes ensuite, qui ornaient principalement leurs portes de motifs abstraits, et y ajoutaient des citations du Coran.
Mais tous, affichaient fièrement sur leur porte leur métier de marchands d’esclaves quand c’était le cas. Plus important business de Zanzibar, bien avant les épices, le commerces d’esclaves fut florissant, et aujourd’hui les portes les plus belles, les plus remarquables, sont toutes ornées de chaines de chaque côté !
Puis nos pas nous ont conduit au marché central de Stone Town.
Et là, comment dire, nous avons été transportés dans une autre dimension ! Le marché aux épices et aux fruits voit des amoncellements de fruits et légumes de toutes sortes, souvent magnifiques, pleins de couleurs et de senteurs, qui voisinent avec des étalages d’épices, de thé et de café, tous aussi odorants. Puis nous apercevons le marché de la viande et celui des poissons…… et là ça se gâte !!!
Des morceaux de viande entassés sur des étals de planches, en pleine chaleur, sans aucune forme de conservation au froid, idem pour les poissons, selon notre guide les pécheurs arrivent au marché en fin de matinée, et repartent en fin de journée. Le poisson passe tout ce temps à la chaleur, à attendre d’être emporté par un client qui je l’espère possède un système immunitaire à la pointe !!!
Apres le marché central, nous entrons dans l’ancien marché aux esclaves.
Un endroit sinistre, qui vous flanque la chair de poule et vous révulse !
Comment imaginer que des hommes aient pu se conduire ainsi avec d’autres hommes, nous visitons deux endroits vraiment terribles, les geôles où étaient enfermés les esclaves justes amenés à Zanzibar depuis les cotes d’Afrique. Une cave de quelques mètres carrés, où les femmes et les enfants d’un côté, les hommes de l’autre, étaient entassés (une inscription encore visible annonce 75 femmes plus les enfants) avec une hauteur sous plafond inférieure à un mètre. En hiver, l’eau montait et envahissait une partie de la cave.
Beaucoup mouraient avant même d’avoir été vendus.
A l’extérieur, une fosse a été conservée, des statues y ont été déposées, elles montrent dans quelles conditions les esclaves attendaient la vente qui allait les expédier par un nouveau et terrifiant voyage en bateau vers leur lieu de servitude, les palais arabes ou ceux de maharadjas !
Un musée adjacent à l’ancien marché explique dans le détail comment se passait la chasse aux esclaves, leur capture, leur transport et leur vente.
Il explique aussi comment, à compter de 1860, la Couronne anglaise décréta la chasse aux esclavagistes, et donna ordre aux navires de la Navy, de les aborder et de délivrer les esclaves présents à bord.
Ceci mit bientôt fin à la traite dans cette région, en provoquant en moins de 50 ans la ruine des trafiquants d’esclaves.
La suite de la visite de la ville fut plutôt décevante, des ruelles abandonnées, sans charme, des maisons sur le point de s’effondrer, bref pas grand-chose qui donne un sens à cette visite, ni qui me fasse comprendre ce que l’Unesco cherche à préserver.
Les rares bâtiments avec une belle architecture sont transformés en hôtel de luxe, il en est ainsi de l’ancien consulat anglais, de l’ancien club des officiers anglais, deux superbes bâtiments, avec une architecture magnifique et des jardins incroyables, transformés en palaces sévèrement gardés.
Cette découverte de Zanzibar Town, hormis l’émotion éprouvée lors de la visite du marché aux esclaves, aura été globalement une déception….