SUR LES TRACES D’ELO

Publiée le 17/03/2020
Comment je suis arrivée au même endroit que mon amie Elodie 15 jours après elle

De Bolivie au Chili

Reveil 4h45. Ca pique un peu ce matin. Mes affaires sont prêtes. Je m’habille sans faire de bruit pour ne pas réveiller ma compagne de chambre. Je quitte la chambre et je descends dans le hall de l’hostal.  Merde la porte est fermée je ne peux pas sortir ! J’avais pas prévu ça et je n’ai pas pensé à demander s’il y avait une garde de nuit. Heureusement, la dame de l’hostal m’a entendu et elle vient m’ouvrir. Dehors il fait encore nuit mais ça commence à s’activer sur le marché que je dois traverser pour rejoindre le terminal de bus. 

Je suis installée à côté d’un jeune chilien qui était en voyage dans la région et qui rentre chez lui. Le bus part en retard. De toutes façons les bus boliviens ont la réputation de ne jamais être à l’heure. 

Le bus est basique mais les sièges sont corrects. Pas de toilettes. Pas de camas. Les ceintures de sécurité ne fonctionnent pas... La blague qui circule ici c’est que lorsque les argentins ou les chiliens ne veulent plus de leurs bus ils les passent aux peruviens. Et quand les péruviens n’en veulent plus ils les passent aux boliviens, ça donne une idée de l’état des véhicules. Notre bus peine à monter sur la route qui mène à la frontière chilienne. Il y a des moments où on irait plus vite à pieds. Je comprends mieux pourquoi il faut 12h pour atteindre San Pedro. Mon voisin m’explique également que pour aller San Pedro qui est proche de la frontiere il faut d’abord aller à Calama qui est beaucoup plus loin et revenir en arrière. C’est parce qu’il n’y a pas de route vers san pedro. En tout cas pas une route faisable en bus. Déjà là on roule sur une piste et on se demande comment un bus peut circuler là dessus...

Encore de nombreux champs de quinoa en bordure de route et les andes en arriere plan. Avant la frontière le paysage change et je retrouve les formations rocheuses étranges que nous avions vu pendant notre tour du Salar. Les vigognes et les lamas nous accompagnent et le chauffeur passe son temps à klaxonner pour les éloigner de la route. 

On s’arrête juste avant la frontière. Un genre de resto qui vend un peu de tout permet de se restaurer rapidement. Une petite souris se promène sur le sol en terre. Je bois un thé ça me suffit pour l’instant. Il fait hyper froid dehors. 

La frontière à cet endroit est marquée par le Volcan Ollague qui paraît être vraiment au milieu des deux pays. Je ne sais pas s’il est en activité. Au Chili il y en a beaucoup qui le sont. L’attente est longue pour l’immigration pourtant il n’y a que notre bus. 

Avoir un passeport français ou européen c’est vraiment un avantage. On peut passer quasiment toutes les frontières. Et pas besoin de visas pour la plupart des pays. Cela nous permet de circuler librement dans une grande partie du monde ce qui est un avantage certain par rapport à d’autres voyageurs. Nous allons devoir attendre à la frontière car deux passagères d’origine chilienne ont un problème. L’une d’entre elles était portée disparue et rechercher au Chili. Et elle réapparaît à la frontière ce qui crée une grosse perturbation. Finalement, les boliviens les laissent passer. En revanche côté chilien ça coince. Il faut dire que les chiliens ça rigole pas. Ils ont l’air super paranos aussi bien à l’immigration qu’à la douane.. Interdit d’importer quoi que ce soit. Ni fruits ni legumes ni plantes ni animal sous aucune forme. J’en avais entendu parler mais je ne m’attendais pas à ça. En plus on avance tous ensemble. Donc tant que tout le monde n’a pas passé l’immigration personne ne passe la douane. Ils nous permettent quand même d’avancer pour la douane alors que les deux nanas ne sont pas encore là. On récupère tous nos bagages dans la soute du bus on les aligne et on va tous s’assoir en rang d’oignons. Un douanier verifie nos declarations puis on attend. Le bus est fouillé. Ensuite on passe un par un et tous nos sacs sont fouillés. Contre toute attente les deux nanas nous rejoignent. Avant de remettre nos sacs dans le bus ils en refouillent tous les recoins. Quand on repart enfin il est 14h. Je pense qu on y a bien passé deux heures en tout. 

Côté chilien la route c’est de l’asphalte, ça change. Ceci dit le bus ne va pas plus vite. Et de tous côtés des volcans aux cimes enneigées. On roule pendant plus d’une heure quand le bus s’arrête en rase campagne à un poste de contrôle. Un policier monte et demande aux deux filles de le suivre. Décidément. On reste encore coincé un moment. Puis elles remontent et le policier revient interroger des passagers. Finalement on repart. Ce voyage est interminable...

Le bus a vraiment l’air d’avoir du mal. A plusieurs reprises on se demande si on va arriver à destination. Je discute un long moment avec mon jeune voisin chilien qui m’explique la situation au Chili. Il participe régulièrement aux manifestations. Le vrai problème c’est que le Chili est un pays riche car possède de nombreuses matières premières. Or la grosse majorité de la population est pauvre et la plupart des services publics sont payants ou ne fonctionne pas correctement. Le 26 avril les chiliens vont voter pour la création d’une nouvelle constitution. La constitution actuelle datant de l’ère Pinochet... C’est intéressant de connaitre un peu mieux les circonstances des troubles actuels dans ce pays.

On arrive enfin à Calama où mon voisin descend. Il ne nous reste que 2h pour san pedro. A partir de Calama la route change et les paysages redeviennent époustouflants. Des formations rocheuses incroyables bordent la route. On ne sait plus où regarder car les deux côtés de la route sont différents mais aussi beaux. C’est le coucher du soleil, la lumière est sublime. Un énorme orage gronde au loin et nous voyons à la fois éclairs et arc-en-ciel.  Les couleurs du ciel et du décor paraissent irréels et électriques. Nous arrivons enfin à San Pedro non sans s’être arrêté plusieurs fois pour des raisons inconnues. Devant le terminal le chauffeur a l’air d’avoir du mal à rentrer. Il tente, recule recommence puis finalement décide de le faire en marche arrière. On se regarde tous ahuris. Il est vraiment temps que ce voyage se termine. On a quand même  3h de retard sur l’heure prévue.

Je trouve l’hostal assez facilement. San Pedro de atacama a l’air d’une ville très touristique mais également très pittoresque. Beaucoup de restos, bars, boutiques mais les bâtiments en adobe sont jolis. Je pose mes affaires et je file retirer de l’argent. Ma cb visa ne fonctionne pas mais la mastercard oui. D’où l’intérêt d’avoir 2 cb différentes. La fille qui était avec moi à Uyuni, une française, était super embêtée car sa carte avait été piratée et si elle faisait opposition elle n’avait plus de moyen de paiement ni de retrait.

Un dîner rapide et je me couche. Je suis crevée par ces deux matins avec levé aux aurores et ce trajet interminable. 

Bed bugs, again !

La nuit est bonne mais je suis quand même réveillée à un moment car j’ai l’impression de me faire piquer et ça me gratte. Je reconnais le signe des bedbugs mais je suis trop fatiguée et ça n’a pas l’air si méchant car je me rendors. Au réveil, j’ai quand même une dizaine  de piqûres  Beaucoup moins donc que lors de mon passage à Puerto Madryn mais quand même. Je me demande si ce n’est pas moi qui les est ramenée depuis l’hostal de sel de Bolivie. Je n’y crois pas trop car depuis j’ai dormi ailleurs depuis et aucun souci. Je décide d’en parler au mec de l’hostal. Il me regarde déconfi, hier une autre nana s’est plaint de bedbugs dans la chambre juste en face. Ok ! Bon ben je change de chambre alors, en espérant que tout l’hostal ne soit pas infesté... A suivre donc après la prochaine nuit. 

Sur les traces d’Elo

Après avoir fait ensemble un voyage en Inde et un en Norvège, nous avions prévu mon amie Elodie et moi de partir ensemble en Bolivie. Les événements et la vie en aura décidé autrement et nous ne sommes donc pas partis ensemble. Elo a eu l’opportunité de faire Atacama et nous aurions pu nous y rejoindre mais là encore cela ne s’est pas fait. J’arrive donc à Atacama 15 jours après elle. 

Aujourd’hui je tente une journée tranquille pour préparer les prochains jours. Au programme : laverie car je n’ai plus rien de propre, investigation pour une location de voiture et des excursions. Bilan : laverie check, location de voiture pour 2 jours check, excursion Geyser check, excursion nuit étoilée check, transfert pour Calama le dernier jour check. Ca m’aura pris la matinée. Ensuite je décide de louer un vélo pour explorer les environs. Ici c’est le mode le plus populaire pour les sites pas trop éloignés. 

Au déjeuner les clients de l’hostal discutent beaucoup du Corona Virus. Apparemment le Danemark demande à ses ressortissants de rentrer au Danemark. On a un peu peur que les autres pays suivent... A priori les avions de l’argentine vers l’Europe sont suspendus. Certains commencent à se demander comment ils vont rentrer et d’autres s’ils vont pouvoir continuer leur voyage. 

Pukara de Quitor : le site se situe à environ 3 km. A vélo ça va. Mais il fait chaud quand même et les pistes ne sont pas très bonnes. Et puis les vélos sont super inconfortables. Au bout de 2 km j’ai déjà sérieusement mal aux fesses;

Le site se visite à pieds. Ça monte pas mal mais il y a deux endroits pour faire des pauses. Les vues sont très jolies. Tout en haut on a une vue panoramique sur tous les sites des environs. Curieusement je retrouve au sommet un jeune russe que j’avais croisé à Tupiza et qui faisait ensuite le même tour que moi pour Uyuni. On avait fait connaissance à l’hostal. C'est vraiment drôle. De se retrouver là au même moment. D’autres touristes arrivent. On discute évidemment du Corona. Le russe doit passer par Buenos Aires et Paris dans 3 jours... Ca risque d’être compliqué. Des suisses nous expliquent que chez eux on ferme les frontières. Bref tout le monde commence à se poser des questions.

Quebrade del Diablo : je continue vers un autre site non loin. Mais il faut traverser la rivière à pieds. Je vois des gens traverser avec leur vélo à la main. Ils ont de l’eau jusqu’au genoux... L’eau de la rivière est rouge comme les montagnes. Un pick up arrive. J’en profite. Je lui demande si on peut monter mon vélo et moi. Ok ! Cool, je peux garder les pieds au sec :) Il me laisse devant l’entrée du parc.

Il y a plusieurs chemins mais assez longs et vu l’heure j’opte pour celui du canyon. Le chemin est hyper beau et passe aussi par la rivière. Là pas le choix faut y aller ou bien faire demi-tour. Chaussures trempées... C’est pas trop grave il fait chaud et il fallait que je lave mes chaussures de toutes façons. Le sentier circule au milieu du canyon, passe entre les roches, sous la roche même à certains endroits. A un moment c’est un peu coincé. Je laisse mon vélo et continue à pieds. Dommage car j’aurais pu prendre mon vélo à la main et continuer ensuite. Je fais donc les 2 km restants à pieds. Le canyon débouche sur un sentier qui monte à 2 points de vue. Ca a l’air beau mais c’est hyper pentu. Je commence à monter mais je galère. Je ne ferai qu’un point de vue sur les deux car c’est vraiment trop dur. Je manque de souffle ici tout le temps à cause de l’altitude. Je refait le chemin en sens inverse et je regrette vraiment de ne pas avoir été au bout avec mon vélo.

Je le retrouve qui m’a sagement attendu sur le bord du chemin. Le retour est plus rapide car ça descend. Cette fois je dois passer les deux rivière à pieds. Je pensais faire laver mes chaussures, maintenant c’est sûr... Finalement ce tour en vélo m’a bien fatiguée. Et ce soir j’ai le tour étoilée à 22h... Pfff ça va être dur d’attendre et de se coucher tard. Le retour est prévu pour 1h. Mais il parait que c’est vraiment super chouette.  

Une nuit avec les étoiles

J’attendais beaucoup de ce tour que mes amis anglais d’Uyuni m’avait vendu ou plutôt survendu. J’y suis allée avec 2 de mes compagnes de chambre, une suisse et une coréenne. Le ciel était vraiment plein d’étoiles et même de la ville c’était déjà beau à voir. Nous sommes partis en minibus environ une douzaine de personnes. Après un (long) cours d’astronomie nous étions censés observer les étoiles et les constellations. Ah oui mais la lune va se lever alors il faut prendre la photo de groupe puis les photos individuelles. Ah puis il faut boire un coup et puis que ça va être beau ce lever de lune. Puis on attend encore que le mec qui doit nous régler les télescopes ait fini avec l’autre groupe. Bref à force d’attendre non seulement ça me saoule mais une fois la lune levée et les nuages qui arrivent ben on ne voit plus rien. Fini le beau ciel d’Atacama si réputé qu’on y a construit les plus gros télescopes du monde. On repart il est 1h30 du matin et on se fait la tournée des hôtels pour ramener tout le monde. Du coup je trouve que c’est hyper cher pour ce que c’est. Et surtout je suis super déçue.

Les environs d’Atacama

Aujourd'hui et demain j’ai loué une voiture. La voiture n’est pas en très bon état mais bon comme ça au moins je serai moins stressée. Je pars en direction des lagunes qui sont tout au sud. Je fais pas mal de kilomètres. Les deux premières lagunes sont entourées de volcans. Le paysage est très beau et sauvage. Il y a quelques touristes mais pas trop. Je continue ensuite vers la plus lointaine lagune, proche de la frontière argentine. Très belle également. Dommage qu’on ne puisse pas l’approcher. Il y a un sentier mais on ne peut pas y aller, sur l’autre lagune c’était pareil. Depuis que je suis ici j’ai l’impression que c’est comme ça partout. Soit les accès sont partiellement fermés, soit pas accessibles au public; Mais le prix d’entrée reste le même, bien que tout le site ne soit pas visitable. Et dans l’ensemble je trouve que c’est un peu cher. Chaque fois qu’on arrive quelque part il faut payer. Même certains points de vue sont payants ! Vraiment c’est abusé. En plus, je trouve que dans les commerces les gens ne sont pas très sympas. 

Au retour je prends une piste pour me rendre à la Laguna Chaxa, un hot spot du coin. Mais quand j’arrive devant, l’accès est fermé ! C’est pénible à force. Je décide donc de remonter un peu au nord d’Atacama. Il y a des choses à voir mais je n’ai pas trop compris quoi. En fait ce sont des gravures rupestres. Le site est joli même si un peu éloigné. Finalement, au lieu de peindre des bisons et des mammouths comme à Lascaux, ils ont gravés des lamas et des pumas dans la roche. C’est drôle d‘imaginer que les hommes ont eu le même genre de réflexe à des milliers de kilomètres d’intervalle.

Ensuite je continue jusqu’au bout de la route. Tiens ça me rappelle la Norvège, parce qu’on en a fait des « bouts de la route » là-bas. Après une route de montagne très sineuse j’arrive à un petit hameau situé au fond d’une gorge. Le lieu est plutôt austère mais beau et le village, tout petit, contient quelques jolies vieilles maisons en adobe et une église qui semble très très vieille. C’est plutôt une belle surprise ce pueblo mais un peu loin de tout. Au retour je ferai un stop au dessus de la vallée de la Lune que j’irai visiter demain. La voiture a quand même quelques soucis surtout quand la boule du levier de vitesse me reste dans la main alors que je passe les vitesses. Je change de voiture demain. Elle n’est pas donné alors à ce prix là je préfère avoir un levier de vitesse qui fonctionne...

Une journée extraordinaire !

Ce matin je dois changer de voiture. L’agence me donne un énorme pick-up 4x4. Je pense que je pourrai transporter 10 personnes dedans. Mince si j’avais su je serai partie plus tôt pour aller aux geyser d’El Tatio. C’est un endroit où normalement je dois me rendre mardi matin avec une excursion. Mais j’avoue que je ne suis pas fan des excursions. Et j’ai lu le blog d’une fille qui explique qu’elle y a été en voiture (alors qu’ici tout le monde te dit que c’est impossible de le faire seul). Du coup ça me tente mais le problème c'est que le site est beau surtout le matin. A cause de la température hyper froide (on est à plus de 4000 m) et de la faible luminosité au lever du jour, on voit mieux les fumerolles qui parsèment le site. En plein jour on ne voit plus rien. Ca me trotte dans la tête. Aujourd’hui j’avais prévu de faire la Vallée de la Lune, les lagunes escondidas et les lagunes de Cejar. Mais bon je peux changer. En revanche, trop tard pour El Tatio ce matin il est déjà 9h et il faut 2h pour y aller. Que faire ? Y aller en fin de journée ? Après tout au coucher du soleil ça doit être pareil qu’au lever du soleil non ? Je vérifie l’heure de fermeture sur mon guide : 18h. Ça pourrait le faire. Je fais d’abord ce qui était prévu après on verra. 

Direction Vallée de la Luna. Alors là vraiment je suis agréablement surprise. Le site est tout proche de la ville mais quel lieu ! Des dunes de sable fin collées à des roches aux formes incroyables. Je ne sais pas à quoi ressemble la lune mais si c’est ça je veux bien y aller ! Il y a plusieurs points de vue et plusieurs sentiers. Ça monte et dans le sable ce n'est pas facile. Le premier sentier je suis seule. J’arrive au bout quand deux autres touristes en redescendent. Je me retrouve sur un promontoire rocheux, c’est un peu le bout du monde. Il n’y a pas un bruit, pas un. Même pas un oiseau, même pas un insecte, rien. Ce vide de bruit me parait exceptionnel. Je reste un moment à contempler la magie de ce lieu. Quand je redescends enfin je m’aperçois que les visiteurs qui arrivent ne font pas tous les sentiers. Ça me parait dingue. Les gens viennent jusqu’ici et ne visitent pas.  Bon en même temps ça m’arrange comme ça il y a moins de monde sur les points de vue. Je me fais donc tous les sentiers. C’est vraiment très beau. La fin du parc n’est pas accessible mais je commence à avoir l’habitude ;)

Ensuite je décide de partir directement aux lagunas Escondidas et de ne pas faire les autres lagunes qui sont très proches de la ville. Je pourrai les faire un autre jour en taxi, pas besoin de voiture. Je m’engage sur la route, ou du moins sur la piste. Elle n’est vraiment pas terrible. De la vraie tôle ondulée. Ca remue tout le temps c’est vraiment horrible. J’avance à 20 km/h. Je vois pourtant des voitures normales qui me doublent alors que j’ai un 4x4. Au bout d’un moment je me dis que soit je fais demi-tour, soit j’avance plus vite ça sera peut-être mieux. J’ai déjà fait 20 km sur 45 c’est un peu dommage de faire demi-tour. J’accélère un peu. Finalement ça marche mieux quand on va plus vite on sent moins les secousses. J’arrive enfin sur le lieu. En fait ce sont des lagunes pour se baigner. Je n’avais pas compris que c’était ça. Le paysage ici est hyper désertique et aride, on est juste derrière la Vallée de la Lune. L’entrée est assez chère mais bon maintenant que je suis là autant y aller. En fait il y a 7 lagons dont 2 sont accessibles à la baignade. L’eau est turquoise, bleu, verte, entourée de blanc car c’est hyper salé. C’est un peu des minis mers mortes. On flotte dans l’eau et on ne peut pas y rester plus de 20 mn. L’eau est glacial en revanche. Mais dans ce paysage lunaire c’est une vraie expérience de se baigner dans ces lagons et cette eau aux couleurs irréelles. Après ça il faut prendre une bonne douche car on ressort avec une bonne couche de sel. 

Une heure dans l’autre sens pour me sortir de cette horrible piste et il est 15h30. C'est le moment de prendre une décision. Geyser ou pas Geyser ? Allez ça se tente. Je n’ai vraiment pas envie de me faire cette excursion en groupe et puis j’ai un 4x4 il faut bien s’en servir ! Je prends la route. C’est de la piste de bout en bout mais rien à voir avec celle que je viens de faire. Pas des cailloux et de la tôle ondulée, juste de la terre avec quelques trous et de bon virages. Ça grimpe beaucoup et bientôt je me retrouve au niveau des volcans. Le paysage est magnifique. Je suis entourée de cimes enneigées. Je rencontre régulièrement des vigognes. J’arrive à un village perdu en pleine montagne niché dans une petite vallée verdoyante avec des flamants, d’autres oiseaux, des moutons. On dirait un petit paradis isolé. Cette route est vraiment superbe. Après deux heures de route et plusieurs arrêts photos, j’arrive à El Tatio, au bout de la route (encore une fois). Il est 17h15. Parfait. La dame du parc s’approche de ma voiture et me dit que le parc est fermé. Mais non ! Mais si. Merde merde merde. Je lui demande si je peux au moins faire quelques photos. Pendant ce temps là elle disparait puis revient. Elle me dit de venir avec elle. Les gardiens du lieu ont normalement fini leur travail mais ils acceptent de me laisser entrer. Génial ! Je paye mes 10000 pesos et ils me laissent une heure. Je ne pourrai pas me baigner dans la piscine d’eau chaude mais bon c'est pas grave.

Je découvre donc le site toute seule. Il n’y a absolument plus personne. C’est parfait. Et comme prévu, la lumière déclinant et le froid arrivant, les fumerolles apparaissent. Je fais le tour du site sans trop trainer. Ils ont vraiment été cool de me laisser entrer alors je fais de mon mieux pour respecter le temps imparti. C’est vraiment un paysage irréel. Je suis hyper contente d’être là et toute seule. Quand je ressort, je m’arrête à la maison des gardes pour les remercier. Et là, qu’est-ce que je vois ? Un chien ? Non un renard. Un petit renard qui vient et s’approche de moi. Il est à un mètre. Le garde me dit qu’il vient le soir quand les touristes sont partis. Il vient depuis qu’il est tout petit, il a 6 mois environ. Il espère toujours qu’on va lui donner quelque chose. Il attend. Il se couche et attend. C’est un cadeau ! Là j’ai le temps de le prendre en photo tranquille. Il est tellement beau. Le vent fait bouger ses poils comme des vagues. Je l’observe un bon moment tout en discutant avec le gardien du parc. Il y a un couple de français qui est arrivé entre-temps. Ils prévoient de camper là pour faire la visite avant l’arrivée des hordes de touristes demain matin. C’est une bonne idée. Allez moi je dois repartir car j’ai deux heures de route de montagne et pas envie de les faire de nuit.

Au retour la route est encore plus belle sous la lumière du soleil couchant. Les lagunes deviennent oranges, les montagnes prennent des teintes ocres. Je m’arrête encore prendre des photos. J’arrive à San Pedro la nuit vient de tomber. Je fais le plein et je vais rendre le véhicule. Quelle journée ! J’ai la tête pleine de belles images. J’ai vu tant de belles choses aujourd'hui que j’aurai même du mal à trouver le sommeil mais ce n’est pas grave.

Partir ou pas ?

Ca y est ça commence à être la parano Corona Virus ici. Les infos tournent en boucle. Tous les voyageurs cherchent des vols pour rentrer en Europe. Je dois prendre un vol demain pour Santiago puis mercredi pour l’ïle de Pâques. Je me demande s’il faut que je parte dès maintenant pour Santiago. J’ai peur que les aéroports soient bloqués si j’attends. Au bout d’un moment je décide de ne pas céder à la panique. Je prends des vols intérieurs il n’y a pas de raisons que j’ai des problèmes. 

En Argentine les parcs nationaux sont fermés. C’est dommage car je devais aller en Patagonie... Je ferai uniquement le côté chilien, si jamais ça reste ouvert. Et si ça devient trop compliqué je rentrerai en France. Mais les prix des billets d’avion ont flambé. A suivre...

Aujourd’hui c’est journée détente. Je sortirai peut-être plus tard on verra. Et quand on ne visite pas on fait quoi ? Du shopping ! Il y a un artisan qui fabrique de très jolis bijoux et je m’achète une jolie paire de boucle d’oreilles. C’est pas raisonnable mais faut bien se faire plaisir. Et j’aime bien acheter à de vrais artisans. Le mec a son atelier dans la boutique donc je le vois faire. Et vraiment ce qu’il fait est super joli.


Toujours plus haut

Vallée de Marte : tant qu’à faire, après la vallée de la Lune il semble logique de faire la vallée de Mars. Je pars en fin d’après-midi. L’idée est de faire la visite de la vallée puis d’aller au view point de la vallée de la Lune pour le coucher de soleil. Je me fait déposer en taxi et j’entre sur le site. Canyon de roches escarpées de couleurs ocre mêlées à des dunes de sables fin. Très beau parcours mais ça monte pas mal. Je ne sais pas pourquoi mais tous les paysages magnifiques se trouvent toujours en haut. C’est vraiment pénible. J’arrive au view point. On domine tout le canyon, c'est super beau. Le gardien du lieu qui est perché là-haut m’explique qu’on peut aller de l’autre côté et redescendre par la dune. C’est un peu un shortcut. Ok ! c’est pas hyper clair mais je verrai une fois sur place. 

Sauvée par des hollandais

Je passe de l’autre côté. Il m’avait dit, c’est tout plat, faut compter environ 25 mn. En fait le chemin longe une falaise. Dès que j’arrive là-haut il y a en vent tellement violent que j’ai du mal à avancer. Le bout de la falaise semble reculer à chaque pas que je fais. Le chemin est interminable. Et l’heure avance. Il est déjà plus de 18h. Je vois au loin trois formes qui semblent être des gens. Je presse le pas. Je ne connais pas le chemin et si je dois faire demi-tour maintenant ça va être juste pour sortir du parc avant la nuit car il y a plus de 7 km. Au bout d’un moment je ne vois plus les silhouettes. J’avance plus vite. La perspectice de me retrouver là-haut toute seule à cette heure ne m’enchante pas. J’avoue que j’ai un petit stress. J’arrive enfin au bout du chemin mais il n’y a personne. Merde. Je regarde plus loin et je vois des formes qui descendent la dune. Ok c’est par là. Je les interpelle. Ils me font signe. Je commence à descendre La dune est très pentue et énorme. J’arrive à les rejoindre. C’est un guide et deux touristes hollandais. Le guide me demande d’où je sors. Ben c’est le gardien qui m’a dit de passer par là parce que c’était plus court. Il me regarde surpris. Je lui dis que je suis bien contente de les avoir trouvé car je n’étais pas très rassurée. Tu m’étonnes ! Il me dit que je suis chanceuse parce qu’il y a carrément moyen de se perdre ici. Oui je m’en doute ! 

On descend toute la dune puis une autre. Cela me rappelle cette sacrée descente de dunes au Mont Bromo en Indonésie. Mais là on est seul. Il n’y a absolument personne. On continue un moment puis eux doivent partir dans une autre sens. Le guide m’explique comment rejoindre le chemin qui mène à l’entrée. Ok j’ai compris. Je reste focus sur mon objectif afin de ne pas me perdre. Je retrouve enfin le chemin. Sur ce coup là j’ai eu de la chance. J’aurai vraiment pu me perdre et de nuit en plus. Une fois que j’étais avec eux c’était top. On a dévalé les dunes en courant c’était drôle. Et le guide nous a expliqué plein de choses. Ce moment qui aurait pu devenir dramatique est devenu un moment mémorable et c’était magnifique. 

Je suis quand même aller voir le gardien à l’entrée du parc en sortant pour lui expliquer très gentiment qu’on ne peut pas envoyer les touristes sur un chemin de dunes dans le désert parce que quand même c’est un peu dangereux. Mais bon après ça fait un touriste de moins ! Le mec rigole. Il en convient et me dit que peut-être il serait bien qu’ils mettent quelques panneaux pour indiquer le chemin. Oui effectivement ça serait pas mal ! D’ailleurs vous pourriez le faire dans tous les parcs parce que je trouve que les indications ne sont pas légions. Pour construire les cabanes où on paye l’entrée pas de problème mais après plus rien. Les lieux sont à l’état brut. Alors oui c’est super parce que ça ne dénature pas le paysage (comme à Iguazu par exemple) mais il y a un juste milieu. Quelques panneaux en bois pour trouver son chemin ça me parait le minimum.

Après toutes ces émotions, je rentre direct à l’hôtel à pieds depuis le site de la vallée de Mars. Je trouve l’hostal quasiment vide. Ici c’est l’hécatombe, tous les touristes s’en vont. Il ne reste que des brésiliens. Moi je pars demain matin pour Santiago. Après on verra. Soit je peux prendre mon vol pour l’île de Pâques soit pas et il faudra que je me décide. Je vais me retrouver confinée quelque part mais où ? A Paris ou ailleurs ? Je verrai demain en fonction de ce qui se passera.

Départ

Je suis prête à partir. Ici c’est super calme. Ce matin une jeune française de 21 ans m’a parlé complètement paniquée. Elle ne savait plus quoi faire, s’était décidée à rentrer en France puis a finalement décidé de rejoindre le Costa Rica pour attendre que ça passe. Elle est partie il y a un mois pour un tour du monde d’un an alors rentrer maintenant ça casse un peu ses projets. Deux français viennent d’arriver à l’hostal mais tous les parcs ferment à partir de demain. Ils doivent faire vite pour visiter des choses aujourd’hui. Leur plan était de rejoindre les iles Chiloé mais elles vont fermer également. On a l’impression que chaque endroit vers lequel on se tourne se ferme devant nous. C’est assez angoissant. Pour ma part j’essaie de rester zen. Si je ne peux pas prendre mon vol pour l’île de Pâques demain, je prends un vol pour Sao Paulo. Au Brésil la situation est bonne pour l’instant et s’il faut rentrer en France c’est encore le seul endroit de la région qui n’ait pas suspendu ses vols vers l’Europe. Voilà, c’est mon plan. Le Brésil n’était pas prévu dans mon parcours mais après tout pourquoi pas ?

1 commentaire

Elodie

eloo

Émue de lire à quel point ces lieux t’ont toi aussi touchée!!
Qu’a cela ne tienne, on se retrouvera sur une prochaine destination !!
Fais attention à toi ❤️?

  • il y a 5 ans