RIO DE JANEIRO

Publiée le 20/03/2020
Comment nous avons réussi à quitter le Chili

Systéme D

Après avoir passé une bonne soirée autour d’une bouteille de vin blanc, nous décidons de nous rendre à l'aéroport demain matin et de faire la queue au comptoir d’Air France. On se lève tôt et on consulte les groupes Facebook où circulent les infos. Mauvaise nouvelle, le Chili parle de fermer l’aéroport de Santiago aux vols commerciaux dès le 21 mars. Ca nous laisse peu de temps. Avec le vol Air France annulé de la veille, il va y avoir un afflux encore plus important de gens qui cherchent des vols.

On appelle mon taxi Johan qui est dispo et nous confirme que le process de fermeture est en cours. Il nous dépose à l’aéroport rapidement. Quand on arrive il y a déjà une longue queue. A midi, on y est presque mais les hôtesses partent déjeuner. Bon, elles ont le droit de manger quand même. On a donc une heure de plus à attendre le temps qu’elles reviennent; 

Pendant ce temps là je décide d’aller me renseigner sur les vols pour le Brésil. Il semble que les vols sont moins engorgés là-bas. De plus, je me dis que le Brésil a des aéroports plus grands avec plus de compagnies. Les mesures de restrictions ne sont pas encore au niveau de celles du Chili. Cela nous donnerait un peu de temps pour trouver des vols. Certains compagnies profitent de la situation et vendent les billets pour le Brésil à plus de 1000 euros pour 4h de vol ! C’est vraiment honteux. Je trouve finalement un vol pour Rio chez Sky airlines demain matin à un prix raisonnable. J'attends de voir ce qu’Air France va nous dire et je prendrai une décision ensuite.  

Quand les nanas d’Air France reviennent c’est un peu la prise de tête. Personne ne gère la queue. On attend depuis des heures or des gens se pointent, évidemment plus pressés que tout le monde, et coupent la file. Ça chauffe un peu parce que je crois qu’on en a tous marre et on est tous dans la même galère. Quand notre tour arrive on apprend que : tous les vols sont archi pleins (bon ça ce n’est pas un scoop), que finalement Tom et Nasta n’ont qu’une réservation et pas un billet émis (donc chance de partir réduites) et que globalement à partir du 21 il n’y aura plus de vols donc ça parait difficile de faire partir tout le monde. En gros les réponses ne sont pas très encourageantes et ne laissent pas entrevoir d’espoir. Et aucun affrètement d’avion prévu pour le moment. 

Là il faut prendre une décision. En plus en lisant les posts sur facebook on voit que la situation dans certains endroits devient hyper difficile, surtout en Argentine où c’est de pire en pire. Et on se dit que si on est coincé au Chili ça risque d’être pareil d’ici peu. On doit trouver une solution pour quitter le pays. Je pense vraiment que l’option Brésil est notre seule porte de sortie viable.

On va chez Sky, on se prend des billets pour le vol de 5h du matin pour Rio. En espérant qu’il ne soit pas annulé. Ensuite on s’installe à une table et on cherche des vols au départ de Rio pour Paris. Bingo ! Tom et Nasta en trouve un pour le 20 au soir via Amsterdam et moi le 21 direct Paris. Avec Air France donc normalement ça devrait partir. Les vols sont à prix normaux, pas comme ici. Au Brésil c’est l’état d’urgence mais à priori (on croise les doigts) les vols AF partent normalement pour l’instant et la situation a l’air détendue même si les lieux touristiques ont été fermés par mesure de sécurité. Ce qui m’inquiète un peu c’est qu’AF a annoncé qu’ils allaient réduire 90 % des vols du coup je ne vois pas comment ils vont pouvoir rapatrier tout le monde en réduisant le nombre d’avion et quasi tout le personnel au chômage technique. Il y a quelque chose d’incohérent dans tout ça. On a lu dans un article du Monde qu’il y a 110 000 français dans le monde à rapatrier. Ca en fait des avions. Et comme les ambassades nous disent qu’elles négocient uniquement pour des vols commerciaux je ne comprends pas comment ça peut marcher si AF ferment tous ses vols, mathématiquement ça ne colle pas. Mais bon, j’imagine qu’il y a des choses qui nous échappent... 

Maintenant on prie très fort pour que tout se passe bien. Je me booke un hôtel sympa dans l’aéroport de Rio.. Tant qu’à faire autant passer une bonne dernière journée. Surtout que ce soir on dort dans l’aéroport. Il faut qu’on enregistre à 2h du matin donc pas rentable de retourner en ville pour quelques heures même si on a l’appart jusqu’à demain. Et puis on veut être certains de monter dans cet avion alors autant être dans les premiers. Les surbookings sont monnaie courante en ce moment.

L’attente va être un peu longue mais au moins on a une solution. Rester ici à attendre qu’il se passe quelque chose ou que le gouvernement français nous prenne en charge, pour moi ce n’était pas envisageable. Je préfère me débrouiller par moi-même. 

Il faut bien s’occuper...

Maintenant qu’on a tout régler, il ne nous reste qu’à attendre. On squatte une table, on a des provisions, on reste le nez sur nos portables un moment mais c’est lassant à force. Allez on se fait un petit baccalauréat et apéro en même temps, on ne va pas se laisser abattre :) C’est notre jeu préféré des vacances avec mes enfants. On en a piqué des crises de fous rires à jouer à ça. On y joue exclusivement en voyage. C’est un peu notre fil rouge. 

On joue un moment, ça passe le temps et on rigole bien. Tom se fait un peu explosé par les deux compétitrices que nous sommes avec Nasta mais il est bon perdant. Après ça on va dîner puis on se trouve des sièges où se poser en attendant d’enregistrer. Ce ne sera pas si long finalement.

Embarquement pour Rio

Evidemment nous n’avons pas dormi mais ce n’est pas grave. A 1h45 nous sommes dans la file d’enregistrement. Nous ne sommes pas les premiers. Finalement les comptoirs n’ouvriront qu’à 3h. On est quand même en début de file donc ça va vite. On enregistre, quelques minutes après on est à l’immigration. On passe le contrôle, problème avec mon sac. Merde ! J’ai oublié mon couteau multifonctions dans ma banane. On s’en est servi tout à l’heure pour ouvrir les bières et j’ai zappé de le ranger dans mon sac à dos. Au revoir mon ptît couteau, tu m’auras bien servi. 

On est en salle d’embarquement. Notre stratégie semble fonctionner. Je suis confiante pour la suite. Nous sommes soulagés et nous ne sommes pas les seuls. Tout le monde se retrouve en salle d’embarquement et outre la fatigue on sent une certaine euphorie. Nous avons franchi une étape. Nous ne sommes pas encore au bout mais au moins on quitte le Chili.

Merci à Anick et Gilles !

Je ne suis pas utilisatrice de Blog Trotting depuis longtemps, du coup je ne sais pas comment répondre aux commentaires. Alors je réserve un petit paragraphe spécial pour Annick et Gilles.

Merci pour votre message qui m’a fait chaud au coeur ! Ça me fait plaisir de savoir que nous partageons la même vision et que nous vivons des choses similaires, même si ce ne sont pas des moments faciles. Je vous souhaite bon courage pour la suite, que vous restiez en Argentine ou que vous rentriez en France.

Je crois que nous avons tous vécus de très beaux moments pendant nos voyages  respectifs et c’est précieux. Je pense à toutes ces personnes qui sont bloquées quelque part, à ceux qui ne savent plus quoi faire, à ceux qui sont seuls, à tous les autres qui sont confinés chez eux, à ceux qui sont atteints par la maladie et à ceux qui les soignent ; et je me dis que nous ne sommes pas les plus à plaindre. Nous avons trouvé une solution pour rentrer chez nous et j’espère que tout le monde pourra faire de même.

Que cette épreuve nous serve à changer ce qui ne va pas dans notre monde et toutes ces difficultés n’auront pas été vaines.

Bon courage à vous et au plaisir de vous rencontrer un jour sur un chemin entre ici et le bout du monde !

1 commentaire

Gilles et Anick

GillesetAnick

Bonjour Cécile,
Merci pour votre paragraphe spécial nous concernant, nous ne nous attendions pas à avoir autant d'honneur que cela que de figurer ainsi dans un article de votre carnet de voyage.
Nous avons encore eu beaucoup de plaisir à vous lire et nous avons encore beaucoup apprécié votre article, votre franchise et votre analyse et surtout votre 'positivisme'.
Vous avez été plus réactive que nous. Nous nous sommes à Salta où nous attendons un vol pour le 25 afin d'aller a Buenos Aires mais il ne partira pas... car l'Argentine vient d'interdire les vols interieurs jusqu'au 31 mars... dommage on va devoir attendre.
Nous avions aussi ensuite un vol pour Paris via Sao Paulo le 26 mars , terminé lui aussi. Nous n'avons plus la maîtrise de notre voyage, il va falloir être patient et attendre pour manger du bon fromage et avoir une bonne salle de bain ?
Merci à vous et bon retour en France.
Gilles & Annick

  • il y a 5 ans