Départ dans le Troodos, où une route très sinueuse m’obligeant à la conduite sportive nous amène dans une mignonne auberge à Potamitissa, l’un des villages les plus élevés de l’île. Le gérant n’hésitera d’ailleurs aucunement à me faire un clin d’œil à la présentation de sa romantique chambre et de son lit situé entre 2 et 4 mètres de haut. « Ce soir c’est ton soir » pouvait-on déchiffrer dans son regard. Sympathique hôte qui nous apporte, dans un cadre bucolique aux notes musicales traditionnelles, un festin local avec sans doute le meilleur Tzatziki jusqu’alors écumé (la recette de grand-mère lui sera même soutirée). Ce délicieux mets contraste avec l’huile accompagnée de salade et le verre de vin rouge dans lequel flottent d’inattendus glaçons (j’ai mal à ma France comme dirait Kiki). Sur une dernière goutte d’un alcool local offert par la maison – imbuvable compte tenu de sa teneur estimée à 165° – un ultime spectacle du gérant aspergeant les chats avec son pistolet à eau nous signifie qu’il est temps de rejoindre les hauteurs de notre literie baldaquinée. Cette journée illustre avec brio la spécificité de Chypre : la concentration sur cet îlot d’écosystèmes tout à fait différents. On peut, en moins de deux heures, prendre congés de la fraicheur de la montagne pour se frayer un chemin parmi la douceur de la plaine ou encore affronter la chaleur des côtes.