Départ d'Aruba au lever du jour pour une nav de 4 jours. Se retrouver en pleine mer est un vrai régal et toute cette première journée je profite à fond.
On a le vent portant plus fort qu'annoncé (18 à 23 noeuds), la mer est bien formée et nous pousse dans le bon sens à une bonne vitesse de 8-10 noeuds.
Je m'éclate à la barre. En fin d'aprem je me sens même le courage de réaliser un banana bread pour le petit déj du lendemain.
ERREUR ! Le mal de mer me prend. Je suis vaseuse et incapable de faire quoi que ce soit.
Avec la nuit qui tombe une sale angoisse se rajoute. En plus il y a des éclairs partout autour de nous, c'est pas fait pour me rassurer.
Nous avons prévu d'expérimenter un autre rythme pour les quarts de nuit. Jean-Charles va veiller de 20h à 2h du matin et moi de 2h à 8 heures.
Jean-Charles prends son quart et à 1h me réveille(je suis allée me coucher à 7h). Il me passe le relais en m'expliquant que c'est cool, le ciel est plein d'étoiles et le bateau marche bien. 30 secondes plus tard, le vent monte à 30 noeuds, Ilovent part en surf à une pointe de 17 noeuds de vitesse et la pluie se met à tomber.
He ben, le ciel plein d'étoiles ce sera pour une autre fois !
La peur me tétanise. j'ai très mal dormi pendant cette première partie de la nuit, le mal de mer empêche mon cerveau de raisonner. Je suis obligée de me concentrer pour comprendre ce que signifient des chiffres de mon écran aussi basiques que vitesse, angle du vent ou cap. Pendant 6 heures je vais guetter les éclairs qui zèbrent le ciel de tout côté. JC lui roupille comme un bienheureux dans sa cabine.
Au petit matin un gros front nous rattrape et on prend la saucée du siècle. Par bonheur le vent ne dépasse pas 31 noeuds. Ilovent fait des pointes de vitesse historiques, à tel point que nous nous rendons compte que nous avons 4 heures d'avance sur l'heure d'arrivée initialement prévue.
Enfin, le beau temps se ré-installe. On peut tout mettre à sécher. Je suis exténuée. Cette deuxième journée se passera dans un état un peu comateux. Je suis incapable de faire quoi que ce soit.
Je m'oblige à boire de petites gorgées d'eau et à manger un peu toutes les deux heures. Un vrai nouveau né !
J'appréhende de passer une seconde nuit en mer. Je suis aussi très en colère après moi. Le Pacifique nous attends et je ne suis vraiment pas en état d'y faire face !
Finalement la deuxième nuit se passera mieux que la première. Malgré des éclairs partout le beau temps se maintient. Mon mal de mer et la peur se dissipent et je profite enfin d'un quart de nuit avec des étoiles.
Nous nous attendions à voir une petite ville avec des maisons anciennes. En fait on s'avance vers une mégalopole de 2 millions d'habitants où les gratte-ciels l'emportent visuellement sur le centre historique.
Etre touriste relève d'un long apprentissage. Etre touriste en bateau en Colombie c'est suivre une formation de pointe. Je m'explique ...
Lorsqu'on arrive en voilier dans un pays, nous sommes tenus de nous déclarer aux services de l'immigration et des douanes. En général nous allons de bureaux en bureaux et au bout de quelques heures au max nous obtenons des tampons sur nos passeports et le papier "sésame" qui nous autorise à naviguer dans les eaux territoriales du pays.
En Colombie, nous avons l'obligation de passer par un agent pour réaliser ces papiers. Par ailleurs, les formalités ne sont pas centralisées. Chaque région délivre un permis de naviguer. Si on veut changer de région, on doit faire les démarches administratives pour sortir de l'une et refaire les démarches (et donc payer un autre agent) pour rentrer dans l'autre. Evidemment nous ne savions pas tout ça.
Nous voici donc à Cartagena où nous avons fait notre entrée. Nous avons enfin trouvé une place au mouillage devant la marina de club de Pesca. Malheureusement ils n'ont pas de place au port. Impossible donc de laisser le bateau pour plusieurs jours, comme on l'avais prévu dans notre plan initial, pour visiter l'intérieur du pays.
Le mouillage est folklorique. Des bateaux-Party promènent les touristes avec des hauts parleurs à sonoriser le Stade de France. L'eau est maronnasse et pue. Pas question de faire tourner le dessalinisateur !
C'est une des festivités les plus importantes de l'année et nous y sommes. le spectacle dans la rue est génial, la musique est partout.
Le mouillage a l'air de bien tenir. Nous envisageons donc une excursion en forêt à l'extérieur de Carthagène.
C'est ainsi que nous faisons la connaissance d'Olinto de Terrae Aventurae organisateur de tours dans les thèmes nature et culture.
Il va être notre guide pour la journée et nous faire découvrir la forêt tropicale séche. Diana, estonienne en vacances en Colombie, est aussi du voyage. Et sera une bien agréable compagnie.
Après trois quart d'heure de voiture depuis Carthagéna de Indias, nous arrivons à la ferme d'Alejandro qui sera notre guide local.
Au fil de la ballade Olinto nous montre tout ce que l'on ne sait pas voir : fourmis rouges agressives à ne pas approcher, papillons de toutes les couleurs, araignées de toutes forme ...
Côté plantes, certains arbres sont gigantesques. La canopée est à une hauteur vertigineuse. Nous apercevons des singes et des tamarins.
Le son "fantomatique" qu'ils produisent dans la forêt m'impressionne vraiment.
Après la traversée d'un cours d'eau boueux nous entrons sur des terres privées et sommes rejoins par un autre guide local qui habite sur place.
L'un des guides ouvre la marche et l'autre reste en arrière. Avec leur machette ils sont à l'affût d'un danger qui pourrait subvenir soit disant. Info ou intox on ne saura pas. En tout cas il ne nous est rien arrivé de fâcheux.
Au retour d'une ballade qui aura duré trois bonnes heures, une petite collation d'eau de coco et de tranches d'orange est la bienvenue.
Retour ensuite sur Carthagena de Indias après un bon déjeuner où nous dégustons avec grand plaisir une des spécialités de Colombie
La Colombie est aussi pour nous une étape technique, car c'est ici que l'on va faire le plein d'épicerie pour les 6 mois à venir.
Les quantités que l'on calcule nous épatent. Il faut 40 kg de farine, 50 boites de thon, 5 kg de sucre, etc ...
Les totaux des tickets de caisse aussi : 1 512 347 pesos par caddy. Je vous laisse faire la conversion ;)
Nous décidons d'écourter notre séjour en Colombie car le mouillage bruyant et à l'hygiène douteuse de Carthagène commence à nous peser.
De plus on a chopé un virus façon état grippal et on est déquerre.
Après avoir mis plus de deux jours pour récupérer notre ZARPE (preuve de sortie du territoire colombien) et nos passeports tamponnés, nous partons à Islas Rosario.
Normalement on y reste un jour en attendant qu'une perturbation météo passe. Elle mettra finalement quatre jours à passer pour notre plus grand bonheur.
Le coin est super. On peut enfin se baigner dans une eau claire. Nous avons gonflé les paddles et partons faire de belles ballades dans la mangrove.
Nous faisons connaissance avec 4 autres bateaux français qui comme nous attendent la bonne fenêtre méto pour rejoindre l'archipel des San Blas au Panama.
Nous quitterons la Colombie avec un goût d'inachevé.
Nous n'aurons pas vu Minca, ni Medellin, ni dormi dans un lodge au coeur de la forêt. Il faudra revenir c'est sûr !