Bon, on est à 850km (à vol d'oiseau !) de la maison, ça fait des jours et des jours qu'on ne voit que des champs et des millions de meules rondes ou carrées, on n'en peut plus, on veut voir de la côte sauvage, austère et déchirée, on veut sentir le vent du large et l'odeur du goémon, on veut rencontrer Akim le fils du forgeron de la célèbre tribu !
Alors tant pis on y va, on sort de notre retraite champêtre pour aller voir le Cap Fréhel (on a laissé tomber la veille l'idée de Saint-Malo, les Creusois nous l'ayant décrit comme un enfer touristique).
Mais avant de partir, on décide que puisqu'on n'est pas mal ici, on va rester une nuit de plus. Autre avantage de cette option : on diffère un peu le stress lié à la recherche du point de chute suivant, stress étonnement VanLife, dont on sait combien il peut être vecteur de querelles stériles, susceptibles de prendre une ampleur inédite quand on n'a que 8m² pour 2, cuisine, douche et WC compris...
En plus le SUPER emplacement (celui du barbu de la veille pour ceux qui suivent) est désormais libre, ledit barbu étant parti pour Brocéliande, sans doute pour tenter de rencontrer son idéal pileux Merlin. On investit donc l'espace en laissant plein d'assiettes en vrac sur la table, des serviettes, une bassine pleine, on espère que ça suffira pour décourager l'eventuel nouveau vanlifer gaussonais. Et pour bétonner, on avertit Colette la tenancière d'un message via l'appli Roadsurfer Spots, espérons que Colette soit une bretonne fortement connectée...
Bon, on y va. Comme on avait pris une grosse marge anti-tourisme avec Gausson, ça sera quand même 65km aller... On se dit que pour les prochaines étapes, on va peut-être abandonner le mode « on rayonne à la journée depuis base arrière dans bled perdu », un peu trop coûteux en temps et en gazole...
On roule paisible dans la campagne bretonne et on arrive sur site en 1h. Pas mal de monde, gros parking style 300 voitures (avec barrière de limitation à 1,9m de haut) et seulement 8 places pour camping cars, évidemment toutes occupées. Ça part mal ☹️ Mais miracle 🤩 : une se libère quand on arrive, même pas le temps de galérer 👍🙂
La VanLife, c'est mieux quand on est un peu chanceux...
Le site est sauvage et magnifique, on a enfin notre premier fix de bretonnitude !! 👍🙂
Bon, c'était beau. Vraiment. Il fait bon. Chaud, mais pas trop. Ciel bleu.
On suit les conseils du Routard et on décide d'aller se baigner à la plage de Pléhérel.
Plage (vraiment) immense. Absolument magnifique. Zéro problème de parking. Inimaginable en Provence !! Pourquoi est-ce TELLEMENT différent ici ?... Un mystère breton qui occupera pas mal de nos discussions pendant les 15 jours à venir.
Allez, on va à l'eau !!!
Bon, 1er constat. Entre quand tu vois la plage depuis ta voiture garée et le moment où tu te baignes, il y a 3km et minimum 1/2h... Penser à partir léger léger et pas après 16h sinon c'est le retour de nuit...
Bon, on y est. Soleil. Eau couleur Caraïbes. Gros morceau de plage que pour nous. Le soleil est assez chaud, le sable est magnifique, l'eau est émeraude, calme.
Donc on arrive tranquille et confiant, à la marseillaise, on marche vers l'eau de façon désinvolte et assurée à la fois et là BIM !! on comprend d'un coup une partie du mystère breton 💡
Au moment où le premier orteil pénètre l'eau, ouch !, décharge surpuissante dans le cortex préfrontal, disparition immédiate de toute dignité, saut d'antilope en arrière et repliage instantané en position fœtale : bordel, l'eau est G-E-L-É-E !!! Quelle température ? Je dirais entre « microkiki » et « tetonkipointefor », ça doit faire environ 17-18 degrés. Une sorte de toute fin novembre provençal....
Impossible d'y rentrer. Elle est trop dure. Certains y font du patin.
J'ai peur. Peur de l'arrêt cardiaque immédiat. Mais que vois-je ?! À ma gauche, à 50m, Caro est en train de rentrer dans ce freezer déguisé en océan, jetant vers moi un regard aussi insolent que moqueur. Elle est déjà à mi-cuisses, l'inconsciente !! Je ne peux plus rien faire pour elle, je détourne la tête, infiniment triste, je ne peux me résoudre à la voir mourir 😢😢
Mais quelques secondes après, elle m'appelle ! Elle a survécu, elle nage ! Cette fois c'est sûr , elle n'est pas humaine. Bordel, je suis amoureux d'un replicant... Mais finalement quelle importance, on a réfléchi, on ne veut pas d'enfants.
Après le bain on attaque l'ultra-trail le voyage de retour vers le van, découvrant au passage quelques curiosités locales.
Bon, on rentre à Gausson profiter de l'emplacement de rêve, car, OUI, on l'a eu !!
1h de route et environ 5000 meules plus tard, on y est.
Et on y est bien...
Allez, on va se coucher.
Demain, c'est le départ vers une destination plus Breizh que Breizh.
Indices :
À suivre !