L'archipel des Glénan, enfin !!! (oui, sans « s »)

Publiée le 10/09/2024
37 ans que j'ai le « Cours des Glénans » (oui, si on parle de l'école de voile, y a un « s »...) dans la bibliothèque, 37 ans que je me sens un imposteur à faire de la voile sans y avoir mis les pieds, c'est la MECQUE absolue des voileux et... aujourd'hui, ENFIN, on y va !!! 🎉🍾

J'ai TOUJOURS voulu y aller. J'ai convaincu Caro, amoureuse des îles, sans trop de mal. Ces fameux Glénan, 2 syllabes qu'on ne prononce pas sans un signe de croix ou un genou à terre dans toutes les bases de voiles de France et d'Europe. Une sorte d'excellence austère, de voile sérieuse, sans fantaisie ni concession (à l'image de la couverture du Cours des Glénans, l'essentiel et SURTOUT RIEN de plus). Une espèce de voile calviniste ???

Bref, on a réservé un billet il y a 3 jours, depuis notre headquarter stratégique, à savoir en général dans Big M., bien calfeutré au fond du lit smartphone en main entre 22h et minuit. Samedi la précision indiquait plein soleil, mais c'était complet. On a donc pris dimanche : nuages et (peut-être) éclaircies, il y avait plus de places...

Ça me contrarie notablement, car dans mon image mi-fantasmée, mi youtubée des Glénan, il y a de la couleur d'eau paradisiaque en plus de la quiétude. Sans soleil, j'anticipe le gros risque de grisou morose assorti aux toits bretons et aux goélands argentés, je pressens une ambiance un rien baudelairienne :-( Mais c'est peut-être bien aussi ça, la Bretagne ?...

On va partir avec « Les vedettes de l'Odet », la compagnie locale plus que bien implantée, à 9h. On doit y être, dixit l'hôtesse, 1/2h avant. Ça va faire lever tôt. Je propose l'option « vélos minables » en faisant le tour par le quai Moros pour ne pas subir l'aléa du bac (les vélos minables, c'est-à-dire les vélos moins chers que leurs antivols déjà pas chers, c'est définitivement un MUST HAVE en Vanlife). Ça fonctionne parfaitement, on y est en 20' chrono, vélos succinctement attachés devant le débarcadère. 

On a pris le billet TOUTES OPTIONS, la découverte de l'archipel. Le plan :

  • 9h : croisière vers l'archipel, plus précisément l'île Saint-Nicolas, la seule accessible aux visiteurs acheminés en vedette, les autres étant soit réservées au centre nautique « Les Glénans » (qui a déposé la marque avec le « s » final), soit des réserves ornithologiques, soit privées... 1h15 aller, ça commence à compter. On sera quand même à environ 15km au large.
  • 10h15 - 14h : temps libre sur l'île
  • 14h-15h : on réembarque pour une visite commentée de l'ensemble de l'archipel (9 îles principales + un gros paquets d'îlots)
  • 15h-17h : second temps libre sur Saint-Nicolas (on va quand même prendre des mots fléchés vu la taille de l'île...)
  • 17h-18h15 : croisière retour
  • 18h15-19h10 (ça monte au retour...) : retour au camion

Grosse journée : surtout quand on sait qu'en plus, on a prévu d'appareiller immédiatement avec Big M. pour la prochaine étape dès le retour au camping...

On a un peu hésité à embarquer les paddles pour pouvoir se déplacer d'îles en îles, mais ça complexifiait notablement la logistique et un ami de Caro lui a certifié qu'« il y a toujours du vent aux Glénan, et des courants ». Bref, on baisse les bras, au prix, en ce qui me concerne, d'un assez gros regret. On ne réserve pas non plus de kayaks, on verra bien. Apprendre à vivre léger, à laisser la place aux possibles... Je me le répète les yeux semi-fermés en respirant du ventre... Je sais que c'est ça la VanLife, que le Dieu des vans m'éprouve et m'observe, mais bordel que c'est dur !

Bon avec tout ça, il est 9h02, c'est PARTI !!




Un promène-couillons, breton ou pas, ça reste un promène-couillons...
Rencontre au large

Alors cette météo ?

Que dire ? Il ne pleut pas. Il ferait parfois presque soleil... puis non. Le ciel est clair, gris clair, en plissant les yeux fin fin j'ai presque l'impression d'y voir un peu de bleu. Ça ne va pas suffire a priori pour que les « Caraïbes bretonnes » se parent de leurs plus beaux turquoises, mais... ça pourrait être pire. C'est les vacances, choisissons donc le verre à moitié plein !

Il est environ 10h, on rentre dans l'archipel, un jeune barbu de l'office du tourisme, souriant et compétent, nous donne quelques indications parsemées d'expressions bretonnes dont, on le sait, le touriste en quête d'aventures celtiques est friand.

Puis après un passage par la magnifique « chambre des Glénan », espace encadré d'îles (Saint-Nicolas, Bananec, Cigogne et Drenec si vous voulez savoir) et naturellement protégé de la houle, eaux claires et peu profondes (et a priori spot de pêche au bar remarquable), on débarque, par son Sud, sur cette fameuse île St-Nicolas, somme toute très petite (1 km dans sa plus grande longueur, et pas très large...). On se dit qu'on va devoir marcher très très doucement pour ne pas passer 12 fois au même endroit pendant les quelque 5h que nous y passerons...

Dans la chambre...
Dans la place !

On s'attaque tranquillement au tour de l'île, en profitant de la marée basse, pourvoyeuse d'un bonus notable à la balade : Bananec l'île voisine est accessible à pied par un cordon de sable découvert, le « tombolo des Glénan ». Bonne nouvelle ! On part donc plein Est !

En routec vers Bananec !
Tombolo vu depuis St-Nicolas
Puis vu de Bananec 9 minutes après : qui a dit que le temps breton était changeant ??
Vu au grand angle depuis St-Nicolas, encore 30' après
Bon, Nord de l'île, on va pique-niquer là ! :-)
Au grand-angle...

Après le bain vivifiant, petit picnic et finalement, ça passe vite, c'est quasiment l'heure de la croisière commentée. Let's go to le promène-couillons, on veut TOUT savoir sur les goélands, les narcisses et autres trucs en « ec » !

Je plaisante, et ça n'est pas sympa, car le tour s'est avéré TRÈS sympa et super intéressant.

Allez, on se le refait ensemble !

1ère île : total Caraïbes...
L'île de Penfret. La base principale de l'école des Glénans. Y en a du cata...
Île du Loc'h

L'île du Loc'h et ses sombres secrets...

Plusieurs infos importantes :

  • c'est la plus grande île de l'archipel
  • on y trouve un étang d'eau saumâtre, d'où son nom
  • c'est la seule île privée de l'archipel, d'où la barrière qui la ceinture. Les plages situées sur le domaine public maritime sont toutefois accessibles,
  • et elle appartient à... Vincent Bolloré. Mais oui, mais oui... Même en vacances à 15km au large, il vient encore nous les briser :-(
  • il y a un gardien, qui est désormais la seule personne à vivre à l'année sur l'archipel
  • la page Wikipedia de l'île nous dit que « En 2024, La Lettre révèle que Vincent Bolloré emploie le militant néonazi Marc de Cacqueray-Valménier dans son équipe de gardiennage de l'île ». Suivez le lien si vous avez 2', le mec est assez gratiné...

Bref, on préfèrera finalement les autres îles...

Autres glénaneries en vrac

On a appris plein de choses pendant cette petite croisière, grâce à notre animateur barbu, par ailleurs rouquin, très sympa et disponible. Petite sélection :

  • en breton, un mot qui finit par « ec » veut dire que la chose désignée par le mot est recouverte de ce qui prédède le « ec ». Exemple : l'île Drenec où Dren vient du breton Drein signifiant « buisson d'épines ». On comprend donc que cette île devait  être originellement recouverte de ronces.
  •         après ça, c'est facile de parler breton : t'as glissé dans la rue à Paris, c'est sûr, ta chaussure doit être merdec. La tronche de ton fils de 13 ans, elle complètement boutonnec. La peau d'un chanteur de métal, souvent tatouec. Etc., vous avez compris.
  •         « Et l'île Bananec, alors, c'était bananiers à gogo et paillotes à rhum ?? » me direz-vous... Et bien non, en fait le nom historique est Balanec, c'est-à-dire couvert de... genêts. Puis quand le breton a été interdit (oui, j'ai la réponse : en 1902), beaucoup de mots ont changé et de cette loterie linguistico-historique est sorti Bananec, qui ne veut rien dire. Oui, bien sûr que c'est décevant...
  • plus personne donc, à part le gardien chez Bolloré, n'habite ici. Mais il y a cependant quelques logements sur Saint-Nicolas, qui appartiennent encore aux propriétaires historiques (12 en tout pour autant de biens). Ils viennent y passer quelques vacances. Les logements sont mitoyens, identiques (de l'extérieur) et ne semblent pas très spacieux. L'un deux, barbu dixit, est néanmoins en vente pour... 2M€ !! Quand on vous dit que c'est les Caraïbes ici...
  • des hébergements sont néanmoins accessibles à la location sur St-Nicolas. 2 choix : le relai de la NEF (association Nautique en Finistère) ou le Relais Sextant. Dans les 2 cas, c'est assez spartiate et nécessite une certaine logistique.
  •         Le Sextant, par exemple, dans lequel on peut séjourner 3 nuits max et qui n'a AUCUNE dispo jusqu'en avril 2025 (les dates suivantes ne sont pas encore réservables), nous explique que : « Il faut tout emporter pour le coucher (duvet, oreiller) et pour les repas (vivres, eau pour boire et cuisiner) .Comme en refuge, il faut dormir à plusieurs, faire la cuisine, partager les réchauds, les barbecues, la vaisselle, ne pas gaspiller l'eau, trier les déchets... Pour quelques jours, ces contraintes participent au charme du séjour. ». Ça, c'est l'esprit Glénan... Pas de superflu. 10 jours, 1 slip. Tu le laves à l'eau de mer et tu le remets humide et rêche le matin.
  • Il y a 2 restaurants sur les Glénan, tous 2 à Saint-Nicolas, tous 2 juste devant le débarcadère. La Boucane et Le Vivier des Glénan : réservation ULTRA ULTRA conseillé, si possible bien avant la veille...
  • L'école de voile des Glénans a été fondée en 1947 par 2 anciens résistants, Hélène et Philippe Viannay.  L'idée initiale était de permettre aux anciens résistants de réapprendre la vie civile... La marque « Les Glénans » avec le « s » pour marquer la différence avec l'archipel est déposée en 1957. Première école de voile d'Europe, plusieurs centaines de milliers (!!) de stagiaires formés depuis la création de l'école, le tout largement fondé sur un modèle historique autour du bénévolat; qui perdure aujourd'hui (860 moniteurs, 800 bénévoles). Un MO-NU-MENT... Plein d'autres infos sympa pour les fans sur la page Wikipedia.

Et voilà, c'est déjà la fin. On est un peu larmec... Mais ça n'est qu'un au-revoir, c'est sûr !

Après la croisière, il fait un peu frais, on est un peu claqués, on s'attable à La Boucane pour un combo café mots fléchés du meilleur aloi. On y attendra tranquillement, sous un soleil timide et sans jamais ouvrir le blouson, l'heure du départ.

Bon, les Glénan, c'était top, c'était beau et on y reviendra. Et pourquoi pas pour un trip kite entre potes au Sextant comme celui de l'AKIF (Association Kitesurf Île de France) ? Ça donne envie, ça serait la même la kiffance (ou plutôt l'AKIFfance, je viens de pleinement comprendre leur choix de BO !). Si des parisiens l'ont fait, on doit bien pouvoir y arriver... ;-)

On the road again

Dès l'arrivée au camping, on a plié en 10' chrono et on a tracé comme prévu vers notre nouvelle étape. Mais où est-ce donc que Big M. nous a amenés cette fois-ci ???

Indices :

  • On change d'univers, terminé les îles au large, on rentre bien dans les terres.
  • Et pourtant il y a la mer...
  • Et aussi une des maisons les plus photographiées de Bretagne, aux volets bleus.
  • En paddle ou en kayak, il paraît qu'on peut avancer sur des kms puis revenir sans quasiment jamais ramer...
  • Oui, ça existe vraiment...

À suivre !

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