C'est ainsi que nous sommes partis plein Ouest, en quête de plage immenses, de vent et de galettes. Et aussi peut-être bien de vieux souvenirs enamourés...
Quand je dis hyper-touristique, je ne marseille pas un brin, on a tous les indicateurs :
Le tout agrémenté de dizaines de magasins, dans des petites rues adjacentes. Il y a du monde, c'est sûr, mais le parcours est assez agréable pour les touristes (que nous sommes aussi, ne l'oublions pas. Souvent le touriste est schizophrénique, déclarant qu'il y a trop de touristes là où il fait le touriste...).
Les boutiques sympa et les sans contact s'enchaînent sans y penser, d'une moutarde locale au paquet de 500g de caramels mous du coin en passant par la casquette velours marque 100% Roscoff engagée à démarche soutenable (on joue le jeu, on gobe tout, c'est les vacances). Plus surprenant, car ça n'est pas le cœur de cible auquel on s'attendait sur une pointe rocheuse du Finistère, un luminaire que Caro a adoré. Artisanat local, sans nul doute...
On continue, et tel Ulysse, mais surtout refroidis par la foule ultra-dense qui se les arrachent, nous ne succomberons pas aux kouignettes. Il s'agit d'une magie druidique permettant de faire tenir dans un mini-gâteau plus de beurre que le volume équivalent de beurre. Mystique. ET trop trop bon !! Maison Georges Larnicoln un must.
C'est alors que soudain, elle apparaît, mystérieuse, magistrale et porteuse de tant de promesses...
Le célébrissime film de Bertolucci, Le Dernier Tango à Paris, devait initialement se tourner à Roscoff (et s'intituler logiquement « Le Dernier Tango à Roscoff », titre éminemment plus poétique et porteur de mystères).
Mais, las, Marlon Brando a refusé au motif que le beurre y était salé, arguant un risque professionnel.
Bertolucci, très dépendant de Brando pour l'équilibre financier du film, a cédé au caprice de sa star et s'est donc rabattu sur Paris et son beurre doux.
Je ne connaissais pas ce mot. En voici la définition WiKipedia : « Dans le domaine du génie civil, une estacade ou jetée à claire-voie est un ouvrage assimilé aux ponts ou aux viaducs dont la caractéristique principale est d'être long et relativement bas ».
Ça cadre parfaitement avec l'ouvrage qui saisit immédiatement le regard dès qu'on sort des ruelles vers le port de Roscoff. 590m de long, 2,5m de large, je dirais maximum 10-12m de haut, c'est effectivement bien une impression de « long et bas » qui s'en dégage...
Car oui, c'est bien la question immédiate qu'on se pose quand on voit ce pont si long qui aboutit... en pleine mer !
Après une enquête rapide auprès de quelques roscoffiens, il s'agit tout simplement... de la solution incontournable pour pouvoir embarquer vers la toute proche île de Batz AUSSI à marée basse !
Avec un marnage qui peut atteindre ici 10,4m (!!), ce sont des km2 de vase et de rochers qui se font jour à marée basse, empêchant toute navigation depuis le port.
Mais pas depuis l'estacade, qui se termine par une cale d'accostage de 20m.
Malin, le roscoffien !
Bon allez, fini Roscoff, on trace vers notre promesse de plage.
Parcours sans encombre, camping sympa, très gros emplacements, on en prend un dans la zone appelée forêt. Le meilleur de tout le voyage, avec la dalle béton bien à plat, de l'ombre, des arbres, de l'herbe et plein de place.
Il est 18h30, on est installés, allons découvrir cette plage qu'on fantasme depuis ce matin.
On marche un peu pour passer la dune et...
On l'a dit, Keremma est un des hauts-lieux du kite breton. C'est justifié. Eau plate à perte de vue (bon elle est très très loin à marée basse), clapot cassé par des ilôts, entre lesquels on peut naviguer à marée haute, beaucoup d'orientations de vent possibles. Ça fait rêver. Demain il y a du vent, j'ai ma combi, mon harnais mes chaussons et pour ne pas plomber le coffrre de Big M., je m'étais dit que je louerais aile et planche sur place si besoin.
MAUVAIS PLAN : on ne peut pas louer à la demande, le jour J. Les écoles donnent des cours à plein et sont itinérantes, il n'y pas des structures en bord de plage où on pourrait louer. Tant pis pour moi, on fera autre chose.
Coup d’œil sur la gauche. Il reste UN kiter. Il est à 200m, voile posée, il replie. Je décide d'aller le voir, pour lui poser quelques questions, qu'il me partage un peu le plaisir qu'il a eu à naviguer, qu'il me donne quelques bonnes infos, si jamais je reviens un jour.
Je m'approche. À 50m, étonné, je plisse les yeux pour mieux voir. Il me semble reconnaître cette silhouette. C'est impossible. Je m'approche encore, il est de dos, mais seuls Teddy Riner, quelques personnages de Marvel et les ennemis de Goldorak ont cette carrure, mis à part celui auquel je pense. Mais c'est impossible !
Je m'approche encore. Bordel, impossible n'est pas finistérien, c'est bien lui, Renaud le grenoblois la semaine, Renaud de Salin de Giraud le week-end !!!
Un seul kiter sur des kms, un jour et un horaire totalement aléatoire, 1000 bornes de la maison et on se rencontre. Un scénariste sérieux s'interdirait la scène. Et pourtant...
On décide évidemment de passer la soirée ensemble. Ils déroutent leur plan (partir aussi sec sur le spot d'après) et restent une nuit dans le camping avec nous, l'emplacement voisin est libre.
Super soirée, quelques pâtes, on discute paisible, mais l'humidité (et le froid) s'installent, même sous l'auvent. Doudoune pour nous, vareuse bretonne seyantes et colorées pour eux. Je vois du coin de l'œil leur tente « Two seconds », qui NE PEUT PAS CONTENIR Renaud, l'herbe humide et le froid et soudain une vague d'amour pour Big M. m'envahit... Ils dormiront tout habillés, vareuses comprises, mais seront vivants pour le petit déj. et, bien que très humides et un peu enrhumés, ils prendront la route comme prévu pour les dunes de Sainte-Marguerite, un peu plus à l'Ouest, pour un 3e jour de kite consécutif. Chapeau les amis et à bientôt !
C'est notre programme de la journée, explorer un peu cette magnifique plage géante. On part pour le bout Est de la plage, qui correspond à peu près au camping Ode Vras. En un mot, c'est grand, c'est beau, c'est sauvage, y a personne et la fuckin' bruine magique ne vas pas tarder...
Demain, on the road again. Mais où va-t-on donc ?
Indices :
Facile, non ?
À suivre !