Fact checking : est-ce que le fameux granit est bien rose ?
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Fact checking : est-ce que le fameux granit est bien rose ?
Publiée le 27/08/2024
On décide pour que pour cette enquête cruciale, 3 jours seront nécessaires. Et en plein cœur du site. Et avec plusieurs modes de déplacement. On ne laissera rien au hasard.
Cette fois on va habiter en bord de mer !!
On laisse donc Gausson, son calme et ses meules pour le Sain-Trop de la Bretagne, qui ne s'appelle pas, contre toute attente, Plou-Tropec, mais bien Perros-Guirec.
Lonely planet est en fou également, je cite ce passage où, sans doute désinhibé par le spectacle, un rédacteur dégaine force superlatifs, faisant fi pour quelques lignes de l'habituel style tout en retenue et dignité (sont-ils calvinistes ?) qui caractérise la marque :
Running along the coast from Penvern to Trégastel and Ploumanach lies
one of Brittany's natural wonders: a delightful and breezy coastline of
pink-, salmon- and russet-coloured granite known as the Côte de Granit
Rose. Plan time to walk among the marvellously shaped and hued natural
boulders and the sepia and coral-coloured beaches.
C'est sûr que ça donne quand même envie. Et puis, j'ai un peu l'habitude, en bon chauvin, de dire que « la Bretagne, oui c'est beau, mais ça vaut pas 20 mètres de Corse ». Alors, voyons voir si ce site emblématique est à la hauteur, car du granit bien bien rose, y en a quand même aussi du très beau à Piana...
Élément important : sur une destination si encensée, on se doute qu'on n'aura pas une place pour Gros Machin juste au début du chemin rose.
On va néanmoins éviter le camp de base style Gausson à 50km dans les meules. On vise donc Louannec et son camping au bord de l'eau, agréable et calme selon notre nouvel ami VanLife park4night, avec un accès cyclable rapide à Perros-Guirec.
C'est parti !
On n'est plus à un Plou près...
On profite du voyage pour faire un stop à Plougrescant, célèbre pour son gouffre, qui nous intrigue...
Mis à part ça, le « gouffre », immense faille rocheuse dans laquelle s'amplifient et se fracassent les vagues lors des tempêtes, ne fonctionnait pas lors de notre journée calme. Les jours J, ça donne ça...
Allez, on repart pour notre cible du jour, ce fameux camping Ernest Renan (une sorte de Frédéric Mistral breton) à Louannec...
On décide de commencer par découvrir la côte à pied en arpentant le sentier des douaniers qui longe la côte de granit rose. On décide de le faire dans le sens anti-horaire, du port de Ploumanac'h (bourg de la commune de Perros) à la plage de Trestraou, Malins, inspirés et surtout bien prévenus de l'enfer automobile permanent dans Perros, on laisse Gros Machin et on part légers, à vélo,
Le véritable défi n'est pas sportif, mais bien mental. Il s'agit de ne pas s'arrêter à chaque biscuiterie/magasin de souvenirs (2 au km) en achetant des caramels et un kg de galettes au beurre extraordinaires et immédiatement ingérées. Pas facile.
Fausse bonne idée : acheter à la place un pull rayé (ÉNORME choix, tissu, couleur du fond et des rayures MAIS attention, pas de sacrilège : les rayures bretonnes ne sont JAMAIS verticales) dans le même magasin pour satisfaire la frénésie d'achat sans nourrir la bouée.
Problème : d'une les rayures horizontales, ça souligne pas mal la bouée (« c'est un peu marqué en M, essayez L », me dira poliment une vendeuse qui sait que le vrai mot, soit horriblement boudiné, risquerait de lui faire rater l'affaire) et de deux, une fois qu'on a le pull, on finit par prendre quand même quelques galettes parce que quand même, on est Bretagne, c'est l'occasion, c'est les vacances, etc. etc., autant d'arguments qui aboutissent toujours à la même conclusion : percer d'urgence un nouveau trou dans la ceinture. Moralité : toujours prévoir un poinçon dans son sac en Bretagne.
SPOIL permis par la rédaction différée : on repartira avec 4 pulls à rayure pour souligner 2 énormes bouées, le tout agrémenté de 5 bons kg de biscuits de tous les Plou et les Ec possibles :-(
Pourquoi les toits bretons sont gris et pentus ? Pourquoi pas de belles tuiles provençales ?
Une rapide recherche nous dit que :
Principalement utilisée sur les toitures à forte pente, l'ardoise
trouve en Bretagne une utilisation motivée par la proximité des sources
minières (Bretagne, Anjou),mais aussi parce qu'elle fait partie
intégrante du paysage des maisons de l'Ouest, comme le sont les tuiles en terre cuite dans le sud de la France.
Et aussi que
Les toits en pente sont conçus pour résister à la neige, à la glace, à l’eau et au vent. En forme de triangle, ils sont stables, plus solides et assurent un drainage parfait de l’eau. Certaines tuiles, comme l’ardoise naturelle, sont extrêmement résistantes, imperméables et ignifuges.
On comprend mieux : la matériau se trouve facilement sur place et c'est vrai qu'il y en a un peu plus qu'en Provence de l'eau à drainer...
Bon, on arrête le suspense avant les photos : cet endroit est juste EXTRAORDINAIRE.
Les guides n'exagèrent pas, l'abondance de touristes se supporte au vu de ce qu'on découvre à chaque tournant du sentier, chaque pointe de côte. Je reprends le terme officiel : un joyau...
Et encore, on n'a pas eu le plein soleil, malheureusement, les couleurs sont donc plus ternes. Mais qui sait, on prendra peut-être bientôt notre revanche, et peut-être dans pas trop longtemps (SPOIL ?? :-) )...
Bon, on se couche. Demain il y aurait grand soleil paraît-t-il... Et si on avait la chance de découvrir le joyau depuis la mer, avec nos paddles...
Réveil. Miracle. Planification.
Le ciel est bleu ! Tout bleu ! Vent faible. On va vraiment pouvoir le faire. La côte de granit rose en paddle, au plus près des ilôts, dans les rochers roses, sur l'eau bleue ou verte. On est surexcités !!!
Mais il faut pondérer, canaliser toute cette énergie. Car des obstacles se dressent devant nous :
on veut partir comme hier du port de Ploumanac'h. On l'a vu, c'est très beau. ET surtout, c'est enchassé dans une baie qui nous protège des aléas océaniques, que le Marseillais a souvent tendance à minimiser, s'apercevant qu'il a eu tort juste avant qu'il ne voit plus la côte, son matelas pneumatique voguant tranquillement avec lui vers New-York. Pas sûr qu'il voit la statue de la Liberté...
on ne peut pas porter les paddles à vélo, il y a 7km, les vélos ont des freins qui sont déjà limites pour nos et nos bouées, on ne va pas pouvoir y ajouter un sac énorme de 12kg avec la pompe, la combi, les chaussons, la rame, le chapeau, etc. Plus le pique-nique...
il faut donc réveille Gros Machin, ce qui est doublement problématique.
Le trafic est infernal en voiture, ça sera pire avec notre vaisseau de 6x2,70m.
Le port est interdit aux camping-cars pour stationnement.
Bon, on élabore donc le plan suivant :
on brave l'interdiction, on se gare à la marseillaise et on met le warning le temps de décharger, de gonfler et de rembarquer tout ce qui ne servira pas sur l'eau
je pars garer Big Machin (bien) plus loin
Je décroche le vélo et je reviens au port
J'attache le vélo, les birkenstock et le tee-shirt à un poteau
On se la régale dans les ilôts roses
On revient et on redéroule tout dans le sens inverse : cherche le camion, gare en vrac, charge, part comme un voleur à fond de 1re...
On se regarde. Ça tient la route. On synchronise nos montres, on met nos cagoules, une dernière accolade et c'est parti pour l'action !
