Hodiaŭ matene ni forlasis senhaste la domon de Franziska, en kiu ni tranoktis. Ni havas nur ĉirkaŭ tridek kilometrojn por iri. Forlasinte Tumba, ni atingas loĝlokojn sufiĉe rapide kaj, dum almenaŭ dek kilometroj, ni biciklas de konstruaĵo al konstruaĵo sur malgrandajn vojetojn en la parkoj kiuj ĉirkaŭas ilin. Estas multaj promenantoj, multajn paĉjoj ebprobable le pli ol da patrinoj promenas bebojn en bebveturiloj, infanoj ludas aŭ naĝas en la basenoj. Denove ni admiras la kvaliton de la kolektivaj instalaĵoj destinitaj al ili, multnombraj kaj diversaj. Ni rimarkas ankaŭ, ke ĉiuj ĉi loĝejoj estas ekipitaj per pikniktabloj kaj terasoj, foje kovritaj, kaj ofte per kradrostoj, kio ebligas al la loĝantoj ĝui la verdajn spacojn ekde la unuaj radioj de printempa sunbrilo kaj tiel longe kiel la vetero permesas, sed la Svedoj ne hezitas trinki kafon ekstere en la malvarmo, ŝirmita de lana kovrilo, sufiĉas ke la ĉielo estas klara.
Dum ni foriras, ni rememoras pri Olof Palme, la eksa sveda ĉefministro kiu batalis kontraŭ la Vjetnama Milito, rasapartismo kaj la proliferado de nukleaj armiloj. Li estis murdita nur kelkajn metroj de ĉi-tie en 1986.
Ĉi-ĵaŭdon ni vizitas... metrostaciojn. Proksimume 150 artistoj partoprenis en projekto lanĉita en la 1950-aj jaroj por ornami ilin. 90 el la 100 stacioj de la urbo konsistigas la "plej longan artgalerion de la mondo.". Ĉiu stacio estas ornamita laŭ sia propra temo, kun skulptaĵoj, buntaj muroj, mozaikaj kaheloj kaj falsaj rokkeleroj. Ni nur vizitis tri el ili, la aliaj restas vizitendaj.Ni elektis ĉi-foje tradician restoracion, ni ne povus forlasi Svedion sen gustumi la famajn viandbuletojn, por kompari ilin kun tiuj de Ikea.Ni tiam vizitas la reĝan bibliotekon, kiu estas ankaŭ la nacia biblioteko, alireblan al ĉiuj. Multaj junuloj ĉeestas ĉi posttagmeze, por legi aŭ por prunti librojn. Ni vizitas la trezorĉambron kie estas konservita la Biblio de la Diablo, ankaŭ nomita Codex Gigas ĉar ĝi estas... 92 cm longa 50 cm larĝa, kaj 22 cm dika.Laŭ la legendo, la libro estis skribita kaj ilustrita dum la 12-a jarcento fare de monaĥo. Malobeinte siajn monaĥajn promesojn li estis kondamnita al enmurigo ĝis morto. Por eviti ĉi tiun teruran punon, li promesis skribi ĝin en ununura nokto. Tamen, vidante, ke li ne povas plenumi sian promeson, li petis helpon de la diablo kontraŭ sia animo. Ĉi tiu finis verki la manuskripton kaj la monaĥo aldonis la portreton de la diablo, kiel signon de rekono.Poste ni revenas hejmen: estas sakoj por prepari por morgaŭ...
Nous quittons ce matin sans précipitation la maison de Franziska où nous avons passé la nuit. C’est que nous n’avons qu’une trentaine de kilomètres à parcourir. Après avoir quitté Tumba, nous atteignons assez rapidement des zones résidentielles et, pendant une dizaine de kilomètres au moins, nous passons d’immeuble en immeuble en suivant de petits chemins dans les parcs qui les entourent. Les promeneurs sont nombreux, les papas promènent les bébés en poussettes, aussi nombreux que les mamans, sinon plus, les enfants jouent ou se baignent dans les bassins. Une fois encore, nous admirons la qualité des équipements collectifs qui leurs sont destinés, nombreux et variés. Nous notons aussi que toutes ces résidences sont équipées de tables de pique-nique et de terrasses, couvertes parfois, de barbecues souvent, ce qui permet aux habitants de profiter des espaces verts dès les premiers rayons de soleil du printemps et tant que le temps le permet, mais un Suédois n’hésite pas à prendre un café dehors par grand froid, à l’abri d’une couverture, pourvu que le ciel soit clair.
La suite est moins intéressante, on entre en zone périurbaine. Le trafic automobile est plus intense. Après plusieurs semaines de vélo, le bruit incessant des voitures nous parait infernal.
Nous parvenons à Stockholm. Le GPS affiche 59°18.9240 degrés de latitude. Jamais de notre vie, nous n’étions montés aussi haut, 10 degrés plus au nord que Giberville. Ce n’est pas encore le Pôle Nord mais c’est déjà notre Pôle Nord, notre Septentrion, notre extrême boréal… Bien sûr un simple coup d’œil à une mappemonde dévoilera notre immodestie qui doit bien faire rire l’ami Claude, lui qui habite à Tromsø, mais qu’importe, nous avons repoussé les limites de notre monde et c’est bien. Nous en sommes contents.Nous nous arrêtons sur l’île de Södermalm dans le très beau parc Tanto, entouré de jardins ouvriers et familiaux. Une foule ici pique-nique, court, joue – le mini-golf a beaucoup de succès - se baigne. Kristina, 80 ans, elle, repeint en rouge de Falun la barrière de son jardin. Elle nous explique dans un français maitrisé embelli d’un accent indéfinissable qui lui donne une couleur suave, qu’il faut attendre quinze à vingt ans avant d’en obtenir un. Alors, elle y tient à son petit paradis.
Nous suivons ensuite la route qui borde l’eau en direction de Nacka où nous logeons. Les derniers kilomètres sont éprouvants. Les côtes se succèdent. Nous n’imaginions pas Stockholm ainsi, partiellement bâtie sur la roche, aux rues si pentues. À un moment, notre itinéraire prétend nous faire monter de longs escaliers… Il va falloir retirer les sacoches et porter vélos et équipement. Heureusement, des passants compatissants nous indiquent l’ascenseur qui nous évite cette épreuve supplémentaire.La dernière côte, à 9% est épuisante. Mais nous voici arrivés, fourbus mais contents.Nous prenons le bus ce mercredi pour Gamla Stan, la veille ville de Stockholm, son cœur historique. La ville de Stockholm est construite sur dix-sept îles, la vielle ville l’est sur trois d’entre elles Stadsholmen, Riddarholmen et Helgeandsholmen. Nous déambulons au hasard des rues pavées dans la ville médiévale. Les touristes sont nombreux, les magasins de souvenirs et les restaurants déjà bondés. Nous nous rappelons que quand nous étions déjà venus ici au mois de février (c’était il y a plus de quinze ans mais pas à vélo), les rues étaient désertes ou presque.Nous croisons beaucoup de bâtiments célèbres le musée Nobel sur Stortorget, l'église de Riddarholmen, l'église allemande et le palais royal, un bâtiment à l’aspect austère.Sans l’avoir prévu, nous arrivons au moment de la relève de la garde. Nous assistons au début de la cérémonie, somme toute assez convenue, à ceci près qu’elle dure près de trois quarts d’heure. Nous nous éclipsons avant la fin. Nous avons mieux à faire : nous avons réservé une table chez Hermans un restaurant végétarien all-you-can-eat à une demi-heure de marche. Nous ne l’avions pas prévu mais nous reconnaissons le lieu pour être celui où nous avons déjà mangé, lors de notre précédent séjour. C’était succulent, ça l’est toujours !Parmi les différents musées de la ville, nous avons décidé d’en visiter un, plutôt original, le Musée du Paradoxe. Le temps de nous y rendre, nous essuyons une grosse averse. C’est toujours un peu le même scénario : un grand soleil, des nuages qui s’amoncellent an quelques minutes à peine et une bonne pluie qui, finie, laisse à nouveau la place au beau temps.Au musée, nous sommes confrontés à des illusions d’optique et à des situations qui leurrent nos perceptions et nous déroutent un peu les neurones. C’est inattendu, souvent drôle, parfois franchement étrange. Un bon moment.En sortant, nous avons une pensée pour Olof Palme, l’ancien premier ministre suédois qui prit position contre la guerre du Viêt Nam, l'apartheid et la prolifération des armes nucléaires, mort assassiné à deux pas d’ici en 1986.Ce jeudi, nous visitons… des stations de métro. Environ 150 artistes ont participé à un projet lancé dans les années 50, pour les décorer. 90 des 100 stations de la ville constituent la « plus longue galerie d'art du monde », chaque station étant décorée selon son propre thème, avec des sculptures, des motifs, des murs colorés, des carreaux de mosaïque et des fausses formations rocheuses. Nous en visitons trois, il reste à faire.Le restaurant cette fois est traditionnel, on ne pouvait quand même pas quitter la Suède sans goûter aux fameuses boulettes, ne fût-ce que pour les comparer à celles d’Ikéa.Nous visitons ensuite la bibliothèque royale, qui est aussi la bibliothèque nationale, ouverte à tous. De nombreux jeunes y viennent cet après-midi, pour y lire ou pour emprunter des livres. Nous visitons la salle du trésor où est entreposée la Bible du Diable, également appelée Codex Gigas qui mesure… 92 cm de haut sur 50 cm de large, et 22 cm d'épaisseur.D’apr̀ès la légende, le livre ait été écrit et illustré par un moine au XIIème,siècle. Ayant rompu ses vœux monastiques il avait été condamné à être emmuré vivant. Pour échapper à cette punition terrible, il aurait promis de l’écrire en une seule nuit. Cependant, voyant qu’il ne pourrait pas tenir son engagement, il demanda l’aide du diable en échange de son âme. Celui-ci finit d’écrire le manuscrit et le moine ajouta le portrait du diable, en signe de reconnaissance.Puis nous rentrons, c’est qu’il y a les sacoches à préparer pour demain…