Pour celui qui aime se lever tôt, charger et décharger 50 kg d'affaires plusieurs fois par jour, et évoluer dans la boue, ce voyage en itinérance est parfait !
C'est le matin du départ, il ne pleut plus et nous prenons la route tous les 5. Le test du bat de la veille ne s'avère pas si concluant, et notre départ est un peu retardé par la recherche d'une solution moins bringuebalante et plus commode pour Limon. Il faut dire que nous espérions trouver sur place des sacoches de bat, or il n'en est rien. Facu nous a fait fabriquer un bat, mais nous devons nous débrouiller pour y attacher nos sacs de manouche. Avec l'aide de Josue, nous optons le jour du départ pour un nouveau montage et croisons les doigts pour ne pas avoir à le refaire en route.
Apres les derniers aurevoirs a la petite famille Ruiz, nous partons. Barbara ouvre la route avec Casi Loco qui semble être le plus expérimenté. Dans leur trace, Alexandre sur Pandora, un peu agitée, et Limon tenu en laisse... euh en longe pardon ! Après une brève portion de route, commencent les chemins en terre moins stressants. C'est pour nous la journée "crash test", la toute première de notre voyage, où nous experimentons enfin toute la théorie accumulée jusqu'alors et l'ensemble de notre matériel. 2 km seulement après le départ, un troupeau de 6 chevaux s'échappe de son enclos et se met à nos trousses pour nous rattraper et se joindre à notre jouyeuse équipe sur près d'1 km. Sachant qu'un cheval seul de 500kg bien dressé c'est déjà vite impressionnant, imaginez vous au beau milieu de 4 tonnes d'énergie non contrôlable. Inutile de préciser qu'il n'y a pas de photo de cette anecdote puisque nous étions relativement stressés de devoir contrôler nos 3 compagnons au milieu de leurs semblables. Finalement, aucun ne prit la mouche ni ne voulut partir au galop avec les 6 autres sauvageons. Nous sommes hyper satisfaits de confirmer que nos chevaux sont plutôt calmes. Idem avec tous les chiens errants qui nous aboient régulièrement sur les chemins. Partis plus tard que prévu, nous ne prenons pas le temps de manger afin d'arriver avant la nuit pour installer le campement.
18km et 5h plus tard nous arrivons sur le Rio Rosario, la rivière que nous attendions comme le Graal. Deception : elle pue, l'eau est probablement troublée par les produits phytosanitaires des exploitation agricoles et de l'élevage porcin croisé plus haut. Heureusement qu'une gentille dame a accepté de faire boire les chevaux chez elle un peu plus tôt.
Nous cherchons à les faire dormir dans un jardin pour la première nuit, afin d'éviter les tracas. Malheureusement, on nous refuse le gîte, car les logements sont ceux des employés des exploitations agricoles alentours, et ils ne souhaitent pas prendre de responsabilité sans l'accord de leur patron. Nous sommes dans les temps, mais nous préférons éviter de marcher encore plusieurs kilomètres sans certitude de trouver mieux... nous nous rabattons donc sur une friche ouverte éloignée de la route. L'endroit n'est pas idéal, car à proximité se trouvent des lagunes qui dégagent une forte odeur de methane, et les arbres auxquels nous pouvons attacher les chevaux se cachent derrière des buissons épineux. Avec une longueur de corde suffisante, les chevaux ont quand même accès à l'herbe. Nous ne tergiversons pas et choisissons ce lieu, certes pas idéal, mais pas si terrible, pour passer notre première nuit dehors. Barbara pose la tente et panse les chevaux tandis qu'Alexandre allume un feu. Nous mangeons des pâtes trop cuites et des pancakes cramés. Écroulés de fatigue dans nos duvets douillets, mais ne dormons cependant que d'un œil, inquiets de la première nuit dehors de nos chevaux. A raison puisque vers 4h du matin, Limon fait des allers retours en courant le long de sa corde de 5m. Il tape des pieds, rue, souffle. Nous nous levons en panique pour le rassurer. Un animal sauvage est passé dans les fourrés et lui a fichu la frousse. Le cheval est un animal de proie. Sa seule défense face au danger, c'est la fuite.
De nouveau sous la tente, c'est à 6h du matin que nous accourons couteau en main pour trancher d'urgence la corde de Pandora disparue littéralement dans un buisson. La corde, en s'emmêlent autour de ses postérieurs l'a faite paniquer. Malheureusement, nous remarquons avec désarroi que dans l'agitation elle s'est fait mal au postérieur gauche. Ca commence mal... Nous voilà inquiets, dans la nuit et le froid au milieu des moustiques, la frontale dans une main et la longe de Pandora et Limon dans l'autre, à nous demander ce que nous allons faire. Heureusement Loquito ne bronche pas et se comporte de manière exemplaire n'ajoutant pas au stress de ses deux acolytes. N'ayant pas de jet d'eau froide sous la main, nous passons à Pandora de la pommade anti-inflammatoire, et faisons brouter les deux boules de nerfs au calme en attendant le lever du jour. Il nous faut trouver un endroit plus tranquille pour mettre au repos Pandora qui pose à peine le pied au sol, préférentiellement une pâture clôturée pour éviter de devoir la mettre de nouveau à l'attache. Alex parcourt les alentours sans succès, le coin est peuplé de fermes agroindustrielles. Nous n'avons donc d'autre choix que de lever le camp, d'harnacher les trois chevaux, de traverser le fleuve et de poursuivre notre chemin à la recherche d'un pré clôturé.