Le jour ne se levant vraiment que vers 8h, est dans la pénombre que nous levons le camp pour démarrer une longue étape vers Ampascachi, à 4 chevaux. Délestés de la tâche de nous orienter, dans le sillage de Nelson, nous laissons vagabonder l'esprit à la vue des paysages bohèmes que nous parcourons. Des collines verdoyantes, aux ruisseaux tortueux de la quebrada d'Ampascachi, en passant par les parterres tapissés de fleurs de l'ancienne route, aujourd'hui abandonnée, nous nous régalons de la variété des décors et des effluves de parfums floraux qui émanent de tous les côtés. Nous ne regrettons pas d'avoir préféré ce chemin joliment ensauvagé à la route. Le petit cheval de Nelson, coutumier des longues marches et des travaux aux champs, met notre troupe au diapason et, tel un métronome, leur donne la cadence pendant près de sept heures. Nous arrivons, tous les cinq un peu fatigués par ce rythme soutenu, en milieu d'après midi à Ampascachi, où nous avons établi un contact, par l'intermédiaire de Luis. La localité est en réalité une exploitation agricole que nous traversons pendant toute la dernière heure de notre trajet ! Avec ses 22.000 hectares, il s'agit, ici, d'une exploitation de taille moyenne. A titre de comparaison, la taille moyenne en France est d'environ 40 hectares. Il ne faut pas oublier que l'Argentine est un géant agricole reconnu pour sa viande bovine, son soja et ses céréales. Dans le Valle de Lerma, où nous nous trouvons, prime la culture du tabac, mais Ampascachi concentre sa production sur son cheptel de 2500 vaches. Ces fermes sont des villages à part entière, qui possèdent souvent une chapelle et parfois une école. Celle ci est organisée autour d'une petite place où nous faisons notre halte définitive et déchargeons nos montures un peu éreintées. Un paradis pour les trois compères qui vont pouvoir se goinfrer pendant leurs quatre jours de repos. Après une première nuit dans la pâture la plus proche, Horacio, le responsable du bétail nous propose de mettre les chevaux dans le pré voisin, rempli de luzerne fraîche. C'est d'une façon qui nous est peu coutumière qu'ils sont déplacés. Après s'être approché du trio insouciant à cheval, le chef gaucho lâche à leurs trousses une meute d'une vingtaine de chiens. C'est stupéfaits que nous assistons au spectacle de nos chevaux au galop poursuivis par la meute en direction de la clôture ! Lorsque les surfaces sont immenses, c'est une technique définitivement plus rapide !
La journée dominicale se déroule sous une chaleur de plomb, qui ne nous empêche pas de faire trois heures de marche pour tenter notre chance à la pêche dans la retenue d'eau de la finca, qui, selon les ouvriers, grouille de pejerreys. On revient encore une fois bredouille mais heureux et reconnaissants de cette journée agréable et du bain frais que nous avons pris dans le fleuve Ampascachi. Comme quoi, on peut effectivement vivre d'amour et d'eau fraîche !
Notre mini harde paitra ici jusqu'au mercredi suivant, pendant que nous nous échapperons avec Luis, au cœur de la vallée Calchaquí voisine.