On a fini par s’habituer à trouver du wifi partout, nous étions persuadées que le ferry Esperanza, qui relie Puerto Montt à Puerto Natales en disposerait… Que nenni, il y a bien un réseau, mais il est réservé au personnel navigant. Dommage, nous venons juste d’acheter une carte SIM pour pouvoir téléphoner, mais avec juste un minimum de data Internet...
Lors de l’enregistrement, nous avons été surprises que l’agent d’accueil nous reconnaisse à l’énoncé de mon nom et nous appelle par nos prénoms. C’est sans doute parce que nous sommes passées par lui en Chat, pour pouvoir réserver sur un seul dossier et en payant séparément. Nous sommes donc parties mardi à 15 h 45 et serons sur le bateau jusqu’à vendredi. Nous avions réservé une cabine de 8, mais nous sommes 5 femmes pour une cabine de 6. C’est plus confortable pour partager la salle de bain. Des voyageuses solo, 2 allemandes et 1 espagnole. On communique en espagnol ou en anglais.
Pour réserver sur Navimag : https://www.navimag.com/
On occupe le temps comme on peut et profitons des activités organisées, comme la présentation des paysages qui nous entourent. Demain, nous aurons droit à une visite guidée du bateau. Il y a bien aussi des leçons de yoga, mais pour l’instant, je ne suis pas en forme, ayant choppé un rhume qui me serre la tête. J’ai demandé à l’infirmière de bord si elle avait des tests, pour s’assurer que ce n’est pas le Covid, mais ils n’en ont pas. Elle m’a donné un médicament pour le rhume, même si j’étais déjà équipée. On va voir s’il est plus efficace ! Il y a aussi des livres laissés par les anciens voyageurs, et des jeux de société.
Aurore a fait connaissance de Cécilia, une jeune chilienne qui vit à Puerto Eden, un village que l’on peut atteindre uniquement par voie fluviale. Il n’y a plus maintenant qu’à peine une centaine d’habitants. La population a bien baissé, car ils vivaient de la pêche, mais les eaux ont été contaminées. Nous jouons aux dominos, puis Cecilia nous apprend deux ou trois jeux de cartes, qui demandent plus de concentration. Sinon, notre vie est rythmée par les repas : de 8 à 9 h pour le petit-déjeuner, 12 – 13 h pour le déjeuner, 19 – 20 h pour le dîner. Faire la queue fait passer le temps. Nourriture de cantine, qui refroidit le temps de regagner sa place et de manger la soupe…
Pour l’instant, nous naviguons dans des canaux, mais hier soir, le bateau est passé dans un golfe et nous avons bien été bercées. Sinon, dans les canaux, la navigation est très douce. Ça va changer vers 16 h, quand nous naviguerons dans l’océan et surtout dans le Golfe des Peines, au nom évocateur… Là, mieux vaut anticiper et prendre de la nautamine ou de la cocculine. Bon, nous serons couchées, ce sera plus facile à supporter.
Nous commençons à voir les montagnes enneigées. Le ciel est un peu nuageux, avec de belles éclaircies qui nous permettent de voir au loin.
Pas de surprise, nous avons commencé à tanguer dès que nous sommes sortis en haute mer. Nous avons dîné en installant une feuille antiglissement sous notre plateau. Je suis rentrée aussitôt dans la cabine, me sentant nauséeuse. Plus de problème une fois allongée. La tangage s’est accentué comme prévu dans le Golfe des Peines, la valise d’Aurore et ma polaire se sont retrouvées par terre. Au réveil, un peu avant 7 h, le calme était revenu et mon mal de tête parti, donc tout va bien, sauf que le temps est plus que maussade et que les nuages sont bien bas, pour cette partie du trajet qui devrait être la plus spectaculaire.
À 9 h 30, nous partons pour la visite guidée de la tour de contrôle. Très impressionnants tous ces écrans et instruments ! À ce moment-là, nous passons devant une épave, c’est celle du Capitaine Leonidas, qui s’est échoué sur un rocher en 1968. Tout près de là, mais au fond de l’eau, se trouve l’épave du Cotopaxi, qui avait heurté ce rocher une centaine d’années auparavant, faute de connaître son existence. Il a coulé en 10 minutes, mais les 120 passagers ont pu être sauvés. Ils avaient dû subir une évacuation d’urgence quelques jours avant, à cause d’un incident, et étaient donc parfaitement entraînés ! Le second bateau, le Leonidas, par contre, connaissait l’existence de ce rocher, vers lequel il s’est précipité. Il voulait couler le bateau pour cacher qu’il avait vendu son chargement de sucre en Uruguay. Malheureusement pour lui, il est resté solidement ancré au rocher et y est toujours, servant de repère pour les autres navigants.
Vers midi, nous arrivons à Puerto Eden, où débarquent trois passagers (dont Cécilia) et des marchandises. Le transbordement se fait sur l’eau, à l’aide de barques amarrées à l’arrière du ferry. Cela a l’air un peu périlleux, je me demande comment cela se passe par gros temps…
La dernière partie du voyage passe par des chenaux étroits, qui nous permettent de profiter du paysage tout à côté du bateau. Malheureusement, aujourd'hui, le ciel est très bas, mais cela va s'améliorer au fil de la journée.
Nous arrivons à Puerto Natales à 11 h, mais les manœuvres d'accostage sont assez longues et il nous faut attendre un bon moment devant un hôtel pour qu'on nous apporte nos bagages. Nous filons aussitôt à pied vers notre auberge de jeunesse (si, si !) située à 900 m. L'accueil y est très sympathique, tout comme celui de tous les Chiliens auxquels nous nous sommes adressées pour demander des renseignements. On reconnait bien la gentillesse sud-américaine.