Le mouvement Khmer Rouge a débuté dès 1951 jusqu’à sa prise du pouvoir en 1975 au terme de nombreuses années de guerre civile. Le principal dirigeant était Saloth Sar, plus connu sous le nom de Pol Pot. Les Khmers Rouges ont dirigé le Cambodge, qu’ils ont renommé Kampuchéa Démocratique, de 1975 à 1979. Leur but était de créer une société communiste sans classes. François BIZOT s’est installé au Cambodge dans les années 60. Ethnologue, membre de l’Ecole Française d’Extrême Orient, il étudiait les rites bouddhiques. Il a été arrêté en 1971 et interrogé pendant 3 mois par Kang Kek Leu surnommé Douch qui sera le directeur du camp S21 à Phnom Penh, entre 75 et 79, où ont été torturés et ont péri 17 000 prisonniers. Le Portail est le témoignage de François Bizot, il relate son arrestation, les interrogatoires et aussi sa relation avec Douch avec qui il a créé une « relation de confiance ». Il peut nous paraître ambivalent ou atteint du syndrome de Stockholm car il y décrit un homme idéaliste et… « humain ». Or nous savons aujourd’hui quels crimes horribles a commis Douch. Douch a épargné Bizot. Un livre passionnant dont on ne sort pas indemne et qui permet de découvrir l’idéologie Khmer Rouge.
Le Portail, François BIZOT, publié en 2000 aux Editions de la Table Ronde.
Extrait : « Crois-moi, camarade Bizot, notre peuple à besoin de retrouver des valeurs morales qui correspondent à ses profondes aspirations. La Révolution ne souhaite rien d'autre pour lui qu'un bonheur simple : celui du paysan qui se nourrit du fruit de son travail, sans avoir besoin des produits occidentaux qui en ont fait un consommateur dépendant. Nous pouvons nous débrouiller seuls et nous organiser nous-mêmes pour apporter à notre pays bien-aimé un bonheur radieux ».
Rithy PANH est né au Cambodge. Il avait 13 ans en 1975. Il a perdu toute sa famille, tuée par les Khmers Rouges comme les 1,7 millions de cambodgiens, le quart de la population, assassinée par ce régime de terreur. Seul rescapé, 30 ans après, devenu cinéaste il interroge et filme Douch, un des grands responsables de ce génocide ; Son livre, l’Elimination est le récit de ses échanges avec Douch.. Au-delà d’un témoignage ce livre est un essai sur ce que les idéologies peuvent faire naître comme régimes totalitaristes. Il est également une réflexion sur notre espèce humaine capable de fermer les yeux et de rester inactive alors qu’un génocide est en train de se produire. Ce livre est bouleversant et force le respect envers Rithy Panh interrogeant son bourreau et l’assassin de tous les siens. Le film-documentaire, L’image manquante, date de 2013, on y assiste aux entretiens entre Rithy Panh et Douch. Rithy Panh est le grand témoin de cette période. S’il n’y a qu’un livre à lire c’est celui-ci.
Rithy PANH, L'élimination publié en 2012 aux Editions Grasset.
Extrait:
« Je ne comprenais pas
pourquoi personne ne venait à notre aide. Pourquoi nous étions abandonnés.
C'était insupportable, la souffrance, la faim, la mort partout. Et le monde se
taisait. Nous étions seuls(...). »
« La question aujourd'hui
n'est pas de savoir s'il (Douch) est humain ou non.
Il est humain à chaque instant : c'est pourquoi il peut être jugé et condamné ».
Un bateau quitte définitivement le VIETNAM avec, à son bord, Monsieur LINH, une valise à la main et sa petite fille Sang Diû, bébé, blottie dans ses bras. Il débarque dans une ville grise où sa rencontre avec Monsieur BARK, un vieil homme solitaire lui redonnera espoir et humanité. Cette amitié adoucira sa douleur de l'exil. Ce roman court est à la fois tragique, émouvant, bouleversant et lumineux.
Philippe Claudel La petite Fille de Monsieur LINH publié en 2005 Edition stock - en livre de poche
Extrait: "C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses
bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la
valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir
qu'il s'appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de
lui.
Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays, celui de ses
ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. Le
pays s'éloigne, devient infiniment petit, et monsieur Linh le regarde
disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle
et le chahute comme une marionnette.
Le voyage dure longtemps. Des jours et des jours. Et tout ce temps, le
vieil homme le passe à l'arrière du bateau, les yeux dans le sillage
blanc qui finit par s'unir au ciel, à fouiller le lointain pour y
chercher encore les rivages anéantis".
L'Indochine entre 1920 et 1030, Marguerite Duras est enfant. Sa mère, institutrice pauvre et veuve s'est faite berner par l'administration française et a acheté un terrain inondable par les eaux salées de la mer de Chine. Sa lutte contre les eaux du Pacifique laissera la famille exsangue. Le chinois, héros du livre de Duras "L'amant" apparait dans Le Barrage contre le Pacifique dans ce contexte de misère. Ce roman largement inspiré de l'enfance de Duras en Indochine est passionnant dans ce qu'il décrit de l'attachement des colons à leur terre d'adoption et bouleversant dans ce qu'il raconte de leur misère et de la souffrance de la famille de Duras.
Marguerite DURAS Le Barrage contre le Pacifique publié en 1978 aux Editions Gallimard
Extraits: "Et pourtant la mère n’avait consulté aucun technicien pour savoir si la construction des barrages serait efficace. Elle le croyait. Elle en était sûre. Elle agissait toujours ainsi, obéissant à des évidences et à une logique dont elle ne laissait rien partager à personne. Le fait que les paysans avaient cru ce qu’elle leur disait l’affermit encore dans la certitude qu’elle avait trouvé exactement ce qu’il fallait faire pour changer la vie de la plaine".
"Les paysans avaient cru si nombreux à sa réussite qu’elle y croyait
désormais sans une ombre. Pas un instant elle ne soupçonna que peut-être
ils l’avaient crue parce qu’elle se montrait si sûre d’elle".
L'ex-mari de Mien, considéré comme mort à la guerre du Vietnam il y a 14 ans réapparait. Or Mien s'est remariée, elle est heureuse et un enfant est né de son union. Duong THU HUONG nous emporte dans un roman où se mêle l'histoire du VIETNAM et ses traditions. Elle nous livre les interrogations, les errements et la souffrance de ses 3 personnages: Mien, Hoan son nouveau mari et Bôn le vétéran communiste.
Duong THU HUONG Terre des Oublis publié en 2006 Éditions Sabine VESPIESER - en livre de poche- .
Extrait: "sais-tu quel est le pire ennemi d'un homme ? Ce ne sont ni les barbares, ni les agresseurs, ni les riches malhonnêtes, c'est l'indécence. Et l'indécence, c'est toujours à nous que nous la devons".