Je n'ai pas pris le trajet habituel que font la plupart des touristes. Car il fallait attendre trois jours afin d'avoir une place de train pour Probolinggo, la ville de départ de minibus pour atteindre le mont Bromo. J'avais vu sur des blogs que c'était possible par la ville de Malang mais plus compliqué au niveau des transports. Je ne souhaitais pas attendre plus longtemps, il fallait que je passe à la prochaine étape de mon voyage.
J'ai eu un coup de mou et de fatigue à la fin de mon séjour à Yogyakarta pour plusieurs raisons: la fatigue du voyage (je bouge tous les 2-3 jours depuis mi-mai), les transports en Indonésie (fatiguants, compliqués et longs) et le fait de toujours batailler sur les prix en tant que touriste. Je me voyais mal galérer pour aller dans les montagnes. En arrivant à Malang dans ma guesthouse, j'ai demandé si c'était possible de faire le tour avec une agence. Je n'aurais pas à m'occuper de l'organisation et les prix sont déjà fixés. À la fin de la journée, la réception m'a dit que ce n'était pas possible pour le lendemain car ils ne font pas de tour individuel, il fallait attendre que d'autres touristes se manifestent sans être certain que j'allais pouvoir partir. Ça a été comme un électrochoc pour moi, ça m'a réveillé et je me suis dit: “Mais qu'est-ce que tu es en train de faire? Réveille-toi ! N'attends pas que les autres soient là pour toi, fais-le !”J'ai décidé de partir directement le lendemain sachant déjà le chemin à prendre en partant de Malang, pas du tout touristique mais je veux avancer. J'ai d'abord pris un taxi scooter jusqu'à la gare routière puis un bemo, un minibus d'une heure dans les bouchons jusqu'au village au pied des montagnes puis négocier le trajet en moto jusqu'à Cemoro Lawang, la destination finale près du mont Bromo. Et je crois que c'est la meilleure idée que j'ai eu ! Je suis passée en moto devant des paysages magnifiques: des champs de cannes à sucre, des champs de légumes en terrasse dessinant les montagnes et la jungle se faisant de plus en plus fraîche avec l'altitude. On est arrivé ensuite sur les plateaux désertiques, grosse surprise du trajet. C'était surréaliste ! Un désert de cendre au milieu des montagnes ! On a d'ailleurs galéré certaines fois avec la moto enlisée mais on a réussi à arriver à Cemoro Lawang en remontant sur de la route de montagnes. Le mont Batok se tient majestueusement au milieu de ce désert poussiéreux. Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seconde, je referai la même folie. Car les minibus venant de l'autre ville Probolinggo ne traversent pas le plateau, ils arrivent directement en haut par les montagnes de l'autre côté. Et les agences passent par cette même ville, la route étant plus accessible. J’aurais loupé ce moment qui restera pour sûr un souvenir fort de mon voyage. Cette claque m'a redonné la force et m'a montré que j'en étais capable. En arrivant mon chauffeur m'a proposé de loger chez une amie à lui, le logement m'a coûté 150 000 roupies, soit 9 euros environ. J'ai négocié mais vu les conditions rudimentaires dans lesquelles la famille vit, je n’ai pas insisté, je ne suis pas à 3 euros près. J'ai eu une chambre dans une famille indonésienne qui m'a accueillie avec de grands sourires. Même si la communication a été compliquée, les sourires ont suffit, ils m'ont même invité à manger avec eux en famille. Je me suis levée le lendemain à 3h du matin pour admirer le lever du soleil sur les différents monts. D'abord, j'ai marché sur une route mi-bitume mi-gravier sur laquelle j'ai été doublée plusieurs fois par des jeeps (appartenant aux tours organisés), par des scooters et des cavaliers. On me propose d'embarquer mais non je veux atteindre la destination en marchant. Des échoppes vendent sur le bord de la route des boissons chaudes et d'autres ravitaillements. Il fait froid mais avec un sweat, une veste chaude et un foulard cela suffit. Puis la route se transforme en marches et ensuite en sentier de randonnée. 2 heures de marche pour arriver au point de vue donnant sur une image magnifique des monts. Le soleil se lève à 5h30 et les reliefs se dessinent petit à petit, un beau spectacle. Au bout d'une heure, les touristes s'en vont et on a la vue plus dégagée. Je reste encore un temps apprécier la scène.
Un moment, un indonésien vient m’aborder pour me proposer de me ramener au village en moto contre un certain prix. Je veux aussi faire le retour à pied et il l'a directement compris mais il commence à me parler de son métier de grimpeur et à m'expliquer les différents volcans qui sont toujours en activité. Le mont Bromo et le mont Semuru (le grand qu'on voit à l'arrière) renvoient constamment de la fumée. Contents de cette rencontre, on se sépare, je redescends vers le village de Cemoro Lawang. Et là personne sur le chemin ! Tous les touristes sont partis et les échoppes de l'aller sont fermés (ce sont peut-être celles qui ferment le plus tôt du monde). Je passe par les chemins que j'ai pris à l'aller dans l'obscurité, je découvre des champs de poireaux et de choux au milieu des montagnes. Je croise de même beaucoup d'habitants qui se demandent sûrement pourquoi je suis encore là. Je les salue en indonésien, ça les ravie. J'ai appris quelques mots depuis le début de mon voyage, sachant que le bahasa indonesia (nom de la langue nationale) est aussi parlé en Malaisie.
Je reprends ensuite mes affaires et pars dans la même journée pour le deuxième volcan, Kawa Ijen.