Trek partie 2

22 avril, on quitte notre sympathique famille tibétaine le matin sous le soleil avec Ming Ma, qui nous accompagne jusqu’à la jonction avec la vallée du Langtang. Ambiance tibétaine au réveil avec le voisin qui brûle des branches de résineux et frappe le tambour en psalmodiant.  1/2 heure après le départ on se dit au revoir. Elle part vers l’Ouest rejoindre Syabru Bensi pour prendre un car pour Katmandou, on part Youenn et moi vers l’Est, remonter la vallée du Langtang. 

On croise rapidement pleins de trekkeurs, et ça sera comme ça toute la vallée. On regrette un peu notre solitude dans le Helambu… la moitié sont français, et pour le reste des Israéliens, quelques allemands, anglais et coréens… et des népalais !

on va beaucoup plus vite qu’avec notre ex-guide Ming Ma, les coureurs de trail se réveillent ! Arrivée à Lama Hôtel à 14 H30, pluie fine. On est dans la forêt. C’est un spot avec une dizaine de guest house. On se promène un peu en périphérie des lodges, on tombe sur les tas de déchets posés ça et la. La face sombre de la fréquentation touristique… Avec la pluie tout ça est un peu glauque. On passe le temps avec une compétition de ricochets dans la Langtang River. Discussion le soir avec un couple de français, 28 ans, sur la route pour 8 mois. Bientôt en Inde, au Sri Lanka, en Indonésie… Que peut on faire d’autre à cet âge ?

23 avril, lever tranquille à 8H, et beau soleil toute la journée. Ça grimpe beaucoup, on est parti pour 1000 mètres de dénivelé positif. Début dans la forêt quand tout à coup Youenn devine les cimes enneigées à travers les arbres. On arrive à 3000 , là on ça nous plait !

A Gore Tabela on commence à voir des maisons en ruines à priori détruites lors du tremblement de terre qui s’est produit le 25 avril 2015.  C’est à Langtang Village, ou nous arrivons l’après-midi midi , que la catastrophe a été la plus dévastatrice : le village a été littéralement englouti par un glissement de terrain lié à une gigantesque avalanche. Personne n’a survécu, plus de village, celui ci a été reconstruit un peu plus haut, au dessus de l’ancien dont il ne reste plus rien. À l’entrée une stupa avec des stèles gravées des noms des morts: 176 népalais, 37 trekeurs dont 7 français. 

C’est un beau village, assez grand, qui vit essentiellement des trekeurs.  Quand je discute avec le patron de la Traveller’s Guest House il me dit qu’il n’avait pas réalisé que dans 2 jours on serait exactement à 7 ans de l’évènement.,, non, pas de commémoration particulière prévue lundi prochain. Mais nous ne sommes pas dans le même espace-temps, ici on suit le calendrier tibétain !

24 avril, 7H30, ciel pur, on continue le chemin vers Kianjin Gompa. On nous avait annoncé 3 heures et on y est en 1H30. L’idée c’est de manger rapidement pour pouvoir continuer la vallée vers l’Est. On dépose les sacs à la guest house, on aval un chowmein et on reprend la route. On est seul, à 4000 mètres d’altitude, au sein d’une grande vallée où paissent les yacks, entourés par des pics à plus de 7000 mètres. Le Tibet est juste derrière… c’est grandiose et magnifique, c’est ce qu’on on est venu chercher. Je pourrais continuer à marcher pendant des jours dans cet environnement,

Demi tour pour rejoindre Kianjin Gompa en fin d’après-midi et goûter mérité à la bakery du village, assez extraordinaire.

le soir on discute avec un anglais coureur de trail qui s’attaque demain en solitaire au Kianjin La, la route plein sud qui rejoint la vallée de Katmandou ; un col à 5200 mètres, 36 km sans aucun habitant. Faut pas se planter… ça me donne des idées.

Pas de mal des montagnes pour Youenn, c’est bon il est bien acclimaté.

25 avril, on s’attaque le matin au Kianjin Ri, le mont qui domine Kianjin Gompa, 4600 mètres. À 4300 mètres il y a un espace avec des drapeaux à prière. On discute avec un groupe de trekeurs népalais qui n’en reviennent pas d’être arrivé à grimper à cette altitude. Nous avons discuté plus loin avec un autre trekeur népalais qui faisait également son premier trek. C’est très récent d’après lui, personne n’allait treker il y a encore 5/6 ans. 

On descend en courant à la Kilian Jornet , lunch à la guest house et on repart vers l’Ouest, demi tour jusqu’à Langtang.

le soir je vais faire un tour à la stupa où sont gravés les noms des victimes du tremblement de terre. Personne, pas de bruit,  le calme des grands espaces.

26 avril, on quitte Langtang pour SherpaGaon. On connaît le chemin jusqu’à Rimche mais c’est pas pareil de le faire dans l’autre sens. On croise encore des trekers, certains ont des porteurs qui ploient sous des charges impressionnantes. Mais qu’est-ce qu’il y a dans leurs sacs pour qu’ils soient autant volumineux ?

Apres Rimche on reprend l’ascension par un sentier en corniche à flanc de montagne, on entend gronder la Langtang  River 1000 mètre s plus bas. Stop à la Tibet Guest House l’après-midi, 1ère maison de Sherpa Gaon qui doit en compter une quinzaine au maximum. Notre hôte a, comme la majorité des propriétaires de guest house, ses enfants au collège à Katmandou. Ils ne reviennent qu’aux vacances. Le plus important c’est que leurs enfants s’émancipent par leurs études, mais après 2 années de Covid le financement leur est difficile. 

27 avril, dernière étape. On rejoint Syabru Bensi où on prendra un bus pour Katmandou le lendemain. On reprend notre sentier à flanc de montagne mais assez rapidement on rejoint une piste. Elle est bien défoncée et il n’y a aucun véhicule. Au bout de 2 heures je me demande où on a manqué notre sentier… il y a bien des raccourcis ? Suivre la piste n’est pas si désagréable car on est tout seul dessus mais bon ça risque du coup d’être beaucoup plus long… Au final on trouvera finalement plusieurs short cuts bien raides mais on arrive 2 km en amont de la ville, on a un peu rallongé l’étape. On finit sur une route poussiéreuse, celle qui mène au Tibet 10 km au nord.

Avant la fermeture de la frontière, cause Covid, c’est par là que transitait beaucoup d’indiens et de népalais qui faisaient le pèlerinage au Mont Kailash, la demeure des Dieux, montagne vénérée par les hindouistes et les boudhistes. Les gens ont beaucoup souffert de l’absence totale de voyageurs et la reprise du trek est synonyme d’espoir.

Apres midi sympa à Syabru Besi, on discute avec des jeunes, curieux de savoir qui on est, d’où on vient. Mais sinon c’est l’archétype du bled poussiéreux, jonché de sacs plastiques. Le retour à la civilisation…

28 avril, 8 heures de piste, puis de route, puis de piste, puis de route, clips népalais sur grand écran à l’avant du bus. La chaleur, le bruit, la poussière : nous voilà à Katmandou !

Tournée générale de bisous, fin du trek, les vacances continuent. À cinq !