Je me rappelle très bien à l’école primaire, de mon maître qui nous parlait d’un lac très très loin, drôlement nommé ”Titicaca” : de quoi faire rire toute la classe ! Il avait sûrement dû nous montrer sur une mappemonde où il se trouvait. Ça restait du domaine de l’imaginaire pour la petite fille que j’étais. Mais aujourd’hui, à 32 ans, je peux dire que j’y étais à ce fameux Titicaca !! Le lac navigable le plus haut du monde, perché à plus de 3800 mètres d’altitude dans les Andes…
Après une journée complète de trajet en bus (plutôt confortable, et dans les horaires annoncés - 8 heures tout de même), dans des paysages magnifiques, nous atteignons Puno, ville peu charmante mais ayant l’avantage d’être au bord du fameux lac Titikaka. Nous prenons possession de notre chambre d’hôtel (avec chauffage, ouiiiiiiii) puis dînons juste à côté.
Ce n’est que le lendemain matin que va débuter notre exploration : après 30 minutes de marche vers le débarquadère, nous achetons nos billets de bateau collectivo pour nous rendre sur les îles flottantes d’Uros, à 30 minutes de navigation. Ce ne sont donc pas des îles à proprement parler, mais des constructions traditionnelles de terre et de roseaux séchés, qui créent ces îlots très typique du lac. Sur ces îlots vivent des familles dans des cabanes en roseaux également. Ça fait une drôle d’impression lorsqu’on pose le pied dessus pour la première fois : c’est mouvant ! Les bateaux traditionnels sont également construits en roseaux. Nous sommes accueillis par le ”chef” de l’îlot, qui nous explique comment sont fabriqués les îles et comment vivent les habitants. Nous ferons ensuite une courte navigation dans une embarcation traditionnelle entre les villages flottants pour se rendre sur une autre île plus grande.Même si c’est une découverte unique et très jolie, cette expérience ne nous a pas vraiment plue : les familles de cette partie des îles ne vivant que du tourisme, nous avons vraiment eu l’impression d’être des portes-monnaies vivants, ou comme dirait Simon : ”un vrai racket”. Par exemple, sur le bateau, une petite fille a chanté quelques minutes, avant de se poster devant chaque personne en attendant une pièce. Très malaisant pour tout le monde. C’est la première fois que nous avons vécu cela à ce point depuis notre arrivée sur ce continent.
Dans mon précédent article et sur celui-ci, j’évoque beaucoup la civilisation Inca, mais sans donner trop de détails. Voici quelques infos supplémentaires pour ceux que ça intéresse.
La civilisation Inca n’est en fait pas si ”ancienne”. Elle a commencé à prendre une réelle ampleur à partir de 1438 après JC. Les Incas ont formé leur empire d’abord au Pérou, avec Cusco comme capitale, puis se sont ensuite étendus sur une partie des actuels Équateur, Bolivie et Chili. C’est seulement 1 siècle plus tard, avec l’invasion espagnole que l’empire a pris fin… Décidément la conquête espagnole aura eu d’énormes méfaits sur cette partie du monde (sur les peuples et leur culture, les édifices architecturaux, les ressources naturelles, les innombrables pillages d’or…), et c’est bien triste de le constater.
Pour en revenir aux Incas, ils ont développé de nombreuses techniques et savoir-faire, souvent en s’inspirant des communautés/peuples déjà présents qu’ils contrôlent, et en les améliorant. Ils sont notamment connus pour leurs prouesses en matière architecturale (vous l’aurez constaté sur notre précédente étape dans la Vallée Sacrée), l’essor d’un grand réseau routier, mais également en agriculture (terrasses…). Ils ont aussi imposé le quechua comme langue unique et facilité la juste répartition des productions à travers l’empire.
Enfin, il est intéressant de noter qu'ils n'avaient pas la "roue" (pas de chariottes mais toutefois des systèmes de roulements), ni l'écriture (mais toutefois des systèmes de comptage et tissage complexes, et étudiaient l'astronomie) et n'avaient pas de chevaux ni aucun animal de monte. Tout à pied !
Habituellement, les voyageurs se rendant au lac Titikaka, en profitent pour tirer jusqu’en Bolivie (puisque le lac est situé sur les 2 pays), mais ça reste un peu compliqué avec le Covid, ou bien la majorité vont visiter les îles habitées du lac : Amantani ou Taquile. C’était à la base notre idée également. Mais après la déconvenue de la veille aux îles Uros, nous décidons finalement d’abandonner ce projet, et de se rendre un peu plus loin au bord du lac, sur une sorte de presqu’île.
Un tuk-tuk et 2 collectivos plus tard, on a vraiment l’impression d’arriver au fin fond du Pérou ! On est en pleine campagne, les habitants, et surtout les femmes, sont habillés en tenues traditionnelles, avec des chapeaux propres à ce coin du Pérou. On arrive au centre du village de Llachon, pas un restaurant, pas un touriste à l’horizon. On avait quand même repéré un endroit pour dormir, donc on s’y rend (à pied, pas le choix), et on se fait indiquer le chemin par une habitante du coin. C’est la première fois qu’on marche autant avec nos sacs à dos : 30 minutes, ça passe encore, mais à presque 4000 mètres d’altitude, ça pique un peu. Mais le chemin que l’on parcours, au bord du lac, est tellement beau que je me dis, que rien que pour ça, je suis contente d’avoir fait le déplacement jusque là. Les vues sur le lac n’ont rien à voir avec ce qu’on a découvert la veille. Ici, c’est vraiment authentique, et on a une superbe vue sur les îles, les contours du lac, et surtout sa belle couleur bleue profonde, puisque le soleil est de sortie !Nous arrivons à la Casa de Félix à 12h30, pile à temps pour se faire servir le déjeuner ! Nous sommes accueillis par Félix et sa femme, un couple d’ici ayant monté leur modeste auberge. C’est madame qui cuisine et monsieur qui s’occupe des hôtes. En effet, ici, la langue principale c’est le quechua, l’espagnol n’étant appris qu’en 2ème langue. Et la femme de Félix ne parle que quelques mots d’espagnol. Au menu, truite du lac et frites des patates du jardin !
Nous profitons du très grand calme du lieu : sur la terrasse nos hôtes nous proposent des chaises longues, nous nous installons face au lac, sous le beau soleil. De la détente, de la quiétude, tout ce qu’on voulait.
En milieu d’après-midi, les nuages sont arrivés et ont mis fin à cette parenthèse paisible : pulls et doudounes deviennent indispensables ! Il fait très froid à cet endroit et à cette altitude. On rentre se réfugier dans la pièce principale, mais pas de chauffage dans ce coin du monde. Ce qu’on a beaucoup de mal à comprendre ! Pourquoi n’ont-ils pas de cheminée ? On pense que c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’arbres à cette altitude. Et pour le chauffage, il n’y a sûrement pas assez d’électricité. Et puis, ils portent pulls et bonnets en laine d’alpaga, visiblement ça leur suffit ! Au programme de l’après-midi : jeux et planification de voyage. Et froid 🥶
18h30 : le dîner pour nous réchauffer un peu ! Et Felix en profite pour nous raconter un peu sa vie, et comment il en est arrivé à créer un peu de tourisme sur cette petite bande de terre au milieu du lac qui vivait uniquement de la pêche et l’agriculture.
On va ensuite à la chambre (très rustique) pour prendre une douche. Euhhhh je vous dis pas, pour se déshabiller dans ces conditions, on a dû faire preuve de courage ! Mais l’eau était chaude !! Donc on était motivés. Mais impossible de régler la température. Donc nous = glaçons ébouillantés. Le pire paradoxe ! On s’habille ensuite pour la nuit (Simon, ce frileux, en fait trop… je me demande combien de couches il avait…), puis on se glisse dans le lit, sous les…. 5 couvertures !! Non mais je vous laisse imaginer le poids de 5 couvertures à l’ancienne. C’est comme si vous deviez dormir avec une brebis allongée sur vous. Pire nuit de tout le voyage !! Je me réveillais en pleine nuit le corps complètement et entièrement écrasé (non mais par exemple les pieds : allongée sur le dos, mes pieds étaient complètement pliés en pointe !!! Impossible de les relever), faut pas être clostro. Et puis pas question d’enlever des couches, sinon c’était l’hypothermie assurée… Et moi qui ai l’angoisse absolue de toucher des couvertures d’hôtel et Simon qui a l’angoisse absolue des draps plats de lit, dans un dernier espoir de ne pas mourir aplati, il a tout tiré, enlevant le drap de moi. Donc j’avais la peur supplémentaire d’être à même les couvertures, heureusement que j’étais couverte des pieds à la tête et que j’avais mon sac à viande en soie… Sans compter ben tous les cauchemars que j’ai fait entre les multiples réveils.
Brrr chez Félix c’est très sympa, mais 1 nuit pas plus !!!
Quand l’heure du petit déjeuner arrive enfin, c’est le soulagement : on boit de chaudes infusions de muna, avant de partir faire un petit tour un petit peu plus loin sur la presqu’île.
Superbe petite balade matinale sous le soleil, évidemment accompagnés du chien de l’auberge !
Puis il est temps de reprendre la route : on refait le chemin inverse avec nos gros sacs, on croise les agriculteurs, les gens du coin, puis on reprend les collectivos pour notre prochaine destination ! Magnifiques paysages et entourés de locaux, authenticité à fond !