La nuit du nouvel an chinois, nous étions donc dans un slipping bus. On passe à l'année du chien, et c'est une grosse fête dans tout le pays. À minuit, les vietnamiens allument des grands feux devant leur appartement, et lancent des feux d'artifices. Mais cette nuit là, bien endormie, j'ai vaguement entendu quelques pétards. C'est Guillaume qui m'a dit que j'avais loupé la fête.
Malgrés la fête du Têt, certains se sont levés tôt pour venir nous proposer leur hôtel, des locations de scooter ou encore des tours à l'arrivée du bus. On s'enfuit vite de ses solicitations fatiguantes pour rejoindre notre hôtel. Le monsieur qui nous accueille parle français, ça fait plaisir. Il écarquille les yeux et ouvre grand la bouche pour articuler lorsqu'il nous parle. Il est tout simplement génial. On a même droit à un thé gratuit et à des friandises vietnamiennes car c'est le premier jour du Têt. Le monsieur s'assoit avec nous et nous aide à planifier nos deux journées à Hué et notre départ pour Hoi An. L'hôtel est très propre (ça change de la rue), on quitte nos chaussures avant d'entrer, comme à la maison.
Une fois bien installés, on part visiter la citadelle. C'est le seul exemple d'une ville impériale encore existante au Vietnam. On y apprend notemment que, si énormément de vietnamiens s'appellent Nguyen aujourd'hui, c'est que les souverains de la dynastie du même nom avaient plusieurs femmes et de nombreuses concubines. L'un d'entre eux à même eu 142 enfants ! Après plusieurs générations, ça fait un paquet de Nguyen ! On y apprend aussi que la tortue surmontée d'une grue, que l'on trouve partout dans les temples et les pagodes, est le symbole de la pureté et de l'immortalité. Avoir des explications en anglais, voir en français, ça aide ! On fait la visite de la citadelle sous un soleil chaud. La différence est énorme avec le nord du pays. On a sorti short et T-shirt contrairement à tous les vietnamiens qui sont extrêmement bien habillés pour le premier jour du Têt.
L'après midi, on loue un scooter pour se rendre à la plage, finalement déserte et pas très propre. On n'y fera que quelques photos des nombreux bateaux de pèche dispersés sur le sable. Le soir on se rend en ville où les vietnamiens font la fête, on espère y voir des spectacles avec des dragons. C'est le rendez-vous familiale, fête foraine avec barbes à papa, brochettes de viande (du chien ?), jus de canne à sucre et fruits frais. À côté, la foule se prend en photos devant les jardins fleuris pour l'occasion, et admire une exposition de bonsaïs. On rentrera finalement sans avoir vu de spectacle.
Le lendemain, deux scooters viennent nous chercher pour notre tour, et nous déposent... 100m plus loin ! On nous demande d'attendre, on ne sait pas trop quoi, mais on attend. Je suis choquée de voir que les déchets de la fête, balayés sur le trottoir, sont balancés dans le fleuve. Quel dommage pour un si beau pays qu'on ne s'intéresse pas plus au devenir des poubelles !
On monte enfin dans le bateaux pour une croisière sur la rivière des parfums. La rivière n'est pas aussi belle que son nom mais elle permet de nous faire visiter les alentours. Une vendeuse installe sa marchandise sur des chaises à côté de nous, on déguste quelques friandises du Têt, puis on passe rapidement au repas. On nous explique que les trois premiers jours du Têt, personne ne cuisine. On nous sert donc des plats typiques de la fête, qui se conservent plusieurs jours. Les moins courageux se jettent sur les fruits, nous on goûte un peu à tout. C'est là que j'ai eu la pire expérience gustative de ma vie ! En croquant un morceau au goût atroce et à la texture inabituelle, je m'imagine le pire : cartilage de chien, patte de poulet... Je manque de rendre immédiatement ce que je me suis forcée à avaler ! Après s'être renseignés, on apprendra finalement qu'il s'agissait de fruits et légumes ayant fermenté dans un bocal pendant plusieurs jours.
On marque un arrêt pour visiter une pagode, encore une ! On y voit des jeunes moines, le crâne rasé, excepté une mèche de cheveux longs, à un endroit différents du crâne sur chaque enfant. On y trouve aussi des photos de personnes sans héritier mâle. En effet, une des plus grandes peurs des vietnamiens est que l'âme erre entre le ciel et la terre, ce qui arrive lorsque plus personne n'assure le culte des ancêtres dans la famille. Seuls les hommes peuvent le faire (bien qu'il semble parfois que les femmes prennent le relais quand il n'y a pas d'homme). Donc quand tous les enfants sont de sexe féminin on confit une photo à la pagode pour sauver les âmes des ancêtres. Au bout de quelques années, on considère que la personne s'est réincarnée, on peut donc arrêter de prier pour elle.
On visite ensuite les tombeaux de Minh Mang et Khai Dinh, puis on a la chance de voir la fabrication de bâtons d'encens à la main. Cette fois, on négocie un brûleur d'encens fermement, on est content de nous, mais on se rendra compte plus tard qu'on l'a encore acheté trop cher. De retour du tour organisé, on termine la journée par le musée des antiquités royal, où l'on peut admirer des objets en porcelaine ou incrustés de nacre.