Ce matin, des discussions banales avec mon hotesse Luisa au petit déjeuner (le capitalisme s'accomode-t-il du déclin démocratique en cours ? capitalisme et socialisme s'opposent-ils radicalement ou peuvent-ils coexister ? porridge avec ou sans haselnussmus ?) me conduisent à partir à l'heure indécente de 11h. Heureusement, l'étape d'aujourd'hui est relativement courte et plate !
À peine parti, je remarque un trésor d'ingéniosité qui permettrait peut-être de régler des problèmes de stationnement vélo.
Je suis ensuite parti pour sortir de Aachen et découvrir les joies des trottoirs cyclopiétons qui pullulent dans la région, de façon plus ou moins rassurante. Après 500 mètres sur une bande cyclables à même la route où un camion à remorque s'est rabattu sans crier pouet pouet, j'ai un autre regard, plein de sympathie, sur ces trottoirs étroits bordés d'orties et séparés de la route.
Une étape bucolique où j'apprécie les beautés de la campagne entre Aachen et Köln: fermes, haras, voitures, usines, cours d'eau mignons, camions, voitures (il y en avait beaucoup, c'est pour ça je répète). Et un petit lapin qui n'a pas fait le malin quand j'ai perturbé la quiétude de son environnement impraticable à vélo, où mon GPS ne m'avait pas envoyé mais où je me suis obstiné à aller parce que ça avait l'air plus joli. Il avait de grandes oreilles en arrière. Il y a plein de panneaux qui signalent qu'il y a des lapins et des vélos. C'est comme ça que je l'ai reconnu.
De route en chemin, j'apprends, par la répétition, à déchiffrer le double S allemand bizarre en forme de B, qui s'appelle l'eszet et qu'on trouve à tous les coins de Straße. Une étape avec GPS qui écorche de façon malicieuse la prononciation des rues allemandes, mais qui prononce l'eszet avec beaucoup de professionnalisme.
Finalement, je trouve une piste cyclable assez large avec un séparation physique et sans ortie. Je lui met 3 étoiles pour l'encourager.
Pris d'une envie soudaine de manger manger manger, je fais une halte dans un petit abri fort bien pensé, rejoint peu après par une dizaine de cyclistes allemandes qui avaient l'air très sympathiques mais dont je ne comprenais pas un traitre mot. Ça devait être réciproque. Rien d'important n'est échangé entre nous et nous reprenons elles leur chemin et moi le mien, dans des directions opposées.
Une envie de café me conduit, d'instinct, vers une boulangerie où je commande eine Espresso bitte et où je reçois keine espresso hier, kleiner café oder großer café. Kleiner café danke. Je découvre avec étonnement que alt gr + s ça donne ß et, dans la foulée, je m'assieds en terrasse devant mon verre d'eau cafetée et termine un chapitre entamé quelques jours auparavant..
Je rejoint la ligne de train et la suis jusqu'à la grande ville de Köln où mon amie Leonie m'a proposé de m'héberger.
Après un falafel samouraï, Leonie me propose une Kölsch. elle m'apprend qu'il s'agit d'un type de bière à Köln qui peut s'appeler comme ça uniquement si la brasserie est visible à l'œil nu depuis le clocher de la cathédrale. En rentrant après ce repas culturel et une visite éclair du quartier bei nacht, on échappe de justesse à un double piège sur le sol. Je ne peux m'empêcher de penser au lapin que j'ai effrayé un peu plus tôt dans la journée, et je me dis que c'est une juste revanche que de me surprendre ainsi dans mon environnement urbain.
Après ces aventure, on rentre dormir parce que certaines ne sont pas en vacances et travaillent tôt le lendemain. Ça me forcera à commencer ma journée plus tôt !