Emplettes et trempette, sur une petite étape de 90 kilomètres rondement et humidement menée.
Je me lève tranquille à l'auberge. Il est 8h. Sur les conseils de mon conseiller vélo Pierre-Antoine, je décide d'aller faire l'acquisition de gants de cyclimse, de poignées ergonomiques et de magnésium, pour régler une fois pour toute ce problème de fourmillement dans le petit doigt de la main droite, que j'attribue hypothétiquement à une compression du canal carpien. Par chance, Starcycle ouvre à 8h30. Je plie bagage, check out et m'y rend immédiatement. C'est très pro d'ouvrir à 8h30 mais ils ne m'ont toujours pas proposé de café et n'ont pas les poignées que je cherche. J'ai quand même trouvé deux très jolis gants.
Il m'indique un autre magasin de vélo, qui ouvre à 10h30. J'hésite puis je me dis que je vais déjà essen ein Appfelkuchen med und puddingroll und ein dubbel Espresso bitte et puis on verra.
Vu qu'il est pas encore 10h30, parce qu'en fait ça se mange vite ces bazars, je passe à la pharmacie pour évaluer avec un praticien formé la possibilité d'utilisation de magnésium pour la pathologie que je décris. Sans que je doive recourir à un argument d'autorité en citant Pierre-Antoine, le professionnel opine du chef et m'indique qu'en effet le magnésium sera tout à fait adéquat. Il ajoute, avec une précision qui ne laisse plus aucun doute sur son professionnalisme, que "n'en prenez pas trop quand même". Son collègue, un peu pointilleux, choisit de compléter cette posologie par un sobre "une fois par jour". Je repars, en me sentant déjà beaucoup mieux, m'administre avec précaution, mais courage, le médicament prescrit, et me rend vers...PIRATE BIKE.
Franchement, ce nom, ça en jette, ça sent le magasin de vélo anarcho-mécano, qui t'envoie un café à la figure quand t'arrives, qui grave une tête de mort sur ton vélo. Nein nous n'avons pas des poignées. Allez chez pedalkraft. Suivant. Un pirate bien occupé qui m'a surtout coupé le souffle dans son efficacité. Je me dirige alors vers Pedalkraft. Et là, dès l'enseigne, je sens que je suis bien tombé.
Un type assez bonhomme au comptoir, qui n'est pas sans me faire penser à mon mécano-secours préféré, que j'ai eu au téléphone entre les deux magasins pour régler à distance un problème de direction, me montre exactement les poignées dont j'ai besoin. Je les acquière, appelle à nouveau Pierre-Antoine pour me rassurer sur la façon de bien mettre ces poignées. Et hop là ! Un vélo tout cornu près à laisser mon canal carpien en paix !
Le reste de la journée consiste principalement à rouler tout droit sur une piste cyclable dont vous connaissez par cœur les contours. RIen de neuf sous la pluie. Ah oui, il a plu. Ah non, l'opération d'étanchéisation du manteau n'a pas été concluante.
Oh à un moment j'arrive à un passage à niveau. Croyez-le ou non, il s'est passé un truc. Outre le bâtiment rigolo qui était juste après.... (faites défiler les images suivantes, bluff garanti !)
Remué parce qu'il vient de se passer, je reprends ma route tout aussi remuante. En effet, force est de constater que l'état des pistes cyclables au nord d'Hambourg ne cesse de se dégrader. C'est la raison pour laquelle je prends ma plume et je dénonce haut et fort, avec courage, détermination et appétit, ce qu'il se passe ici, à Kayhude, à Itzte, à Groß Niendorf et même à Bad Segerberg. Et personne ne me fera taire ! L'alerte est lancée et la vérité triomphera !
Bon après je passe au-dessus d'une grosse route. Pour rigoler je me dis qu'ils arrachent la route pour faire une super piste cyclable. Et toi, quand tu vois une route arrachée, tu penses aussi à ça ?
Bon, après cette toute petite journée me voilà dans une famille fort sympa. Une mère et sa fille de 11 ans. Enfin à mon arrivée Svenja est en train de faire des courses; Ida m'ouvre, un peu gênée, m'indique ou poser mes affaires, répond timidement dans un fort bel anglais à mes questions indiscrètes du style "ah tu fais de la batterie ? tu joues quoi à la batterie ?" et téléphone à sa mère. Une amie de sa maman débarque parce que Ida avait peur. Sans doute la barbe mal taillée et les pieds sales, me dis-je, j'aurais pu faire un effort de toilette avant mon arrivée.
Svenja rentre, on cuisine, des Kartoffel (quel mot allemand rigolo pour dire pomme de terre !), qu'on dévore. Puis je gagne ma petite chambre dont j'ai pris le soin de prendre une photo, pour que mamy voie que je dors dans des vrais lits et tout super souvent.
