Réveillé un peu avant l'alarme de 6h30, le premier son que j'entends provient des goutes tombant, semble-t-il, en rang serré. Plein d'espoir, ça ne peut pas durer plusieurs heures comme ça, je décide de vérifier les prévisions.
À 7h10 je me mets en route. Sortir d'une ville comme Cologne n'est pas une mince affaire et j'oscille entre les trottoirs cyclopiétons, vous avez loupé le virage, veuillez rejoindre l'itinéraire et regardez la carte. Mais quand je la regarde, les goutes taquines manipulent l'écran malgré moi. Elles zooment, ajoutes des points de passage absurde, si bien que je dois me cacher sous mon manteau qui commence déjà à être trempé à l'intérieur pour pouvoir sécher mon écran sur un bout de mon t-shirt encore presque sec. De route en ligne de tram, j'aperçois un grand pont. Une fois le Rhin passé, le plus dur sera fait.
J'aurai mis plus de deux heures pour les 20 kilomètres qui me conduisent à la sortir de Köln. Après cet épisode, je décide de pédaler très vite pour me mettre à l'abri et faire m'octroyer une pause après les 50 kilomètres réglementaires. Pouf, je me retrouve à Düsseldorf en moins de temps qu'il n'en faut pour mettre le ¨ sur l'u, ou pour que la pluie s'arrête.
Trempé, je pense qu'un kleiner café, auquel je me résignerai, me réchauffera. Comme pour contrarier ma résignation, l'enseigne Perfetto Espresso se dresse devant moi. Je m'arrête net dans la marre qu'est devenue la rue, stationne et attache mon vélo dans les règles de l'art à côté d'un arceau, emporte mes deux sacoches avant et patauge jusqu'à l'entrée du café.
Arrivé à l'intérieur, je dépose mes sacoches sur une flaque (quelle idée !) et avance ma trainée d'eau vers le bar. Je commande, entrecoupé d'humides excuses, un espresso double, et prend place en faisant, au passage, une repasse sur la trainée de mes pas. Je veille à mettre mon manteau et mon pantalon de pluie en bonne position pour sécher, et je commande un pâtisserie aux amandes, moitié pour le moral, moitié pour essayer de me faire pardonner pour le déluge que j'ai emmené dans l'établissement.
La pluie cesse 2 heures plus tard et, presque sec, je reprends ma route.
Arrivé sur la "piste cyclable longue distance", sèche mais balayée par le vent, je prends le pli d'écouter l'un ou l'autre podcast pour me remonter le moral. En l'occurence, ça sera les différents épisodes d'entretien avec Christine Delphy sur l'émission À voix nue de France Culture, avec pour feel good générique le morceau "Essentielles" d'Ibrahim Malouf. Au milieu de ces réflexions féministes matérialistes, un panneau étonnant attire mon attention.
Vous remarquerez d'ailleurs le super réseau de point nœuds de cette région avec plein d'indications ! À ce moment d'ailleurs, j'approchais Duisbourg où j'ai profité d'une vue sur un énorme bâtiment en briques pour poser et faire poser mon bric-à-brac.
Le ciel est toujours indistinct dans cette mer de nuages quand je reprends ma route, et un peu plus loin, je comprends peut-être d'où ils viennent.
Et là, comme pour me rappeler à leurs bons souvenir. Un lapin me barre la route. Identique à celui de la veille. Avec des oreilles et tout. Mais pour un instant seulement avant de malicieusement se terrer, en embuscade, dans les buissons. Quelques kilomètres plus loin, comme pour me dissuader d'avance, un autre -ou était-ce le même ?- a procédé de la même façon. Plus je m'approche de ce complexe d'usines pétrochimiques, plus je crains. Le troisième lupin ne se fait pas attendre et, s'arrêtant pour la pause, me donna l'espoir de le photographier pour documenter mes allégations. Mais finalement il part avant que je puisse le prendre.
La route continue, contre le vent et les travaux nombreux qui m'obligent à de plus ou moins grands détours.
À 20h15, j'arrive enfin chez mon hôte, qui propose de m'accompagner jusqu'au supermarché pour que je fasse l'emplette de quelques commissions pour mon repas du soir. Il est aux petits soins et je ne me doute encore de rien. Il me laisse rentrer seul à la maison et me donne sa clé pour rentrer. C'est là que je comprends dans la maison de qui je suis tombé.
Arrivé à la maison, après une douche je prépare des pâtes aux tomates cerises piquantes dont voici la recette:
Pour 3-4 personnes
800gr de tomates cerises
Une tête d'ail
Une botte de persil
Un piment
500gr de pâtes
1.Épluche et coupe l'ail en petit morceaux
2.Fais pareil avec le piment mais ne te mets plus les doigts dans les yeux à partir de maintenant !
3.Fais revenir l'ail et le piment dans de l'huile dans une casserole.
4.Ajoute les tomates cerises entières, sale, couvre, baisse le feu, attends.
5.Hache finement le persil, en gardant quelques feuilles entières pour garnir !
6.Mets bouillir l'eau et sale
7.Quand les tomates commencent à se fissurer, plonge les pâtes dans l'eau salée
8.Quand les pâtes sont presque al dente c'est bon (mais en vrai ça c'est comme tu préfères)
Bon, c'est beaucoup 500gr. Je mange la moitié le soir en compagnie de mon hôte, et garde l'autre moitié pour demain matin et midi. Mon hôte me propose un service de lessive pendant la nuit, que j'accepte volontiers, et de m'apporter du café le matin. Il es décidément très serviable ! Mon linge sera-t-il propre et sec demain matin ? Le café sera-t-il bien là à 7h30 comme il me l'a annoncé ? Malgré ces questions qui me taraudent, je m'endors du sommeil du cycliste !