Pour de vrai. Tout est dit dans le titre. Nous partons en barque à 8.00 après un copieux petit déjeuner; une quarantaine de minutes plus tard, nous observons un coati - petit rongeur qui ressemble à un raton laveur roux très discret, que nous avons surpris lorsqu’il s’est montré sur la berge pour voler des œufs. Puis nous nous amarrons avant de continuer à pieds.
Nous rentrons pour manger, cuits par le soleil et se disputant pour être le premier à la douche.
Nous repartons à 15h (pas avant parce qu’il fait vraiment chaud) dans l’autre sens, sur le fleuve. Cette fois-ci, pour pêcher le piranha. Bon, inquiétant et pas forcément évident me direz-vous. Exactement. Le piranha vous coupe le doigt si par malheur il l’attrape, imaginez donc le moment où il faut lui sortir l’hameçon de la gueule. Parce que oui, nous en avons pêché. Des piranhas jaunes, oranges, rouges ; des poissons-chats, des sardines locales (similaires à un Sar), des « venoms » (pas de comparaison possible, photo à suivre).
Sachez que les piranhas jaunes et rouges sont petits (à peu près de la taille de la paume de la main), tout comme les sardines ; les oranges en revanche font la taille d’une main complète... avec de jolies petites dents pointues, la mâchoire prognathe bien agressive et l’air bête et méchant comme dans les films. On est ravis ! Les poissons-chats font quand même une vingtaine de centimètres de long et font des petits bruits lorsqu’on les attrape. Cela ferait presque mal au cœur lorsqu’on leur coupe les deux nageoires et la dorsale, on a l’impression qu’ils communiquent ! Il est obligatoire de leur couper ces nageoires, qu’ils brandissent comme de petits couperets et qui sont extrêmement acérées. D’ailleurs, elles sont tellement solides qu’il faut un couteau pour les trancher.
Nous allons ainsi passer l’après-midi entière à pêcher debout, pieds-nus dans la barque, avec un hameçon accroché à un fil de nylon multicolore, au milieu du fleuve marron dont on ne voit pas le fond, avec quelques caïmans en fond de rive et des oiseaux qui tournoient au-dessus de nous pour parfaire le décor. Notre appât : un morceau de viande de bœuf crue que l’on tranche en petits bouts. On doit surveiller les guêpes qui sont attirées par la viande fraîche et par le poisson que nous laissons à chaque fois au fond de la barque, trempants dans un peu d’eau. Nous devons aussi être vigilants et ne pas mettre le pied sur un piranha en nous déplaçant dans la barque, ou sur un poisson-chat dont les nageoires auraient été mal coupées (ça arrive quand on n’a pas l’expérience...). David est impressionné parce que nous pêchons bien (enfin moi, je n’ai pris que 6 piranhas jaunes, mais c’est déjà pas mal, je vous assure). Il se trouve par ailleurs que nous pêchons notre repas du soir, heureusement que nous sommes efficaces !
David commence à vider les poissons dans le fleuve pour anticiper le travail de la cuisinière, parce que nous rentrons plus tard que prévu. Lorsque nous rendons notre butin en cuisine après avoir pris notre verre rituel de jus de fruit frais, nous nous rendons compte de notre pêche : une cinquantaine de poissons tous plus brillants les uns que les autres. Nous sommes fiers mais fatigués et il nous tarde de nous rincer pour enlever ces odeurs de viande crue, de poisson, de transpiration et de boue séchée.
Le repas commun se composera effectivement de beaux piranhas frits, de riz, de tomates, de manioc, de salade. Nous ferons quelques parties de cartes avec le guide après le dessert, jusqu’à l’extinction automatique de l’électricité à 21h. Sous notre moustiquaire, nous dormirons vraiment bien, la chaleur est supportable et le lit confortable. Le petit déjeuner est prévu à 6.30, pour commencer au plus tôt la prochaine et dernière matinée dans la Pampa. Il reste encore quelques belles surprises...