Après environ 60h de yoga et pas moins de 300 salutations au soleil, nous avons quitté notre ashram et le Kerala pour notre dernière étape en Inde du Sud : Pondichéry.
Après l'influence britannique à Kolkata ou Mumbai, et l'influence portugaise à Goa, c'est maintenant des accents français que nous retrouvons dans l'architecture et la gastronomie de la région. Héritée d'un passé colonial n'ayant pas laissé que de bons souvenirs à la population, l'influence française est malgré tout clamée haut et fort, y compris en français, langue que beaucoup d'indiens parlent encore ici. On retrouve du fromage et des crêpes à la confiture dans les menus, des "cafés de Flore" à chaque coin de rue, ou des tours Eiffel taguées sur les murs.
Mais l'Inde est quand même là (pour notre plus grand plaisir), et nous le fait savoir à coup de craies de couleur sur le bitume : ce sont des kolams, dessinés ça et là à l'entrée des maisons pour (si l'on connaît la signification des différents motifs) souhaiter la bienvenue, annoncer une naissance, ou tout simplement célébrer la paix.
Haut lieu spirituel, la région de Pondichéry attire aussi les adeptes de la méditation et de philosophies de vie alternatives. Nous n'avons pas résisté à l'envie de découvrir cela de plus près en vivant quelques jours au sein d'une célèbre ville créée il y a 50 ans : Auroville. Ici, l'éveil spirituel et la cohésion communautaire sont le mot d'ordre, pour construire une société plus belle, libre et heureuse. Certains diront qu'il faut plusieurs semaines pour s'imprégner de l'énergie et de la philosophie du lieu, certains diront qu'une vie ne suffit pas, d'autres seront convaincus en quelques heures seulement... Ce qui est certain c'est que ce séjour nous aura marqués ; lire "1984" ou "le meilleur des mondes" est une chose. Vivre au cœur d'une utopie donne à cette idée une autre dimension !
En tout cas après ce passage dans "une autre dimension", nous n'étions pas mécontents de retourner dans l'Inde que l'on connaît, avec ses rues encombrées, ses temples majestueux, ses infatigables klaxons et ses thalis épicés. Chennai, dernière étape avant notre vol pour le Sri Lanka, nous rappelle que l'Inde est une terre de paradoxe, et qu'on l'aime aussi pour ça.