Les 23h de bus pour arriver dans la région des lacs passent par la mythique route 40 qui longe toute la Patagonie. Au départ d’El Chalten, ce n’est que de la piste pendant 4h. On a eu la bonne idée de regarder une série sur la tablette, tout ça a fini en mal de mer. C’est toujours mieux que d’avoir chopée la gastro-entérite qu’avait eu un peu plus tôt les copains. Surtout dans un bus où il est interdit de faire caca (et oui pipi only!).
Nous arrivons enfin vers 20h à Bariloche! Le temps de s'installer et de manger un bout à l'auberge de jeunesse, nous voilà repartis pour un tour en ville pour une glace artisanale. Un minimum de réconfort après autant de bus...
Au petit déjeuner, c'est confiture de calafate maison miam! Nous faisons le plein d'énergie car nous avons repéré une randonnée avec vue sur les alentours de Bariloche. Comme nous n'avons qu'un jour et demie sur place, il a fallu optimiser.
Pour commencer il nous faut une heure de bus pour rejoindre le départ au Lago Gutiérrez. Ensuite il faut le contourner et grimper jusqu'à l'objectif que sont le Refugio Frey et la Laguna Tonchek (vous allez voir les noms bizarres ça ne fait que commencer). Le début du chemin est tout poussiéreux, et le paysage ressemble à un mélange de maquis et de lacs alpin. Pas de doute on arrive à la fin de la Patagonie, le paysage commence à changer.
En montant, nous passons dans une forêt recouverte de lys sauvage, et devant un premier refuge construit en pierre sèche et moitié enterré sous le roccher.
Plus on monte, plus la végétation s'efface et nous arrivons dans un gros pierrier en dessous d'aiguilles rocheuses. En arrivant au Refugio Frey, on en profite pour pique-niquer. Ici ça grouille de grimpeurs, encore des vrais et pas des bébés grimpeurs comme nous. Alors on en profite pour sortir les jumelles et les observer dans les grandes voies.
Sur la digestion nous décidons de pousser un peu plus loin que la combe où nous sommes arrivés. Direction la Laguna Tonchek, puis un fond de vallée à grimper en forme de demi kilomètre vertical. pour atteindre la Laguna Schmoll! Ahah
Je ne sais pas si l'altitude joue, mais le nom nous a fait marrer un moment. Nous avons appris plus tard qu'il y a eu beaucoup d'immigration allemande à Bariloche (surnommé Naziland par certains). Cela explique le vieux centre ville digne de la Bavière, le développement de l'alpinisme argentin dans cette région, et les noms vraiment bizarres.
Une fois là-haut, nous n'avions vraiment pas le goût de se faire le parcours en aller-retour prévu. En plus nous voyons des gens à contresens, il doit bien avoir un chemin, joder! Allez on tente l'exploration!
Pour rejoindre Cerró Catedral, la station de ski locale où nous attend le bus retour, il a fallu passer par un chemin digne du GR20! A flan de montagne bien pentu, dans un pierrier bien instable, avec un chef cartographie (Loïc forcément) pas bien sur ça rejoigne le domaine skiable. Rien d'insurmontable, surtout quand vient planer au dessus de nous un gros condor!
Après ce moment magique, nous arrivons au niveau des pistes de ski. On aurait bien fait la descente en parapente avec les condors....mais on a que nos gambettes. Pour ne pas louper le bus, on tire tout droit, on passe par les pistes rouge et en dehors, on se fait de la rando-freeride!
Au total, nous avons marché 26km, gravit 1283m de D + et passé la barre des 2000m pour la première fois depuis la Réunion, Histoire de s'en remettre, en rentrant en ville nous allons à l'Happy hour de la cervecería Manush. Encore une recommandation du guide, en Patagonie il y a tellement de brasseries qu'ils pourront bientôt faire une route des bières. Et dans cette brasserie, les habitués ont chacun une chop, une pinte en grès à leur nom suspendue au dessus du comptoir.
Quand on se met bien avec Loïc, on se met bien! Nous enchaînons avec un petit restaurant de produits locaux. Chez Huacho on a mangé des truites cuites sur la pierre avec une sauce sucrée-salée à la betterave. Et pour terminer, passage obligé par une chocolaterie car c'est la spécialité du coin.
Même dans la région du chocolat, le chocolat noir ça n'existe pas, et tout est trop sucré! Ne prenez pas d'assortiments trop gros car ça écœure...
La mission du jour, faire une petite visite sur le lac Nahuel Huapi avant de re-prendre 17h de bus jusqu'à Santiago! Direction en bus la Péninsule Llao Llao, avec une petite vue sur le lac de temps en temps.
Échec... on se retrouve au paradis des hôtels, golf privés et catamarans promène-touristes sur le lac. Point de plage, ni de ballade même si l'on a cherché un moment. Loïc voulait se baigner, le pauvre il n'aura pas pu se geler les miches dans le lac!
Une fois à la gare routière, je m'absente deux minutes aux toilettes et retrouve mon Lolo qui a sympatisé avec un papi. C'est fou les progrès que l'on a fait en espagnol en quelques semaines.
Par contre le passage de frontière Chili-Argentine ça n'a toujours pas progressé... Cette fois ci le no man's land c'est le col qui traverse les Andes. Au poste chilien les douaniers (toujours pas agréables) nous ont fait sortir tous les sacs, bien alignés comme nous dans la file pour les passeports. Par contre les agents chargés de contrôler les sacs à la recherche de dangereux produits frais ont fait l'unanimité. Tout le monde a fait "oh il sont trop mignons" quand un golden retriever et un labrador sont venus sniffer les sacs, le sérieux en a pris un coup !
Mis à part ça, la route côté chilien est magnifique. On aura eu un merveilleux coucher de soleil avec le volcan Lonquimay et son cône parfait.
Après manger, le temps de se remettre du concert, nous allons en direction de la maison de Pablo Neruda. Sur la route, on fait un maximum d'étapes. Le premier arrêt se fait devant la Casa de la Moneda. C'est le palais présidentiel qui a des allures de la Fabrica de la Moneda de la Casa de Papel. Son histoire est bien différente, on y reviendra en parlant de la dictature. Aujourd’hui tout est barricadé à cause du mouvement social en cours depuis novembre. Idem du côté de la Plaza de Armas, où même l'église est taguée "Violador" ça se passe de traduction je crois. La tension est toujours palpable lorsque l'on passe à côté du Museo de Bellas Artes au bord du fleuve Mapocho car on peut y lire pleins de slogans tagués.
La maison de Pablo Neruda située dans le quartier des bars, Bellas Artes, La visite nous permet de respirer un peu. Elle s'appelle la Chascona ou la décoiffée, du surnom qu'il donnait à sa dernière épouse. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur lui en tant que diplomate, poète et écrivain. Bon, apparemment il avait des sous car il n'avait pas qu'une seule maison. Celle-ci est faite sur mesure, de l'architecture au jardin et à la décoration. J'ai surtout retenu qu'il faisait des blagues et des siestes à la Pépé Pierrot, des collections identiques à celle de Tata Suzanne et Tonton Paul... c'était trop d'émotions en repensant aux anciens de ma famille qui ont tant comptés pour moi...
D'un autre côté, je l'ai toujours apprécié, pas seulement en tant qu'auteur, mais sans savoir pourquoi! Maintenant je sais.
De retour de la Chascona, notre chemin tombe pile poil sur la manif! A force de voir passer les gens avec des masques de grapheurs, on s'est dit que soit il y avait beaucoup de tagueurs dans le coin soit il y avait un rassemblement en cours. Nous étions mal renseignés car c'est vendredi soir, et on nous avait expliqué que les manifestations étaient les samedis. Nous voyons passer les streets médic, tout en blanc et en protection. De l'autre côté de la route, des gens avec lunettes et bandanas ou cagoules cassent les trottoirs pour avoir quelque chose à lancer à la police. Loïc veut rester observer un moment, nous sommes en marge de la manifestation, nous ne prenons pas de photos donc on ne devrait pas faire attention à nous.
A côté de nous il y a une petite dame, qui veut bien répondre à nos questions. Elle nous explique que tout est parti de l'augmentation du prix du ticket de métro, mais ce n'est que la goutte qui a fait déborder le trop plein d'ultra libéralisme. Ici un trajet en métro vous coûte un 10ème du SMIC, donc ce n'est pas évident se déplacer... les retraites sont riquiquis quand on en a une (par exemple une femme au foyer n'aura jamais rien) et tout est privatisé depuis la dictature. Cela fait des années que les chiliens ont en gros! La dame insiste aussi pour expliquer que les gens tombent aussi dans le piège du crédit, pour avoir un voiture une belle télé ect...
Au chili le surnom de la police c'est los pacos, ou yuta. Elle rigole quand on lui explique que chez nous les policiers on les appelles les poulet, les pollos! Après cela on se dit au revoir, les bombes lacrymo commencent à pleuvoir un peu plus loin et ça monte au nez.
L'ambiance dans le quartier est un peu bizarre, comme nous débarquons nous avons l'impression que l'on va se retrouver piégés en pleine guerre civile. C'est fou comme l'imagination s'emballe lorsque l'on est dans un endroit inconnu. Nous décidons de rester dans le quartier, tant que l'on ne s'approche pas du trajet des manifestants ça ne craint rien pas vrai?
Pour le dîner, ce sera empanadas au parc Santa Lucia avec vue à 360° sur la ville, la pollution et la cordillère qui l'encadre. La brume fait plisser les yeux, on ne voit pas bien les montagnes mais les empanadas sont ricas. Le temps de finir de manger les gardes du parc débarquent tout essoufflés, car nous sommes tout en haut. La manifestation s'approche, alors ils nous font descendre et prendre le métro, prêt à fermer. On a l’impression que ça va être ultra violent là-haut dans les rues, alors qu'en dessous c’est un vendredi soir comme les autres..... bizarre.
Sur le chemin de l’avion, on doit s’arrêter pour faire quelques course pour l’Ile de Pacque où tout est plus cher. Devant le magasin il y a un groupe de reggaeton alors on s’arrête deux minutes. En fait c’est un groupe de reggaeton chrétien, et oui ça existe... « Sé que volveras ... » avec chorée crucifix ça ne trompe pas!
Au moment où on s’en rend compte, une dame nous accoste pour la messe du lendemain. Et là nous les grandes gueules athées on l'a bien fermé notre gueule. Nous avons dit que l'on était pas disponibles pour filer parce que l’on ne se sentait pas d’argumenter.Le supermarché est super blindé alors on a fini dans une petite épicerie. La dame qui la tient est haïtienne et elle était tellement contente de parler Français avec nous qu’elle nous a donné des bonnes ondes pour partir à l’aéroport. Décidément cette journée c’est les montagnes russes, une émotion différente après l’autre.Une fois la bas dur de dormir, on s’est mis dans un coin en attendant l’enregistrement à 4h du matin. Les super salons voyageurs sont dans la zone internationale, c'est uniquement pour les correspondances et pas pour les gens en avance. Du coup on était pas frais du tout au moment de passer l’embarquement et tout le toutim. Surprise il a fallu faire remplir trente six formulaires en plus pour avoir le droit de monter dans l’avion. J’ai failli craquer et leur demander si il fallait aussi se foutre à poil et tousser pour la fouille au corps! Non mais...