Départ 8 h 00 : nous sommes mentalement programmés pour encore une trentaine de kilomètres de montée avec un col à plus de 1 200 m, soit plus haut que Roncevaux. Hier, nous avons revu nos projets à la baisse. Nous n’irons pas voir la Fisnisterra et nous terminerons en trois étapes au lieu des deux initialement envisagée. L’idée de passer le col puis de dormir, flâner, baguenauder, musarder l’après-midi me met du baume au cœur.
Néanmoins, le départ est difficile. Mon genou gauche
rechigne, je suis fatiguée de toutes ces côtes. La montée est très longue et
très rude. Peu de voitures sur cette route, quelques rares vélos au départ,
dont le warrior suisse de la veille.
Puis plus personne… J’ai lâché Pierre au début de l’ascension. Au bout d’un
moment, je me demande si je suis sur la bonne route tant je m’étonne d’être
seule. La montée est rude, beaucoup plus raide que Roncevaux et nettement plus
difficile en raison de la chaleur. J’en ai marre de grimper, je mets mon
orgueil de côté et le pied à terre pour pousser mon vélo quand la pente
s’accentue ce qui me permet de profiter pleinement des paysages sublimes.
Arrivée au col, le Suisse me rejoint au bout d’un moment alors que je suis attablée devant une boisson fraiche. Nous bavardons ensemble. Toujours se méfier des apparences : il n’a rien d’un tueur et a grimpé le col en poussant longuement son vélo ! Il s’est d’ailleurs fait doubler dans un raidillon par Pierre, qui même s’il n’est pas encore arrivé, pédale vaillamment et inlassablement sans mettre le pied à terre dans les côtes ! Toutefois, ce pèlerin cycliste est parti depuis le mois de juin de chez lui, de Genève. Respect quand même !
Encore
un dernier coup de collier et nous fêtons notre dernier col (1 335 m) par
une bière bien méritée. Je me sens épuisée.
La descente très agréable et le panorama magnifique nous récompensent de nos efforts. Nous arrivons à l’étape vers 15 h. Douche, lessive puis au lit avec mes boules Quies pour m’isoler dans le dortoir. Je dors pendant 2 heures !
Le soir, nous partageons notre repas avec un sympathique marcheur belge, Sébastien, et sa compagne de Camino. Il est parti depuis 3 mois de chez lui. Nous passons une soirée très agréable en leur compagnie et regrettons de ne pas avoir pu discuter avec plus de pèlerins. Les marcheurs ont tendance à mépriser les cyclistes dont l’effort leur parait moindre.