Le personnel du train est chinois mais les contrôles sont encore assurés par des russes. Nous n'avions pas remarqué que nos visas russes vont de date à date : du 29 septembre au 14 octobre. Par contre les visas mongoles et chinois précisent juste que nous devons entrer dans le pays avant l'échéance de validité du visa soit avant 3 mois. Il y a beaucoup de touristes étrangers dans ce train, on a même l'impression qu'il n'y a que ça ! Sur le Transsibérien nous n'avions rencontré qu'un jeune finlandais.
Le train est conçu de la même façon, samovar, toilettes à chaque entrée.
Mais le petit détail est là :
Nous sommes désolées : les vitres du train
sont opaques de poussière, ça va être compliqué pour les photos.
C'est dommage car nous allons contourner le Baïkal par le sud. Il
apparaît à environ 1 heure 45 d'Irkoutsk. Le train longe ses
rives ; d'un côté le Baïkal à 15 mètres, de l'autre les
montagnes aux sommets enneigés. pendant plusieurs heures. Nous sommes en Bouriatie, les
paysages sont magnifiques, nous ne nous lassons pas, le nez collé
aux fenêtres. Nous nous préparons à quitter la grande Russie et
c'est un crève-cœur.
Nous sommes dans une plaine, il n'y a plus ni bouleaux, ni pins, des monts au loin, encore une fois ces paysages nous plaisent, nous rappelant d'autres régions du monde, la steppe africaine, les montagnes françaises... Par endroit les paysages sont arides, les monts complètement pelés, quelques villages traversés par moment avec de vieilles isbas. Cette région semble loin de tout, abandonnée de Moscou.
La beauté des paysages est régulièrement assombrie par les traces que l'homme y laisse : du plastique répandu dans la nature, Des sacs plastiques accrochés aux broussailles mais aussi des anciennes usines à l'abandon. Le trajet vers la ville-frontière Naouchki est lent, le train ralentit souvent sans que l'on puisse comprendre pourquoi.
Nous nous sommes installées à nouveau dans notre
compartiment... une impression de déjà vécu mais ce train est
moins pittoresque, nous regrettons nos voisins russes. 3
compartiments seulement sont occupés : d'un côté nous avons 3
vieilles anglaises avec un vieil anglais et de l'autre un jeune
couple autrichien. Tout ce beau monde est néanmoins
fort sympathique mais ce n'est pas pareil. De même pas de
Provodnitsa mais quand même un personnage chinois qui y ressemble en
début de wagon. Disons que sa présence semble moins essentielle. Il
a collecté, comme dans le Transsibérien, nos billets de train avant
le départ...avec le sourire qu'il conservera jusqu'à la fin de notre voyage et ça nous apprécions!
Très long arrêt à Oulan Oudé sans intérêt. La ville est , d'après notre guide, la plus plaisante de Sibérie Orientale avec un centre-ville où se mélange culture mongole, bouddhiste et bouriate. Rien de visible de la gare qui, elle même ne vaut pas le coup d'être photographiée. Ciel bleu il fait chaud !
Le Transmongolien quitte la ligne du Transsibérien peu après Oulan Oudé, à Zaudinsky. Sur la droite du train on longe la rivière Selenga qui, par moment, se partage en plusieurs bras, donnant l'illusion d'un marais.
20h00 : arrivée à la frontière, le train stoppe. Les lumières s'éteignent, il ne reste que les veilleuses. Heureusement on vient d'aller chercher une bière au wagon restaurant juste avant qu'il ferme. On sait que le passage de la frontière sera long. Donc buvons notre dernière bière russe
Frontière russe:
20h20 : les 2 wagons russes qui étaient en bout de train sont enlevés dont le wagon restaurant.
20h30 : contrôle par les autorités russes.
20h40 : nous sortons du compartiment sur ordre d'un maître chien, un labrador renifle nos affaires, heureusement nous avons tout fumé !!!
20h45 : contrôle des passeports par des policiers tendus ou qui font mine de... Le brouhaha ambiant du wagon (ce qui n'existait d'ailleurs pas dans le transsibérien dont le wagon était pourtant plein...) s'est arrêté. Les touristes ne bougent plus et ne parlent plus !
20h55 : nouveau contrôle avec des lampes de poche, on sort à nouveau du compartiment, ambiance très tendue. On a l'impression que ces contrôles sont la queue de la comète soviétique. Procédure désuète et inutile. Tout ça nous rappelle l'époque du rideau de fer où nous passions Claudette en Bulgarie et moi en Pologne. Rien n'a changé. Même ambiance, même procédure.
21h30 : nous remplissons le document pour la
douane que nous devrons remettre probablement aux douanes mongoles.
21h40 : nous changeons nos derniers roubles à une femme qui nous le propose en passant dans tous les compartiments.
21h45 ; on repart et nous sommes très contentes car nous commencions à regretter d'avoir bu une bière : les toilettes étaient évidemment fermées depuis l'arrêt du train.
Vous comprendrez que nous n'avons pas fait de photos
de ces moments. Mais le pire était à venir...
22h25: nouvel arrêt frontière de la Mongolie:
- 22h28: premier contrôle à la lampe de poche. Organisation stakhanoviste, chacun son job!
- 22h50: une femme passe signer notre déclaration à la douane et nous la laisse
- 22h55: un homme passe en courant dans le couloir en baissant tous les rideaux des fenêtres, c'est hyper violent. Dans la minute qui suit une seconde personne nous pose violemment un document à remplir sur la table du compartiment. Ambiance...Alors que nous le remplissons une 3ème personne, une femme rentre dans le compartiment, m'arrache mon stylo des mains, prend le document, mon passeport, donne un coup de pied dans nos affaires au sol en, probablement, nous demandant de les ranger ce que nous ne faisons pas: il y a une limite à l'humiliation, elle cède et récupère passeport et document de Claudette après lui avoir arraché également le stylo des mains. Elle disparait. Elle nous laisse sidérées mais nous n'avons pas peur, c'est extrêmement désagréable mais nous n'avons aucune raison d'être inquiètes, tous nos documents sont en règle. Nous assistons à ça simplement médusées. Je repense à l'auteur d' "Une si lente absence", Eric Faye, qui a décrit ce passage à la frontière. Je ressens la même colère que lui. Tout ceci est une mascarade destinée à maîtriser la situation, peut-être aussi une mascarade perverse car cette femme prend le pouvoir en tentant d'instaurer la terreur. Elle nous met en colère mais ne nous impressionne pas. C'est ridicule et triste pour la Mongolie. C'est décalé, inapproprié, anachronique.
Epilogue de ce passage à la frontière mongole: à 23h45 elle nous rapporte nos passeports, elle a explosé celui de Claudette en le triturant dans tous les sens! il ne tient plus que par quelques fils, elle nous dit quelques mots, elle en a rabattu mais reste autoritaire, nous comprenons "problem" mais nous la soupçonnons de vouloir en faire porter la responsabilité à Claudette, nous montrons notre colère, elle s'éclipse. Passeport détruit! Nous espérons juste qu'il va tenir par ses quelques fils jusqu'à la fin du voyage. Il est devenu notre chose la plus précieuse!!!! Au fait le document de la douane est toujours en notre possession????? ce qui signifie bien l'inutilité de ces procédures!
6h50 nous arrivons à Oulan Bator où nous attend notre guide de Mongolie Authentique (alias Wind of Mongolia). Seul regret avoir traversé tout le nord de la Mongolie de nuit et donc ne pas avoir pu profiter des paysages.