Après une bonne nuit de sommeil, je me prépare pour mon excursion pendant les 2 prochains jours. Après avoir laissé mon gros sac dans le « storage » de l’auberge, je monte dans le bus direction le Colca Canyon, second plus profond du monde.
Une fois tout le monde à bord, nous commençons notre voyage vers notre premier arrêt, un petite épicerie à l’extérieur d’Arequipa. La guide nous conseille d’acheter des bonbons à base de coca, ainsi que du chocolat et beaucoup d’eau pour combattre le mal d’altitude (aujourd’hui nous allons monter jusqu’à 4900m d’altitude).
La feuille de coca était utilisée par les Incas pour combattre le mal d’altitude, mais également comme coupe faim et source de vitamines. La méthode traditionnelle consiste à prendre 6 ou 7 feuilles de coca que l’on enroule pour faire un petit paquet compact, puis que l’on glisse entre la joue et les dents pour la mastiquer (entre 15 et 20 minutes avant de la recracher). Je tente donc l’expérience.
Les Incas avaient pour habitude de mastiquer ces feuilles toute la journée, mais ce n'est pas pour autant qu"ils en été dépendant. En effet il faudrait mâcher entre 4 et 6 kilos de feuilles pour développer une dépendance.
Nous commençons notre ascension vers la Vallée de Colca (située à 3600m d’altitude) en traversant des zones arides, où seulement quelques plantes grasses et cactus viennent apporter de la verdure sur cette terre rouge volcanique. Il faut savoir que la ville d’Arequipa est située au pied de 3 volcans dont certains sont encore en activité, d’où la provenance de cette teinte rouge. Pour cette ascension, je vous conseil de vous assoir sur la gauche du bus pour avoir la chance d’observer la panorama au fur et à mesure que vous montez. Splendide !
Plus loin sur la route, nous pénétrons sur un plateau désertique à plus de 4000 m d’altitude où vivent les Vicuña, la plus petite espèce des camélidés, les Alpacas et Lamas étant significativement plus gros. Sur ce plateau nous faisons un second arrêt pour déguster l’Inca Tea, une boisson locale pour lutter contre le mal d’altitude, le mal à la tête et les troubles digestifs. Une boisson qui fait son effet immédiatement, moi qui commençait à ressentir les effets de l’altitude (mal à la tête et difficulté à reprendre sa respiration).
Nous nous remettons en route vers la vallée de Colca où se trouvent les Alpacas et Lamas. Nous continuons de monter, 4000 m, 4100, 4300; lorsque nous arrivons aux alentours de 4500m, le bus s’arrête près d’un groupe de Lamas et d’Alpacas en train de se reposer. Tout excité je me précipite vers eux, mais suis rapidement stoppé dans mon élan. À 4500m d’altitude, l’oxygène commence à se raréfier et je manque de m’évanouir.
Tranquillement je reprends mon souffle, marche doucement vers les animaux pour prendre le fameux selfie. Mission réussie ! Je peux retourner au bus tout doucement. C’est incroyable cette sensation de manque d’oxygène, tout semble se passer au ralenti. Je ne sais pas vraiment comment décrire cette sensation mais, c'est comme si l'on se déplaçait sur la lunes, tout devient plus lent
Après plusieurs cols, nous voilà arrivé au plus haut point de notre excursion, une vue panoramique sur les volcans située à 4900 mètres d’altitude. C’est la première fois de toute ma vie que je monte aussi haut. Pour vous donner une idée le sommet du Mont Blanc culmine à 4810m ... Je sens mon rythme cardiaque accélérer, ma vision se brouiller et mes sens diminués par le manque d’oxygène. Il y a une odeur dont je me souviendrai toute ma vie, mais impossible de l'expliquer clairement. Quelque chose qui vous brule le nez et vous irrite la gorge, sans doute lié au manque d'oxygène. Il faut savoir qu'à partir de 5000m, il y a deux fois moins d'oxygène qu'au niveau de la mer. La guide nous conseil de ne pas rester plus de 10 minutes dehors au risque de s’évanouir. J’admire ces quelques locaux qui vivent à cette altitude, dans des conditions extrêmes.
La vue est magnifique, j’en profite pour faire quelques clichés du panorama et immortaliser ce moment de ma vie par une photo. Un moment qui restera gravé dans ma mémoire comme une réussite personnelle, mais un record que je souhaite briser dans quelques jours lors de mon ascension vers les rainbow mountains qui culminent à 5200 mètres d’altitude.
Sur la route qui redescend dans la vallée, nous faisons un stop dans la ville de Chivay (environ 3600m d’altitude), étape incontournable pour pénétrer dans le parc du Canyon Colca. Nous devons nous acquitter de la somme de 70Soles par personnes pour payer le « boleto turistico » un pass valable 7 jours pour accéder au réserves et parcs protégés du pays. À l’entrée de la ville, il est possible de discerner les fameuses agricultures en terrasses crées par les Incas, technique que certains locaux continuent d’utiliser.
En fin de journée, la guide nous propose d’aller nous baigner dans les sources d’eaux chaudes de la ville qui proviennent directement des sources des volcans. Comptez 15S pour l’accès aux 5 bassins. Je vous le conseil, le cadre est magnifique et l’experience est très relaxante.
Plus tard, je pars explorer la ville, sa Plaza de Armas et son petit marché. Tout de suite l’odeur de viande grillée et de riz cuit me prend au nez et commence à me faire saliver. Au fur et à mesure que je m’enfonce dans les ruelles, les étales changent. On y trouve de tout: des fruits, des légumes, de l’artisanat local, et même des contrefaçons du maillot du PSG ! J’en profite pour acheter des feuilles de coca afin d’atténuer mon mal en altitude (que les locaux appellent soroche) ainsi qu’un pancho en laine d’alpaga pour 95 Soles, soit 24€. C’est presque 6x moins cher que ceux que l’on trouve dans les grandes villes touristiques telles que Cusco, et 10x moins cher qu’en Europe.
Ces emplettes faites, nous décidons avec Christopher (un américain de 43 ans qui a tout quitté pour faire le tour du monde) d’aller boire un verre et faire une partie de billard. Nous serons rejoins plus tard par deux filles faisant parties de l’excursion. C’est autour d’un verre de Pisco, à 3600m d’altitude et dans une ambiance décontractée que nous terminons cette première journée.
Ce matin réveil à 5h pour un départ aux aurores vers le Canyon Colca. Le paracetamol que J’ai pris avant de dormir a fait son effet, je n’ai quasiment plus mal à la tête malgré l’altitude où je me trouve (3600m).
Aux alentours de 6h30, nous nous arrêtons dans un petit village du nom de Yanque, au bord de la rivière Colca, dans la vallée. Nous sommes accueillis par des jeunes en tenue traditionnelle, dansant autour de la fontaine. Un spectacle traditionnel lors duquel garçons et filles sont vêtues de robes rouge ou bleues. Seuls leurs chapeaux pouvaient les différencier.
Cette tradition, appelée « danse de l’amour », rend hommage à un couple dont l’amour était impossible (2 peuples différents). Pour rendre visite à son aimé, le garçon se parait d’une robe. Ainsi lorsque les parents de la fille demandaient qui était cet inconnu, celle-ci répondait qu’il s’agissait de sa meilleure amie. Une histoire qui explique pourquoi les costumes des garçons et filles du village se ressemblent autant.
Le second arrêt de la journée se trouve plus haut dans le Canyon. Il s’agit du repaire des Condors, oiseau emblématique de la région, le plus grand faisant 3m10 d’envergure. Au Mirador « cruzero del Condor », un point de vu qui surplombe le canyon, il n’est pas impossible d’assister à l’envol majestueux de l’un de ces oiseaux, « si l’on a beaucoup de chance » nous précise la guide. Je croise les doigts.
Alors que je me dirige vers le second point d’observation des condors, où personne n’était, j’entends la foule s’esclaffer et une ombre passer au dessus de ma tête. J’ai à peine le temps de dégainer mon appareil photo qu’un second condor passe à ma hauteur, suivi d’un troisième que je suis parvenu à immortaliser. Mission accomplie! J’en profite également pour faire des clichés du Canyon, le contraste entre les sommets enneigés, les pans rocailleux, la verdure des terrasses dans la vallée et en contrebas la rivière Colca est magnifique. Un paysage qui restera gravé dans ma mémoire.
Lorsque je retourne dans le bus, la guide vient me chercher en courant pour me dire qu’une trentaine de condors sont en train de voler. Je saute du bus et cours vers la falaise et là ... un spectacle que je n’oublierai jamais. Des condors partout ! Les photos parleront mieux que les mots
Sur la route qui nous ramène à Arequipa, se trouve un grand plateau de végétation sèche, où broutent paisiblement des centaines de Lama et Alpacas domestiques, gardés par leur maître. Le plateau en question se situe à plus de 3500m d’altitude. C’est incroyable de croiser tant de vie dans un environnement où tout est hostile à l’Homme: manque d’oxygène, terre incultivable, peu voir pas d’eau, températures négatives, etc.
C’est lorsque je vais dans des endroits reculés comme celui-ci que je me rend compte qu’il est possible de vivre (et non survire) en ce contentant du minimum. Pas d’internet, pas de téléphone, pas d’ordinateur. Comme quoi la technologie n’est pas indispensable. Comme disent les locaux avec qui j’ai pu discuter pendant ces deux jours, la « Pachamama » (la terre en quechua) nous donne déjà tout ce dont nous avons besoin. Une belle leçon de vie à méditer.
Ce soir je dors à Arequipa, avant de reprendre le bus le lendemain pour Cuzco, ville légendaire, point de départ du Machu Pichu, de la vallée sacrée et des Rainbow Mountains.