Les deux hautes colonnes représentent le Canada et la France, et l'amitié qui les lie. L'ensemble des piliers et la base horizontale forment également la moitié supérieure d'une croix. Le monument comprend 20 figures allégoriques représentant des valeurs telles que l'honneur, la justice et la paix. Les deux figures les plus hautes sont Justice et Paix. Une figure féminine, qui se tient seule et regarde les pentes de la crête, est connue sous le nom de "Canada Mourning Her Fallen Sons" ou "Canada Bereft". Elle est sculptée dans un seul bloc de pierre de 30 tonnes. La base du monument est gravée des 11 285 noms de Canadiens qui n'ont pas de sépulture connue en France.
La visite du site impose le respect, l'incompréhension. Les événements contemporains montrent que l'on n'a pas retenu les leçons de l'histoire. Je sors du site un peu abasourdi. La marche me fait du bien, me reconnecte à la réalité.
Fraternisation 10 décembre 1915
Dans cette période la situation des troupes en ligne était lamentable et dans certains endroits, boyaux et tranchées avaient complètement disparu sous l'eau, presque tous les abris s'efffondrèrent et notre section fut privilégiée d'avoir un abri qui tint bon (…) .Une nuit cependant qu'il pleuvait à torrents, l'eau envahit l'abri et descendit en cascade les marches des deux escaliers. Il fallut que sous l'averse quelques hommes se dévouassent pour aller établir un barrage que l'eau creva à trois ou quatre reprises (…).Le lendemain 10 décembre, en maints endroits de la première ligne les soldats durent sortir des tranchées pour ne pas se noyer : les allemands furent contraints de faire pareil et l'on eut alors ce singulier spectacle : deux armées ennemies face à face sans tirer un coup de fusil (…).Français et allemands se regardèrent, virent qu'ils étaient des hommes tous pareils. Ils se sourirent, des propos s'échangèrent, des mains se tendirent et s'étreignirent, on se partagea le tabac, un quart de jus ou de pinard. Ainsi l'on avait parlé la même langue.Un jour un grand diable allemand monta sur un monticule et fit un discours dont les allemands seuls saisissent les paroles mais dont tout le monde compris le sens car il brisa son fusil en deux tronçons sur un tronc d'arbre dans un geste de colère, des applaudissements éclatèrent de part et d'autre et l'Internationale rétentit (…).Cependant nos grands chefs en fureur, qu'allait-il arriver grands dieux si les soldats refusaient de s'entretuer : Est-ce que la guerre allait donc sitôt finir ? Et nos artilleurs reçurent l'ordre de tirer sur tous les rassemblements qui leur seraient signalés et de faucher indifféremment allemands et français (…). De plus, dès qu'on pu établir tant bien que mal la tranchée de première ligne, fut interdite sous peine d'exécution immédiate de quitter la tranchée et on ordonna de cesser toute familiarité avec les allemands.C'était fini, il aurait fallu un second déluge universel pour arrêter la guerre, apaiser la rage et la folie sanguinaire des gouvernants.Qui sait ! Peut-être un jour sur ce coin d'Artois, on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l'horreur de la guerre et qu'on obligeait à s'entretuer malgré leur volonté !Louis Barthas, Les carnets de guerre.Plus de 56 000 hommes reposent dans les trois cimetières les plus proches. Se trouver au milieu de leurs croix donne le vertige.
Si au départ ils n'étaient que des champs de croix én bois, chacun sera ensuite aménagé dans un esprit différent selon sa nationalité.Le cimetière français est volontairement grand pour marquer les esprits et sobre par soucis d'économie (la priorité était alors de la reconstruction). Le contraste est frappant avec le petit cimetière britannique à côté, tel un jardin d'Eden propice au recueillement.Dans la nécropole allemande (à / km d'ici sur RD 937 vers Arras) l'herbe haute et les arbres au naturel évoquent une forêt mythologique, paradis des guerriers. C'est la plus grande de France (44 833 soldats), sur chaque croix noire se trouvent quatre noms.