Chaque passage de frontière est un moment spécial. Evidemment, nous sommes fiers d’arborer à chaque fois un nouveau tampon sur notre passeport, mais c’est aussi une petite dose de stress, sans pouvoir l’expliquer… peut être un peu aussi que cette légère anxiété est générale et communicative.
Nous quittons Mendoza, pour un bus de quelques heures, qui doit nous mener à Santiago, notre première étape chilienne. Les paysages deviennent vite montagneux, puisque nous passons la cordillère des Andes. Sommets enneigés, forêts denses, rivières limpides, les paysages aident à faire passer les heures de trajet.
Nous arrivons à la frontière, et le moteur s’arrête… pour ne plus redémarrer. Le chauffeur peste un peu contre son bolide, mais ça ne le fait pas redémarrer. Il nous explique que nous devons patienter jusqu’à ce qu’un bus de secours viennent nous prendre (au moins 3 heures d'attente), ou bien faire du stop auprès des voitures qui passent aussi la frontière…
Nous avons déjà fais plusieurs heures de route, ce qui nous fait moyennement rire, puisque l’air est très très froid, nous sommes au milieu des pistes de ski (fermées à cette saison) et il y a énormément de vent.
Finalement, alors que quelques passagers ont trouvé des voitures ou des bus de passage, le notre redémarre enfin ! Ouf ! Nous pouvons enfin descendre vers Santiago, où nous arriverons pour sûr très tard dans la soirée… Ironie du sort, notre compagnie de bus se nomme El Rapido… manqué.
Nous arrivons au terminal de bus, et nous voulons nous diriger vers une auberge repérée sur notre guide. Comme à notre habitude, quand nous arrivons dans une ville après un long trajet, nous prenons un taxi. Quelques minutes de taxi nous en diront long sur 2 vérités du Chili : les chiliens sont adorables, et le Chili est extrêmement cher.
En effet, notre chauffeur de taxi est particulièrement sympathique. L’histoire de chaque monument croisé nous est contée, des conseils de voyageurs nous sont donnés, et nous avons des échanges chaleureux.
Le chauffeur nous indique que la plupart des gens viennent au Chili en pensant y rester 2 ou 3 semaines, mais que tous repartent au bout d’une seule, compte tenu du coût de la vie (beaucoup) plus élevé que prévu : 2 à 3 fois plus cher que dans son voisin argentin… La note de 40€ pour les quelques minutes de taxi lui donnera raison. Nous n’avons pas l’habitude de payer ce genre de montant depuis notre départ…
Par la suite de nos aventures, nous avons vérifié à de nombreuses reprises ces deux axiomes touristiques du Chili : la vie est chère, mais les chiliens sont extrêmement accueillants.
Tu verras, si tu viens à Santiago, une des choses qui te marquera sera ses façades… en particulier dans les quartiers Bellavista et Brasil. De nombreux murs de commerces sont peints et repeints dans des couleurs improbables, avec des dessins dignes de musées d’art. C’est une activité à part entière que de trouver et photographier ces oeuvres. Il parait qu’il y a un city tour piéton et à vélo super intéressant sur ces graffitis modernes, mais nous ne l’avons su que trop tard… dommage !
Nous ne nous attendions pas du tout à ça en visitant le centre. Il est difficile de se croire dans une ville d’Amérique du sud. Tout est ultra « occidentalisé » : fast food, chaines de vêtements, banques, quartiers d’affaires et 4 voies en pleine ville. De quoi satisfaire les 5,8 millions d’âmes vivant ici. Il est vrai qu’il est difficile d’adopter le centre ville de Santiago quand nous venons de petites bourgades boliviennes. En revanche, errer dans les rues remplies d’Histoire n’est pas désagréable malgré le ciel grisâtre qui n’est pas sans rappeler celui de Lima.
Nous prenons le temps de grimper sur le cerro Santa Lucia, colline historique située en plein centre, qui permet de surplomber presque toute la ville. Presque, car des immeubles (assez moches) stoppent la vue dans certaines directions, directement dans l’hyper-centre, dommage ! La colline Santa Lucia offre un bon moment de balade, malgré les marches trèèèèès raides qui mènent à son sommet. Des bancs et petits jardins sont squattés par les amoureux en quête de calme : la ville est sur pause, ici.
Au centre, il y a aussi des artistes de rue, très répandus en Amérique du sud, des places et des monuments historiques : de quoi remplir un large emploi du temps !
Il ne faut pas oublier qu’il y a quelques années encore, le pays était dirigé d’une main de fer par le général Pinochet, et que de nombreux coins de rues possèdent leurs anecdotes (pour la plupart sordides) à propos de son long passage à la tête du pouvoir.
Pablo Neruda était un poète très célèbre au Chili, pour ne pas dire icône national. Aujourd’hui, il est possible de visiter ses anciennes maisons pour mieux connaitre la vie de l’écrivain primé d’un Nobel de littérature en 1971.
Notre avis est assez mitigé sur la visite… Nous y apprenons beaucoup sur sa vie, en visitant les pièces où il aimait vivre. La visite est très personnelle, puisque ses propres meubles et babioles sont encore en place. En vrai, si tu ne t’intéresses pas à l’auteur lui même, l’attraction est assez difficile… Ronron n'y a pas trouvé un intérêt exceptionnel… désolé !
Il est difficile de ne pas parler où entendre parler de l’ancien dictateur chilien quand on passe à Santiago. Les chiliens sont très proches de leur pays, et les cicatrices du passage sinistre du général Pinochet sont encore ouvertes. Chaque bâtiment administratif possède son lot d’Histoire sur son passage, comme dans le quartier Paris - Londres, connu pour ses sinistres enlèvements et tortures.
Un musée est ouvert gratuitement au public, autour du Barrio Brasil, et rappelle sur une immense surface et ses trois étages combien fut difficile la vie sous la dictature. Tout est en espagnol, mais de nombreux recueils et animations sont à disposition afin de ne pas oublier les horreurs et terreurs vécues par les chiliens au cours du 20e siècle.
Nous étions prévenus qu’en Amérique du sud, les mouvements sociaux étaient légions et qu’il fallait s’attendre à quelques changements de plans ! Après les barrages routiers de la région de Salta, nous voilà de nouveau face à une grève. Cette fois, l’accès au Cerro San Cristobal est bloqué… Dommage, le sommet de cette colline est l’endroit où il faut impérativement se rendre pour profiter de la vue en venant à Santiago. Du moins selon les guides... Nous, du coup, nous n’en savons rien !
Nous en profitons néanmoins pour nous promener dans les rues, toujours colorées de multiples oeuvres murales.
Tout au long de notre passage sur le continent, nous avons été fascinés par les marchés. Après les cuirs et tissus du nord de l’Argentine ou les montagnes de fruits boliviens, ce sont les poissons qui sont mis à l’honneur dans le marché de Santiago. Ici, du poisson frais arrive de la côte tous les jours : les étals sont pleins à craquer et il est possible de déguster pour 3 pesos 6 sous une belle pièce de poiscaille directement au coeur du marché. Tu parles ! On s’est jetés sur l’occasion !
Située dans le quartier Bellavista, c’est là que nous avons séjourné pendant nos 2 jours à Santiago.
L’auberge était vraiment bien : superbement décorée (à l’intérieur comme à l’extérieur), calme durant les nuits, un service excellent, une auberge très très vaste et il y a même des barbecue en terrasse ! En plus d’être une des moins chères du coin…
La Chimba, une des auberges de jeunesse les mieux classés de toute l’Amérique latine sur Tripadvisor, et on comprend pourquoi !
Nous partons pour l’ouest. Pour la côte pacifique, plus exactement. La station balnéaire de Valparaiso nous attend. Là bas, il parait que la vie est beaucoup plus légère, cool et moins chère. Nous avons hâte de voir l’océan pacifique et d’être au soleil.
Valparaiso, nous arrivons !