Nous partons de Puno, notre dernière étape péruvienne, en début d’après midi. Comme d’habitude, nous nous rendons au terminal terrestre pour prendre le bus qui nous emmènera à la prochaine étape.
Pour 20 soles chacun, nous embarquons dans un bus où les jambes de Ronron ne tiennent pas vraiment, comme d’hab, mais qui nous fera passer la frontière. L’accueil de bord est infecte, ce qui n’arrange rien à la petite dose de stress (par rapport à la surveillance des bagages et la conduite des chauffeurs) que procure chaque trajet en bus, de surcroit avec un passage administratif à la frontière. Cependant, nous avançons vite. Un peu trop à notre gout : le pilote met les gaz.
Nous y sommes. La frontière entre le Pérou et la Bolivie. Il nous est demandé de (vite) sortir du bus, de passer dans une première cahute pour faire valider notre fin de séjour Péruvien puis une seconde, puis enfin de traverser la frontière physique à pied, avant de faire valider notre entrée en Bolivie, pour reprendre notre bus.
Quand t’es passé comme nous aux Etats-Unis, la frontière Bolivienne te fait bien rire. 3 pelés et 2 tondus qui errent par là, des vigiles douaniers devant la télé en tamponnant les autorisations, et des infrastructures pas toutes fraiches. Bref, tu rentres et tu sors comme tu veux.
ll nous reste 8 km de bus avant d’arriver sur la première ville Bolivienne rencontrée : Copacabana. Quelques minutes plus tard, le soleil est couché, et nous sommes déposés (avec nos bagages, ouf!) dans le centre de la petite bourgade, port du lac Titicaca.
Mise en garde : tu vas tout de suite te calmer, si tu pensais que c’était le Copacabana brésilien, tu peux repartir te faire des gaufres. Ici y’aura pas de photos de filles en string sur des plages, et le football, tu peux oublier : l’altitude est de 3800m. Tu peux quand même revenir lire la suite après avoir fait tes gaufres, y’a de biens belles photos à voir dans l’article.
Nous retirons quelques Boliviannos pour ne pas être à poil, car avec des soles péruviennes, ici, tu peux juste t’en servir de papier WC ou à la limite te faire un petit feu. Puis, nous allons demander à un hôtel recommandé par le Routard si une chambre est disponible.
Par chance, nous aurons une (très) petite chambre (si une pièce avec comme seul meuble un lit est appelée une chambre) pour la nuit. On s’en contente largement : 2€ par personne (20 Bs), c’est donné. Les toilettes et la douche restent à désirer mais pour une nuit, on s’en fiche un peu.
La nuit ne fut pas sensas’ sensas’, mais pour ce prix là, on pouvait pas avoir mieux qu’un lit en forme de cuvette.
Nous nous rendons au port de Copacabana (il ne peut pas être raté), pour trouver un billet pour nous rendre sur l’Isla del Sol. Pour 25 Bs chacun, nous avons notre siège pour le départ de 8h30.
Le trajet est assez long, 2h de bateau, et il est tentant de se mettre sur le toit pour profiter de bise marine, mais il est plus sérieux de rester à l’abris : gare aux coups de soleils, et paradoxalement, aux courants d’airs saisissants.
L’idée est d’arriver sur l’ile par le Nord, pour la traverser à pied jusqu’au sud où nous passerons la nuit. Il est possible d’arriver par le sud, pour se promener (1h30 de bateau au lieu de 2 par le nord), puis de repartir dans la demi journée. Certains sportifs pourront même arriver au nord, traverser l’ile au pas de course (bon courage, nous sommes à 4000), puis prendre le bateau dans l’après midi au Sud. Pour notre part, nous sommes là pour profiter, nous prenons l’option nuit au sud de l’ile, et nous ne le regretterons pas.
A notre arrivée, un guide nous propose de nous promener sur l’ile en nous faisant profiter de son savoir à propos des gens qui vivent ici et des habitudes de l’ile.
Nous serons guidés sur un sentier ma-gni-fi-que, surplombant différentes criques aux eaux turquoises, qui n’ont rien à envier à l’ile de beauté. Des terrasses destinées à l’agriculture tempèrent ces paysages vierges, ou presque.
Notre guide ne parle pas anglais, mais il prend le temps de bien articuler, nous comprenons tout, c’est une réelle belle visite.
Il nous emmène presque 2h durant au temple du soleil, placé presque au sommet de l’ile. D’ici, nous pouvons observer au large 3 petits ilots émergeant de l’intense bleu. Le commandant Jacques Cousteau y a découvert, au parfait milieu du triangle formé par ces iles, un temple immergé.
Honte et stupeur quand nous voyons certaines personnes du petit groupe que notre guide mène au savoir quitter l’assemblée, sans discrétion de surcroit, sans donner aucune recette à notre guide du jour. Se sauver d’une prestation en cours pour ne pas avoir à rémunérer un guide altruiste et nourri par des dons : une sorte de description de la honte. 2 brésiliens, 3 français. Comment dit-on ? Ah oui : trous du c**.
Le chemin des crêtes est un sentier situé, comme son nom l’indique, sur la crête de l’ile. Son vrai nom en jète un max : Route Sacrée de l’Eternité du Soleil… LOL. Selon la légende, c’est ici que seraient nés le fils et la fille du soleil, fondateurs de Cusco. Il rallie les deux extrémités de l’ile en 3 bonnes heures de marche, à notre niveau. Des checkpoints payants, comme des péages, sont présents le long du sentier : ils permettent de redistribuer équitablement aux différentes parties de l’ile les fonds gagnés grâce au tourisme.
Evidemment, pas un arbre, pas un coin d’ombre, un soleil tapant et souvent du vent très fort… Mais quelles vues ! Là encore, des criques turquoises splendides, des petites forets d’eucalyptus, des panoramas à couper le souffle jusqu’à l’horizon.
Les bleus rencontrés sont intenses, et au loin, grâce au beau temps, nous pouvons voir les sommets enneigés de la cordillère royale, dont certains s’élèvent à plus de 6000m d’altitude. Des panoramas comme nous n’en voyons pas souvent.
Le sud de l’ile est plus dense que le Nord, de nombreux hôtels et restaurants sont présents depuis le haut de la crête jusqu’à la rive. Nous restons ce soir sur l’ile, nous trouvons un charmant petit hôtel, propre et bien tenu, pour 80 Bs la nuit. Notre vue est splendide, au bout de nos pieds se trouve une ouverture sur le lac. On ne pouvait pas rêver mieux.
Nous attendons avec impatience le coucher du soleil. Nous grimpons sur le sommet de la crête et guettons le moment où le soleil descendra jusqu’à l’horizon. Quelques minutes s’écoule. Nous ne sommes pas déçus, probablement le plus beau coucher de soleil que nous ayons vu se trouve devant nous. Rien que pour voir ça, il est gagnant de rester une nuit sur l’ile. Il est difficile de décrire ces couleurs orangées éphémères.
Nous finissons cette belle journée en dégustant une truite du lac, devant les lueurs qui s’estompent peu à peu.
Le réveil sur l’ile est aussi parfait que le moment où nous nous sommes couchés : nous avons le lac au pied du lit, et le soleil pointe son nez en venant personnellement nous réveiller. Le lever du soleil est parfait et gracieux, les plus beaux hôtels du monde seraient jaloux d’une vue pareille, et pourtant c’est une modeste chambre d’hôte qui nous en fait profiter.
Après l’heure et demi de retour en bateau, nous allons déguster des truites en bord de lac, puis nous changeons d’hôtel, le premier étant un peu trop rustique, et nous avons besoin d’avoir une cuisine sous la main pour cuisiner nos propres repas pour gagner quelques boliviannos. Nous avons la chance d’avoir une hôte qui propose ses services pour laver notre linge : qu’à cela ne tienne, nous aurons nos sous vêtements pendus dans la cours de l’hôtel : comme une sorte de petit malaise.
Nous nous rendons devant la cathédrale de Copabana pour assister à une cérémonie qui nous intrigue depuis que nous avons lu qu’elle existait : le baptême des voitures par les prêtres de la ville.
Quand nous arrivons, des dizaines de voitures (pour la plupart des taxis) sont en train d’être bichonnées par leurs propriétaires, tous sur leur 31. Des fleurs sur les rétroviseurs, un chapeau sur le toit, des rubans de part et d’autre du pare-choc. Tous attendent que la triplette de prêtres arrivent avec leurs bassines d’eau bénite pour rendre invulnérables les bolides et leurs pilotes.
Les chauffeurs sont très croyants ici. Nous n’avons pas encore vu de voiture sans représentation de la vierge accrochée au rétroviseur central, laquelle sera caressée avant un ou plusieurs signes de croix, pour pouvoir prendre la route sereinement.
Contre un petit billet et une accolade, les prêtres s’adonnent à un complet contrôle technique béni à coup de prière et de jets d’eau. Drôle de cérémonie, pour ne pas dire surréaliste.
La courte aventure sur Copabana et le lac Titicaca s’achève. Nous nous promenons sur les rives du lac, autour du petit port, où nous profitons des dernières lueurs du soleil pour nous faire bercer par le son des vagues… Des chiens abandonnés, mais plutôt sympas, viendront quémander caresses et attention pendant notre moment de repos, sur les pontons, pieds en balançoire au dessus des flots.
Le coucher de soleil (là aussi splendide) passé, nous allons cuisiner en compagnie de notre hôte d’un soir. Charmante mamie avec qui nous apprenons quelques mots d’espagnol et avec qui nous échangeons quelques recettes de cuisines traditionnelles de nos pays respectifs. Un bon moment de partage.
Demain, nous partons pour La Paz, la plus haute capitale du monde, où de nombreuses choses nous attendent. A Bientôt !