Tu nous connais, nous sommes capables de nous perdre dans une pièce ronde... Alors pour ces 4 jours, nous avons choisi d'être accompagnés par un guide. Après avoir démarché à La Paz, la rue Sagarnaga (celle où sont installées de nombreuses agences, et notre hôtel de surcroit), nous avons choisi avec qui partir (Adolfo Andino). Nous bénéficions d'un bon prix car nous planifions en même temps deux autres excursions avec cette agence : le trek autour du Condoriri et l'inévitable route de la mort, sorties que nous ferons à notre retour du Sajama.
Nous partons avec Antonio, un homme expérimenté qui escalade aussi les plus hauts sommets de la cordillère royale. Même si le responsable de l'agence lui explique en dernière minute le chemin que nous devons emprunter, nous sommes entre de bonnes mains.
Le prix que nous déboursons pour ces 4 jours est bien en dessous de celui proposé par les autres agences. La combine est la suivante : au lieu d'affréter un chauffeur personnel, nous prenons les transports en commun qui sont certes moins confortables, mais 10 fois moins chers. Nous sommes bien sûr accompagnés par Antonio dans cette jungle routière que possède la Bolivie.
Nous avons chacun notre place mais évidemment, la place en van bolivien, ce n'est pas une place VIP du stade de France. Impossible pour Ronron de se tenir droit tellement l'espace pour ses genoux est petit.
Sajama, c’est un petit bled perdu au milieu de nul part, mais où il y a le plus haut sommet de toute la Bolivie juste à coté ! Ce sommet s’appelle, attention l’originalité : le Sajama ! Il culmine à plus de 6500m ! Toute la zone autour de cette montagne est un parc national, qui s’appelle : le parc national de Sajama. lol.
La ville est poussiéreuse et semble assez pauvre : quelques cahutes assez sommaires qui se courent après, des boutiques fermées et une places du village pas très active. Cependant, les paysages à la sortie du village sont très beaux : des touffes d’herbes sèches sortent de terre de partout et colorent la vue d’un jaune contrastant le bleu du ciel et le blanc neigeux des sommets. A notre arrivée, des lamas et des alpagas errent à quelques dizaines de mètres. Nous installons nos sacs dans notre petite chambre où nous dormirons à trois (avec Antonio) : il va y faire froid, c’est sur, c’est ce qu’en dit le nombre de couvertures que chaque lit possède.
Il est encore tôt quand nous arrivons sur Sajama, nous en profitons pour aller crapahuter à la poursuite des lamas et alpagas, tout en contemplant ce géant que convoitent beaucoup d’alpinistes. D’autres sommets enneigés que nous voyons de l’autre coté de la ville sont, tous les jours, la cible de trekkeurs et grimpeurs aguerris.
Notre première journée dans le parc commence tôt. Nous devons arriver à notre lieu de campement relativement de bonne heure, car plus tard, les forts vents se lèvent.
Marcher dans ce parc n’est pas toujours simple, ni agréable : le sol est très, très sec, et poussiéreux. Imagine-toi en train de marcher dans de la farine grise. Les chaussures et le pantalon sont très vite dégueu’… Il y fait chaud au soleil et les herbes sont très épaisses et sèches, ce qui en fait des épines assez désagréables à frôler… Heureusement, les vues sont chouettes, et les rivières à longer sont douces : il est ludique d’y chercher les truites cachées dans les eaux limpides.
Et voilà ce qui arrive quand on explique à la va-vite le circuit souhaité au guide… L’agence aurait du être plus précise ! Premièrement, nous effectuons le tour dans le sens inverse qu’originalement planifié avec l’agence… Pas vraiment grave, on est d’accord. En revanche… chose un peu plus agaçante, c’est que nous devions dormir en tente auprès des fameux geysers du parc Sajama. Finalement, le plan griffonné d’Antonio nous guide auprès d’une maison abandonnée, à 4h de marche du village de Sajama, au milieu de nul part, où il n’y a pas vraiment d’intérêts à s’y trouver.
Pour rien te cacher, je l’ai un peu mauvaise. On ne vient pas tous les jours ici, on aimerait bien voir les choses intéressantes du coin… Avec un peu de jugeote, il est facile de comprendre que nous ne sommes pas au bon endroit pour camper ce soir. Le guide se serait-il perdu ? Enervant et pas très rassurant : c’est un désert et il y fait fichtrement froid la nuit.
La frustration retombée, nous nous disons que nous décalons peut être notre programme au lendemain, étant donné que nous le faisons à l’envers. Cependant, l’idée que nous ne verrons peut être jamais les geysers commence à germer.
La nuit en tente n’est pas évidente. Il fait très sec ce qui est une bonne chose, mais il fait très froid. Cependant, nos duvets sont épais et nous tenons assez bien le manque de chaleur de la nuit, même si le sol est rocailleux et vraiment inconfortable. Nous nous levons aux aurores, Antonio nous prépare une énergisante boisson chaude : nous sommes prêts pour une nouvelle journée de marche.
Après discussions avec Antonio, nous sommes désormais surs que nous ne verront jamais les geysers. Ils ne sont pas sur notre chemin, et nous avons d’autres choses à voir. Mouais… Pas convaincus, nous en parlerons plus tard avec l’agence. Du coup, si t’as des photos des geysers, nous en voulons bien… car nous, on en aura pas à te montrer. « Disculpe ! »
Aujourd’hui, nous partons, pour commencer, pour 3 premières heures de marche en direction des relaxantes sources thermales du parc : espérons qu'elles valent le coup !
Après 3heures de marche à travers désert, terre, mais aussi marécages, nous entrons dans la zone des sources thermales. Une cholitas y lave ses linges. Les paysages sont somptueux. Des bacs naturels d’eaux chaudes et limpides embrument la zone. Nous nous empressons de régler les petits droits d’entrées (30 Bs par personne) que doivent payer les touristes (mais pas les locaux) pour avoir l’autorisation de se tremper dans les eaux littéralement sulfureuses, au pied du mont Sajama.
Il est vrai que ces lieux sont assez uniques. L’air est très froid, mais l’eau très chaude ! On se demande comment on va réussir à sortir d’ici tellement il est agréable de tourner-virer dans ces courants naturellement chauds. La vue des sommets enneigés ajoutent encore un peu de bien être à cette baignade.
Finalement, c’est armés de courage et de volonté que nous sortons nous sécher à l’abris d’un muret, avant de repartir vers le village de Sajama, notre point de départ 2 jours auparavant. 2 bonnes heures de marche sont nécessaires pour cette ultime étape de randonnée.
Ce soir, nous sommes au même point de chute que pour la première nuit. La fameuse chambre de 3 lits durs et copieusement garnis de couvertures. Ce soir, Antonio ne cuisine pas : nous allons au restaurant.
Le restaurant de Sajama… Je te vois venir, à penser que nous aurons droit à la musique de chambre pour diner, qu’une personne viendra nous remplir notre verre de vin quand il sera vide et ramasser les miettes entre chaque dégustation. Tu te plantes sur toute la ligne. C’est une pièce unique, froide et sans lumière où des PHOTOS DES GEYSERS sont accrochées au mur. La cuisse de lama sèche sur la chaise d’à coté. Très dépaysant, comme repas. C’est néanmoins bon, et nous sommes chaudement servis par la famille qui tient ce petit commerce. L’habituelle soupe est chaude et est suivie d’un steak de lama plutôt bon ! Nous sortons assez content de cette expérience de restauration atypique dans le Sajama !
L’heure du départ est prévu à 5h30 sur la place du village. Nous nous levons donc super tôt, mais ça ne nous fait plus très peur, désormais… En mettant le nez dehors, nous comprenons notre douleur : l’air y est méga turbo froid. Marchons vite ! Rejoignons vite le van qui doit ramener à La Paz !
Au point de rendez-vous : personne. Quelques minutes tard, un autre couple de touristes se joint à nous, ils sont aussi saisis par le froid matinal, et il n’y a toujours pas de camionnette en vue. Nous espérons que par ce froid, le chauffeur n’attendra pas que son van soit plein pour décoller de Sajama.
Finalement, le van arrive sur la place avec quelques minutes de retard. Ces minutes ont été interminables. Ce froid est paradoxalement brulant et nous sautillons quasi tous sur places. Nous craignions devoir attendre que le van se remplisse pour partir ? Quels candides nous sommes… Trop de monde s’est pointé ce matin c’est la course aux premiers servis ! Aie, un couple de touristes (peut être plus ?) n’a pas saisi sa chance et devra attendre le van suivant, qui ne sera que peut être demain… la loose américaine pour eux. A leur place, j’aurais trop les choco-boules.
Au final, nous sommes même trop nombreux dans le van, certains sont quasi assis sur d’autres, au moins jusqu’à l’hypothétique arrêt suivant. Pour notre part, nous sommes assis, ce qui est une chance, mais il fait froid et le chauffeur roule la fenêtre ouverte… La place pour les genoux est ridicule, et il est difficile de se dire que nous en avons pour 3 heures avant de changer de van, et peut être espérer meilleure température, conduite et position pour les jambes.
Ce jour, c’est aujourd’hui. Nous assistons une fois de plus à une démonstration en puissance de la conduite Bolivienne… La conduite ici, c’est une perpétuelle tentative de dépassement. Par la droite, la gauche, qu’importe, il faut doubler ! Nous avons même dépassé un camion, qui était lui même en train de doubler… Si nous n’avions pas le choix de nous en amuser, je crois que nous serions vraiment inquiets.
Aussi, si les gerbes de fleurs en bord de route sont plus nombreuses que les gerbes tout court dans les vans, c’est tout simplement car la conduite bolivienne te fait ravaler ta salive. Les routes ne sont pas sensas’, les voitures le sont parfois encore moins : rien ne nous rassure.
Les chauffeurs, eux, ont leur petite astuce, imparable. Il suffit de caresser la vierge accrochée au rétroviseur central, de faire quelques signes de croix : et VAMOS ! La route nous appartient ! Si par combo tu as fait bénir ta voiture à Copacabana, alors là, c’est tranquilou-bilou sur tous les terrains et par tous les temps ! De notre côté, nous sommes d’avis qu’il serait plus prudent de ne pas accorder sur ces routes plus de 50% de notre destin au tout puissant. C’est pas que je doute de toi, toi l’Omniprésent, mais je pense qu’ici et autour de la planète tu as suffisamment de travail pour occuper tes journées (même le dimanche) à protéger les chauffeurs boliviens (et leurs passagers) de leurs imprudences.
Je disais que les chauffeurs avaient leur petite astuce imparable ? Presque. Le chien qui est bruyamment passé sous nos roues ce jour là, quand nous rentrions de Sajama, n’avait rien demandé. Il était juste en train d’accompagner son maitre de 5 ou 6ans, sur le bord de la route.
Les quelques occidentaux du van sont encore un peu abasourdis par la scène que nous avons rencontrés durant notre trajet. Peut être aussi par la non-réaction des locaux, pour qui rien ne semble anormal…
Quoi qu’il en soit, le monde a continué de tourner. Il a même neigé sur El Alto pendant notre absence. Les banlieues sont semi-boueuses, semi-enneigées. Des torrents de neige fondue dévalent le long de l’asphalte difforme et on imagine mal les difficultés que doivent rencontrer les gens qui vivent ici par ces conditions météorologiques…
Nous nous rapprochons du centre et la chaleur citadine a fait disparaitre tous les flocons. Ici, le sol est à peine humide, et l’activité bas son plein, comme d’habitude, comme dans chaque capitale du monde.
Nous rentrons nous reposer sur La Paz, une petite journée, avant de repartir après demain pour un trek dans la cordillère royale. Pour te faire patienter jusqu’au prochain article, voici une vidéo que yoyo à fait rien que pour toi ! Enjoy, et n’hésites pas à nous laisser tes questions et commentaires en dessous !
Bises à vous
La musique te prend la tête et tu n'arrives plus à t'en sortir ? Dis toi que cette chanson passe de par-tout depuis que nous sommes arrivés en amérique du sud. Alors il n'y a pas de raison de ne pas t'en faire profiter aussi, mi corazon !