3h de bus au dessus de El Calafate, El Chalten est un petit village très calme, au coeur d'une vallée entourée de hauts sommets parfaitement illuminés en cette fin de journée où nous arrivons. Yoyo aura tout de même un peu de mal à se remettre du trajet : elle chutera à la descente du bus. Plus de peur que mal, quelques bleus sur le derrière, mais rien de grave !
Dans El Chalten, les maisons ne dépassent pas un étage, chacune d'elles possède son petit lopin de jardin et les pâtés d'habitations sont mathématiquement rectangulaires. A l'heure où nous arrivons, il fait encore très bon et chacun sort son baril d'acier coupé en deux pour y allumer un barbecue de soirée.
El Chalten, qui est également le nom donné par les amérindiens patagoniens du Fitz Roy, signifie "sommet de feu" ou "montagne enfumée", à l'image de son sommet souvent nimbé de nuages. Perito Moreno et Carlos Moyano renommèrent le glacier en hommage du capitaine Fitz Roy.
En vrai, El Chalten, c'est le pied pour les randonneurs. Les randonnées sont pour la plupart d'une journée (environ 7h de marche aller/retour, tout de même), dans chacune des directions autour d'El Chalten. Pour nous, ce sera douche et repas chauds tous les soirs à l'auberge, mais des bivouacs sont possibles dans le parc ! De nombreuses lagunes d'altitude sont les objectifs de ces randonnées. Les terrains ainsi que les difficultés de marche sont variés.
Aussi, c'est une belle surprise d'apprendre que le parc dans le lequel nous allons randonner est gratuit ! Depuis notre arrivée en Amérique du sud, tous les parcs sont payants, et l'Argentine monte les prix sur les circuits les plus touristiques (El Calafate et le glacier Perito Moreno en pole position).
Le propriétaire de notre agence prend le temps de nous expliquer les chemins possibles pour demain. Nous décidons de commencer molo pour notre premier jour de trek ici. 7h de marche jusqu'à la Laguna Torre, ça suffira amplement !
Le Parque Nacional de Los Glaciares offre aux randonneurs comme nous (c'est à dire du dimanche), de belles pépites naturelles... si les conditions climatiques sont bonnes ! En effet, cette région est décrite comme particulièrement instable : les nuages peuvent rendre la vue impossible et les vents terriblement forts décourageraient même les plus émérites. Par chance, ce matin, pas un nuage à l'horizon ! Le tee shirt sera très apprécié !
Nous prenons le départ vers 9h30, donc relativement tard, nous le concédons. Depuis le village même, les chemins sont particulièrement balisés. Il n'est pas possible de se perdre !
Sur le chemin, nous apercevons un petit éventail de flore de la Patagonie. Nous avons même la chance de repérer une petite chouette (nous avons la vue affutée depuis nos excursions dans la jungle du Pérou ainsi que dans la pampa bolivienne).
Quel bonheur de pouvoir randonner sans être chargés de moulte litres d'eau. Une petite bouteille suffit car tu peux te servir à même la rivière dans le parc. Quoi de mieux que de boire l'eau à même la source après 3 mois sans même laver les légumes à l'eau du robinet ?
Le temps passe, nous enchaînons les kilomètres. Les paysages varient au fil des pas. Petit à petit, nous nous rapprochons du glacier au fond de la vallée. Il est au pied des Torres, les 3 pointes de roche impressionnantes.
Le soleil est bien présent, la peau commence à se colorer ! Nous avons vraiment de la chance d'avoir cette météo !
Nous arrivons plus rapidement que prévu et en pleine forme à la laguna Torre. La météo étant plus que sympa nous prenons le temps de pique-niquer sur les berges de la lagune et admirer le glacier plongeant dans ses eaux. Nous en profitons même pour faire une petite sieste. Il n'y a étrangement pas beaucoup de marcheurs, nous sommes tranquilles pour contempler les icebergs flottant sur la lagune.
Si nous devions trouver un inconvénient à cette rando, ce serait que le chemin soit en aller/retour. Il est toujours plus difficile d'avancer motivés en connaissant le trajet : il parait vraiment plus long ! Yoyo n'est d'ailleurs toujours pas très douée avec ses pieds et manque plusieurs fois de trébucher sur le chemin...
Malgré tout, les paysages ne sont pas moins beaux au retour. A nouveau, nous traversons de grands espaces, puis de petites forets plus ou moins denses et nous croisons de petits ruisseaux : la nature vraie !
Balade plus qu'agréable ! Nous sommes fatigués et marchons comme des petits vieux mais nous sommes ravis ! Le chemin, comme prévu, n'était pas sujet à beaucoup de dénivelé, ce qui nous satisfait parfaitement ! Nous avons fait l'intégralité de la randonnée en moins de 6 heures ! Deviendrions nous de bons marcheurs ? Pas de réjouissance : la rando de demain, elle, devrait être plus copieuse.
Nous profitons du soleil encore bien présent pour aller boire une bonne bière fraîche en terrasse. Ça y est, nous sommes en vacances !
Une fois de plus devient coutume, nous nous préparons une bonne assiette de pattes pour reprendre des forces pour demain ! Les yeux se fermes vites, bonne nuit.
Deuxième jour de rando autour de El Chalten ! Nous décidons de rendre la tâche un peu plus délicate qu'hier. Cependant, pour éviter de faire une rando en aller-retour, nous décidons de prendre une petite navette qui nous permet de démarrer la marche plus loin, pour réaliser un trajet direct.
Aujourd'hui, 8 heures de marche sont prévues, avec une belle pointe de dénivelé sur une partie du parcours.
Nous avons encore aujourd'hui de la chance sur la météo. Malgré le vent assez frais, nous avons presque tout le temps la vue sur notre objectif : la lagune au pied du Fitz Roy.
Le vent est fort, nous ne pouvons plus marcher en t-shirt, la polaire est de rigueur ! Comme hier, nous sommes agréablement surpris de voir que le parc est merveilleusement bien organisé : des campings et bivouacs gratuits sont disponibles tout au long du parcours.
Après 2 petites heures de marche, nous arrivons au pied de la montagne que nous devons grimper pour atteindre la laguna de los tres, au pied du Fitz Roy. Nous savions qu'une grosse côte doit être franchie pour arriver à notre objectif. Cette étape s'impose devant nous comme un mur, sur lequel serpente un sentier rocailleux et délicat. La prochaine heure va être difficile.
Effectivement, nous en bavons. Les dernières 20 minutes sont très difficiles. Le chemin est très accidenté. Nous ne nous plaignions cependant pas devant l'équipe du Parc qui déblaye et retravaille le sentier. Bravo à eux ! Le vent est fort, frais, et il faut être fichtrement motivé pour arriver jusqu'ici et travailler !
A notre arrivée au sommet, la lagune se dévoile. Le vent est encore plus fort, et le Fitz Roy est voilé, malheureusement... Nous prenons quelques photos, mais nous ne traînons pas trop. Nous décidons de prendre notre pause casse-croûte après la descente.
Pendant le chemin qui descend, nous savourons tout le dénivelé grimpé lors de la précédente heure, les paysages sont magnifiques et nous contemplons toute la vallée. Intérieurement, nous sommes rassurés de voir que ceux qui montent à leur tour sont pour nombreux exténués. Certains semblent dépités quand nous leur disons que 20 minutes de grimpette sont encore nécessaires pour atteindre la lagune.
La descente, mine de rien, est au moins autant éprouvante que la montée : les genoux prennent vraiment du dégât. Nous ne pouvons cependant pas trop traîner, l'ombre que les nuages amènent nous poussent à craindre une éventuelle pluie et 4h de marche nous attendent encore...
Pour faire passer le temps, et enchaîner les kilomètres, Yoyo aime jouer à faire deviner un personnage. Ronron est nul, mais il faut avouer que le temps passe plus vite !
Les deux dernières heures de marche sont au milieu de paysages exquis ! Rivières à traverser, lagunes diverses, oiseaux ou lapins qui détallent. Les jambes se font vraiment lourdes, nous marchons comme des anciens.
A la fin de la rando, nous nous autorisons une petite pause gustative au village : une énorme gauffre au chocolat ! Après cette journée sportive, nous l'avons mérité ! Nous sommes fiers d'avoir bien marché. Presque que nous recommencerions ?
Nous sommes dans notre 3ème jour à El Chalten. Nous pensions aller faire une petite ballade de décrassage aujourd'hui. Cependant, le vent est atroce. Il est difficilement descriptible.
Nous sortons faire une course, il est dur de marcher de façon rectiligne tellement les bourrasques nous ballottent à leurs grès. C'en est presque ludique !
En rentrant, décoiffés, nous en discutons de façon amusée avec notre propriétaire d'auberge. Qui nous assurera que le vent du jour n'est qu'une petite brise matinale, que nous n'avons rien vu du vent qu'il peut souffler ici. Nous avalons sèchement notre salive, rien qu'en pensant aux vents presque stellaires qui fouettent les plaines Argentine. Nous sommes refroidis et décidons de passer la journée au chaud !
Sur le chemin d'El Calafate, nous sommes étonnés et attristés du nombre de guanacos morts sur les clotures qui bordent la route...
De ces jours à randonner à El Chalten, nous gardons d'excellents souvenirs : parc bien entretenu, chemin dans l'ensemble bien indiqué (on a eu un peu de doute sur un panneau quand même), eau fraîche directement à la rivière et gratis (un vrai luxe). Nous avons eu de la chance sur la météo, ce qui n'est pas négligeable, tous n'ont pas du avoir la même aubaine !
On recommande chaudement l'auberge Aylen-Aike Hostel.
... Une petite vidéo pour finir