Nous sommes partis de Valparaiso, hier soir. Nous avons passé la nuit en bus et nous arrivons au terminal de Puerto Montt, ville côtière 1100kms plus au sud. Nous prenons une navette qui nous mène à l’aéroport, où nous avons réservé une voiture sur Internet il y a quelques jours. La voiture personnelle est presque le seul moyen d’aller visiter l’île de Chiloé correctement. Qu’à cela ne tienne, nous serons libre et feronts les itinéraires que nous voudrons !
L’île de Chiloé se trouve à 80km de Puerto Montt, une autoroute toute fraiche nous y mène. L'asphalte est propre : une fois n’est pas coutume, en Amérique du sud… même si au Chili, les infrastructures semblent globalement beaucoup plus développées qu’ailleurs.
Le seul moyen d'entrer sur l'île est de prendre le ferry de Pargua. Pour 10700 pesos chiliens (13€), notre voiture (et nous dedans) est à bord pour la traversée.
Il fait assez gris quand nous débarquons. Ici, il ne faut pas trop s'attendre à des journées pleinement ensoleillées. Il est même conseillé de prendre une veste imperméable en cas d'excursion de plus d'une heure. Voyons le bon coté des choses : il fait beau plusieurs fois par jour.
A peine débarqué sur l'île, nous nous dirigeons vers notre premier stop : la pinguinera. A quelques kilomètres de la ville d'Ancud, il est possible de profiter d'un petit tour de bateau autour d'ilots pour admirer des petites colonies de pingouins et d'autres espèces maritimes. Rouler sur la plage en voiture pour atteindre le point de départ du bateau est un petit plaisir.
Le tour en bateau dure 30 minutes, et coûte 6000 pesos chiliens par personne (8€ environ). Ce n'est pas donné, ou plutôt : nous ne sommes pas encore vraiment habitués à ce genre de tarif après 2 mois au Pérou et en Bolivie. Les pingouins sont bien là : ils nagent, font leur toilette et errent de leur démarche si caricaturale. Une loutre vient faire son spectacle à quelques mètres du bateau.
Le vent est très fort, il y a du crachin, et dès que nous nous ouvrons un peu sur le large, l'océan est très agité. Finalement, 30minutes, c'est peu, mais suffisant.
Après une nuit très froide à Ancud (sauf pour Yoyo qui avait un matelas chauffant, merci l'auberge Chiloé Austral Hostel), nous partons en destination de Castro, la plus grande ville de l'île, située au centre est de Chiloé.
En chemin, nous voulons profiter des différents paysages rencontrés : la location de voiture s'avère être le bon choix pour vraiment avancer à notre allure !
L'île de Chiloé est traversée par une route principale, que nous empruntons pour une petite durée. Cependant, vu que nous voulons faire une halte à Chepu, nous nous retrouvons très rapidement sur une route de terre. L'île est encore très majoritairement sillonnée de chemins ruraux.
La route que nous empruntons est une succession sans fin de montées raides et de descentes abruptes. Nous ne croisons que très, très peu de véhicules en contre-sens : l'île n'est que peu touristique. En revanche, tout au long de notre route, nous nous arrêtons devant quelques petites attractions de campagne : troupeaux, animaux de ferme et paysages variés.
En chemin pour Castro (qui se trouve au milieu-est de l'île), nous souhaitons faire un détour par Chepu, une bourgade sensée être pas mal selon nos guides. Chepu se trouve au milieu-ouest de l'île. Il n'est logiquement pas compliqué de se tromper de chemin, puisque nous ne rencontrons aucune bifurcation sur des kilomètres et des kilomètres de terre.
Nous profitons à nouveau de beaux paysages ruraux plongeants le plus souvent sur l'océan pacifique. Comme annoncé, nous avons des brèves périodes de pluie, entrecoupées par quelques minutes d'ensoleillement. Toute ressemblance avec la Bretagne serait complètement fortuite, évidemment.
Finalement, nous ne saurons jamais si nous nous sommes plantés de route, ce qui est entre nous peu probable, ou si Chepu n'est en fait qu'un lieu "symbolique" (un parc, une étendue, une vallée...). Nous nous sommes rendus au lieu qui nous semblait être Chepu, mais... rien ne nous indiquait que nous y étions vraiment.
Sur notre route, nous croisons un papy à qui nous demandons où nous pouvons nous restaurer un peu à Chepu. Il n'a pas caché son étonnement face à notre question, en nous répondant que non, il n'y a pas de quoi manger à Chepu. Le mystère reste entier.
Qu'à cela ne tienne, nous prenons le papy avec nous dans la voiture pour le déposer une dizaine de kilomètres plus loin à l'endroit où il se rendait. Il est parfois difficile de comprendre ce que Papy raconte : l'accent chilote est très prononcé, et il manque aussi peut être quelques dents à notre passager.
Papy est très fier de nous montrer les travaux en bord de route. Il nous explique que bientôt, cette partie de l'île sera approvisionnée en eau potable. Eh oui... l'eau potable est encore un luxe chez beaucoup de gens dans cette région ! Nous comprenons aussi (heureusement) les explications de Papy concernant le chemin à prendre pour notre prochaine destination : Castro.
Castro est la "capitale" de l'île de Chiloé, avec ses 40000 habitants (pour 155000 au total sur l'archipel). Nous y arrivons dans l'après midi après quelques heures de route, et le ciel est toujours grisâtre.
D'emblée, quand nous arrivons, nous nous trouvons face aux maisons sur pilotis qui font la réputation de l'île. Ces maisons se font appeler ici Palafitos. Voici quelques photos de ces quartiers flottants. A marrée haute, les couleurs se reflètent dans l'eau. A marrée basse, l'eau est reculée et elle laisse place à des plages grises.
Comme nous en avons pris l'habitude depuis quelques temps, nous nous pointons sans réservation pour nos nuits. Nous tentons notre chance en quadrillant les quartiers du centre à la recherche d'un panneau indiquant une auberge. La voiture personnelle est un vrai plus pour gagner du temps !
Nos premières recherches ne sont pas fructuantes... les auberges pour lesquelles nous nous arrêtons sont complètes. Les prix sont assez élevés, nous commençons à nous faire à l'idée que le budget journalier alloué devra être dépassé...
Finalement, nous trouvons une petite mamie qui dispose de chambres à louer. Pour 20000 pesos chiliens (25€), nous avons une chambre à deux petits lits pour la nuit. C'est simple, mais cela nous convient car nous sommes très proches de la place centrale.
Nous sommes très vite au centre, qui est très animé. L'église jaune et violette (jaune et violette, oui), est l'attraction principale de la place. Nous reviendrons en fin d'article sur la particularité des églises de l'île, elles valent un paragraphe à elles toutes seules !
Nous descendons sur les rives, proche des plages. C'est la marrée haute et les maisons sur pilotis en face des navires de pêche sont très photogéniques.
C'est en suivant un lion de mer qui longeait la rive que nous rencontrons 3 chilotes en train de boire une bière au bord de l'eau. Ce sont 3 marins qui partagent la fin de journée, nous engageons la discussion.
Nous parlons un peu de tout. De notre passage sur l'île, de la vie en France, de la vie ici... Ils connaissent même des chansons de Charles Aznavour ! Les trois compères sont sympathiques, nous sommes reçus une nouvelle fois merveilleusement bien par les chiliens.
L'histoire chilienne est complexe, difficile de surcroit. L'élégance oblige implicitement les visiteurs à ne pas parler du général Pinochet en présence des chiliens. Si ce sujet difficile doit être abordé, il faut qu'il soit lancé par un résident du pays, c'est comme ça que cela se fait. Un de nos trois marins nous explique que le Chili est un beau pays, que chacun sera reçu dignement par les chiliens (ce que nous vérifions depuis notre arrivée), mais que la vie n'a pas toujours été facile. Il aborde la période de la dictature : les enlèvements et les tortures plongeaient les chiliens dans une terreur permanente.
Qui aurait cru qu'un grand gaillard comme lui se mettrait à pleurer comme une madeleine en tentant de continuer ses récits ? Ses camarades le réconforte en le prenant dans leurs bras et en nous indiquant que les chiliens sont très marqués par cette période, comme pour s'excuser de nous mettre mal à l'aise dans cette rencontre surréaliste.
Une leçon de vie.
Nos amis chilotes remis de leurs émotions, nous reprenons notre chemin sur les rives. Notre estomac s'étant réveillé, nous partons en recherche du plat traditionnel chilote : le curanto. Même si nous avons de plus en plus faim, nous photographions tout de même en chemin quelques jolies vues.
Nous trouvons un restaurant pour manger le curanto. Il s'agit d'un mélange d'un peu tout ce qu'on peut trouver sur l'île : fruits de mer, patates, viande, saucisses, le tout servi dans un seul et même plat. Aussi, ce plat est traditionnellement cuit dans la terre, posé sur des cailloux très chauds. Mais très, très peu de restaurants le cuisinent encore de cette façon...
L'assiette est suffisamment copieuse pour n'en prendre qu'une et se la partager à nous deux.
Après une nuit à Castro, nous prenons la route. Pour cette dernière journée sur l'île, nous voulons longer la côte est et nous rendre sur la toute petite île de Quinchao.
Nous embarquons à Dalcahue en voiture sur un ferry pour les quelques dizaines de mètres qui séparent l'île de Chiloé de l'île de Quinchao. Rapidement sur cette nouvelle île, nous nous arrêtons à Curaco de Velez, petit village de pêcheurs et de fermiers.
L'île est petite mais suffisamment grande pour abriter au moins 2 petites villes. Nous nous dirigeons vers Achao, autre bourgade très très calme de l'île, où des gens cuvent d'une nuit trop alcoolisée sur la plage, et où en même temps, la messe bat son plein. Curieuse opposition.
Notre petit tour sur l'île de Quinchao se termine vite. Nous reprenons le ferry de retour vers Chiloé.
Nous nous dirigeons vers le nord de l'île en longeant la côte Est, et enchainons les kilomètres tout en réalisant quelques stops comme à San Juan où les longues plages (en marrées basses) sont bordées de multiples fleurs rouges et oranges. L'église de Tenaun, bleue et aux motifs étoilés est aussi un arrêt intéressant, surtout pour Yoyo qui veut vraiment voir cette bâtisse si typique de l'île. Le soleil est bien présent, alors nous en profitons ! Les routes sont comme la plupart du temps sur l'île, en terre.
Après un bref passage par Quemchi, nous nous dirigeons vers Chacao où se trouve l'embarcadère pour le continent.
L'arrivée des espagnols a aussi laissé une emprunte sur l'île de Chiloé. Des églises furent construites au XVIIe et XVIIIe siècle. Ces églises sont désormais l'attraction phare de l'île : leur architecture est unique du fait de leur entière construction en bois ! L'archipel compte plus de 300 églises dont 16 sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.
Au cours de notre trajet, nous nous arrêtons dans les (toutes) petites bourgades à la recherche de l'église qui nous offrira de belles photos. C'est un petit jeu sympa (bien qu'il faille enchainer les kilomètres de chemins de terre) de rechercher ces églises perdues. Voici une petite sélection de celles rencontrées.
Si tu veux en savoir plus sur ces églises, je t'invite à aller voir sur la page wikipedia de ces constructions.
Après 3 jours passés sur l'île, nous retournons sur le continent. Nous passons ce soir une courte nuit sur Puerto Montt, la grande ville du coin. Comme souvent (pour ne pas dire toujours), nous préparons des pâtes pour le diner. Un italien de passage dans notre auberge insistera pour prendre en charge à sa façon la préparation du repas. Il est marrant et triste à la fois de s'avouer que ce sont les meilleurs pâtes que nous mangeons depuis notre départ... Viva Italia !
Demain matin, nous partons pour Bariloche, en Argentine, où de nouvelles aventures nous attendent !