Nous prenons la route très tôt ce matin, n'étant pas tributaires de l'heure souvent tardive du petit-déjeuner quand il est inclus dans la nuitée. Ce n'est pas forcément un avantage car la brume se transforme rapidement en brouillard épais, qui ne nous permet pas de profiter du paysage. Nous passons les premiers fjords sans en voir grand chose. Pour donner au ciel la possibilité de se découvrir en milieu de matinée, nous faisons halte dans le petit village de Breiðdalsvík. Une visite au centre de produits artisanaux et nous avons pratiquement vu toute la ville ! Le commerce local, façon ancienne, n'ouvrira qu'à 10 h.
Nous continuons de rouler dans la brume quand, au détour d'un virage, nous découvrons de magnifiques nuances de bleu : celui du ciel et des rivières, puis celui, plus profond, du fjord. C'est magnifique, enfin !
De longue date, les pêcheurs français, bretons de Paimpol en particulier, sont allés pêcher la morue près des côtes d'Islande. Entre 1825 et 1930, ils se sont petit à petit installés dans le fond du fjord, de Stodvarfjordur, à Faskrusfjordur; Le village en conserve de nombreuses traces, avec les noms des rues écrits dans les deux langues, un musée consacré aux pêcheurs, une chapelle et un petit cimetière. Ce sont 4 à 5 000 marins qui sont disparus en mer pendant toutes ces années. Un quarantaine d'entre eux, ainsi que quelques belges, sont enterrés ici. Au musée, que nous avons visité, on a pu voir des copies de lettres émouvantes qu'un jeune papa écrivait à sa femme, demandant si sa fille d'un an avait fait ses premiers pas. La dernière lettre date d'avril 1898 et il a été enterré le 18 mai de la même année. Nous pouvons aussi voir les moyens mis en œuvre pour porter secours aux marins et les soigner, ainsi que la reconstitution d'un quartier de vie d'un bateau de pêche.
Faskrusfjordur dispose d'un petit supermarché, nous en profitons pour acheter notre déjeuner, que nous prenons dans le petit coin aménagé à cet effet.
Pour rejoindre la grande ville d'Egilsstadir, nous avons le choix entre la route qui longe le fjords et la côte, ou un raccourci conséquent qui emprunte un tunnel de 6 km. Le choix est vite fait, mais la route n'est pas surfacée sur toute la longueur et nous devons faire deux portions d'une dizaine de km sur une route terre/pierres. Et comble de malchance, la brume refait son apparition; heureusement pas très longtemps.
Hier soir, j'ai constaté que l'hébergement que je visais à Egilsstadir était complet et que les autres affichaient des prix rédhibitoires. Nous décidons d'aller vérifier sur place et c'est hélas confirmé, ainsi que deux autres adresses à prix raisonnable. Du coup, vite, une réservation Booking pour un appartement à 15 km de là, avant qu'il ne disparaisse lui aussi. Cette indisponibilité s'explique sans doute par l'arrivée ou le départ d'un ferry qui fait la liaison Danemark/Islande (en trois jours...) deux fois par semaine et arrive dans le port tout proche.
Quand nous arrivons sur place, il n'y a personne, tout est fermé et les lieux paraissent désertiques. Enfin, quelqu'un arrive, mais ne trouve pas notre réservation, qui n'apparait pas encore dans le système. Bon, tout finit par s'arranger et nous sommes bien installés, avec la nature tout autour. On a même une table et des chaises sur notre petite terrasse et on pourrait presque dîner dehors, car il fait un bon 19°, alors que nous n'avions que 9° ce matin. C'est la chaleur !
J'ai vite réservé deux nuits pour notre prochaine étape, afin de ne pas subir les même déboires.