Nous venons de passer la nuit dans le bus, sans chauffage, pour nous rendre sur Sucre. C’est pas évident de dormir, j’te le cache pas, mais Yoyo s’est armée d’un bon duvet pour la nuit. « everything went better than expected ». Il est encore tôt, pas plus tard que 9h du matin quand nous arrivons au terminal de bus de Sucre. Nous avons repéré sur notre routard une petite auberge qui nous conviendrait pour séjourner dans cette ville. Fatigués, nous prenons un taxi. Une fois n’est pas coutume, toutes les chambres sont occupées, nous devons patienter jusqu’à ce qu’une d’elles se libère. Qu’à cela ne tienne, nous en profitons pour aller petit déjeuner en centre ville !
Le centre est ravissant avec ses parcs et ses bâtiments coloniaux d’une blancheur éclatante. En revanche, les offres de petits déjeuner sont très occidentales… d’autant plus qu’aujourd’hui, c’est férié, et qu’un bon nombre d’offices sont fermées !
Par chance, une mamie nous rencontre en train de nous questionner devant les cartes de casse-croutes des terrasses. Elle nous indique que le centre est assez cher, qu’il est mieux de se rendre directement dans le marché, où des stands de petits déj’ se tiennent chaque matin. Très sympa, cette mamie ! D’autant plus qu’elle nous propose de nous y accompagner pour nous montrer le chemin ! Nous avions lu que les Boliviens étaient plus hermétiques que les péruviens pour accueillir les touristes, nous avons au contraire été ravis de l’accueil de ces gens !
Nous nous retrouvons assis sur une petite table, au milieu de la cohue matinale bolivienne. Tout le monde vient pour déguster son petit déjeuner. Comme tous, nous prenons les mets traditionnels. Nous commandons cependant sans trop savoir ce que nous aurons sous le nez, mais nous sommes là pour découvrir tout ça !
Une jeune fille nous sert des Pastelles de quesos, sorte de bugnes dans lesquelles se trouve une (très) fine couche de fromage, que les locaux ont l’habitude de recouvrir de sucre glace. Le traditionnel Api nous est aussi servi (eau de cuisson de maïs avec de la cannelle), extrêmement chaud, mais c’est comme ça qu’il se boit. Pour 10 BL, nous avons notre petit dej’ !
Notre chambre est désormais prête, nous en profitons pour rattraper un peu le sommeil perdu dans la nuit passée en bus. Requinqués, nous partons sac au dos pour nous promener dans le centre.
La place centrale, nommée Plaza 25 de mayo, est très boisée, et de nombreux bancs sont à disposition des badauds. Nous profitons de la bonne température et de la quiétude de la place. Une très jeune fille de 8ans vient discuter avec nous, d’un air décomplexé. Nous lui donnerons un billet d’un dollar pour sa collection de monnaie étrangère.
Après quelques rues de traversées, nous retournons au marché pour le repas du midi. Il y a des stands de plats traditionnels ! Au menu, chorizo chaud, riz et patates. Tous assis sur des grandes tables collectives, nous dégustons notre assiette. Economique et efficace. Nous profitons d’être au marché pour acheter les ingrédients de notre repas du soir : la cuisine de l’auberge est à disposition.
Le repas est expédié, nous continuons notre promenade dans le centre, pour nous rendre dans le parc Simon Bolivar, très fréquenté par les locaux (surtout le dimanche). On y trouve de tout, des parts de gâteaux énormes, des manèges pour enfants, des balades à cheval et bien sur de nombreux bancs sur lesquels nous nous asseyons pour regarder les gens, tout simplement. Des attractions sont bien curieuses… des voitures tirent des carrioles reconverties en simili-engins volants remplis de gamins. Un bon moment de détente.
Enfin, avant de rentrer à notre auberge, nous passons dans une petite agence du centre pour organiser l’excursion que nous souhaitons faire demain. Pour rappel, c’est férié aujourd’hui, peu sont ouvertes alors nous ne faisons pas la fine bouche. Nous choisissons la première agence visitée, tous les lieux à voir sont inclus dans le tour, on ne se prend pas la tête.
Le départ est relativement tôt. Le patron de l’agence passe nous prendre à l’auberge avec son 4x4. Finalement, il laisse le volant un peu plus loin à son grand fils, accompagné de son petit frère, 15 ans qui sera… notre guide pour la journée. LOL. Et oui…. jour férié : peu de guides disponibles, on fait travailler la famille ! Niveau légalité, on s’interroge, mais bon…
Nous prenons notre petit déjeuner devant l’église de Chataquilla. Assez atypique : de briques rouges, et de jointures vertes. En forme, nous pouvons commencer le chemin de l’inca.
Au temps inca, de nombreux chemins furent construits pour rejoindre Cusco à travers les sommets. C’est la raison pour laquelle on trouve des chemins de l’inca un peu partout en Amérique du sud.
Celui que nous empruntons est moins impressionnant que celui que nous avons utilisé lors de notre inka jungle trail, mais il a le mérite d’être uniquement en descente. Un peu moins de 1000m de dénivelé à faire en marches de pierre parfaitement agencées, comme nous ont habitués les incas. La vue est splendide : des contrastes rouges et verts sont visibles à perte de vue, tout au long du chemin de l’inca.
Curiosité géologique : le cratère de Maragua. Avant il y avait un grand lac ici, c’est pourquoi nous trouvons des strates curieuses tout autour. Les différentes couleurs des niveaux sont une curiosité supplémentaire au lieu. Ce cratère est une des attractions phares de la région. Pas étonnant, c’est chic !
Après une nouvelle période de pistes en 4x4 et un repas, nous pouvons partir marcher dans ces vallées presque arides, sèches et très chaudes. Il existe un endroit où des dinosaures ont laissé leurs empruntes de pas dans de la roche, plus loin dans la vallée. C’est là qu’on doit se rendre. Cet endroit s’appelle Ninu Mayu, ne me demande pas ce que ça veut dire.
La marche n’est pas évidente. Tout est caillouteux, terreux. Il est même nécessaire de faire un peu de grimpette par endroit. Le sentier n’est même pas toujours très facile à déceler.
Finalement, nous arrivons devant un grand plateau de pierre, incliné à 30%, où il est possible de contempler ce pour quoi nous sommes venus : les fameuses traces de pas de dinosaures.
Avec un peu d’imagination, c’est fascinant. Des dinosaures ont marché ici et leurs traces sont immortalisées dans la roche. Les trois griffes sont parfaitement reconnaissables dans ces gravures préhistoriques. Sur une dizaine de mètres, nous pouvons nous comparer à ces empruntes surréalistes. John, je crois qu’il va falloir dépenser sans compter !
Si tu suis nos aventures depuis le début, tu dois savoir que nous n’avons décidément pas de chance avec tous nos guides… Aujourd’hui, même combat : on se pomme au milieu de nul part. C’était pourtant pas compliqué, ‘tain ! On devait juste reprendre le même chemin qu’à l’aller… Au lieu de ça, on se tape des grimpettes dans de la roche, de la terre et des ronces, et notre stock d’eau diminue de minutes en minutes car le soleil tape un max…
Pour s’en sortir, notre jeune et vaillant guide questionne les rares paysans locaux que nous rencontrons. Surement difficilement, puisqu’ici, la majorité des gens en parlent même pas espagnol, mais quechua…
Finalement, notre jeune ami décide de partir à la recherche de notre chemin en grimpant au sommet de la vallée pour essayer d’y voir plus clair. Il faut avouer que sportivement, le jeune, il est costaud ! Plus de 20 minutes à courir sur une côte de 30% dans une sorte de garrigue et de route de terre. Finalement, il arrivera à rejoindre son grand frère, notre chauffeur, et viendront nous récupérer sur un croisement de route à fond de balle. Le p’tit a du se prendre une belle saucée par son fréro, puisque nous ne l’avons plus entendu de la journée.
En chemin pour rentrer sur Sucre, nous faisons un premier arrêt dans une petite cahute où une tisseuse nous accorde un peu de son temps pour nous montrer comment les gens d’ici, depuis toujours, tissent les tenus et bijoux de tissus si chers à leur culture. Nous en profitons pour acheter un petit bracelet typique de la région. Que nous offrons au plus sympa d’entre vous (vous avez le droit de vous battre).
Ce savoir faire est très difficile à conserver. Chaque oeuvre demande énormément de temps. Une ligne de table, par exemple, nécessite plus de 6mois de travail… L’état ainsi que des ONG ont essayé de faire en sorte de conserver ce savoir faire ancestral. Finalement, les aides financières pour remettre en état des outils, par exemple, ont été dissoutes dans des réseaux de hiérarchie obscures, et rien ou presque n’est parvenu jusqu’aux artistes… La corruption, on peut appeler ça comme ça, est un fléau en Bolivie.
Dernier arrêt avant d’arriver sur Sucre : la gorge du diable. Une curiosité géologique qui, à l’ombre d’une cascade, forme une enclave que l’on peut très facilement comparer à une bouche ouverte, exposant une dentition de roche. Evidemment, nous prenons quelques photos sympas dans cette gorge du diable. Après quoi, nous rentrons sur Sucre : fin de l’excursion. Nuit à Sucre.
Hier soir, en rentrant d’excursion, on s’est claqué une pizza. Ouais, ça fait du bien d’avoir des plats plus ou moins occidentaux dans ce paradis de la friture. Bon, les fromages boliviens ne valent définitivement pas ceux que nous avons chez nous, mais cette pizza a fait l’affaire !
Un nouveau jour est là, et c'est notre dernier jour sur Sucre. Nous pensons partir sur Potosi dans l’après midi. Nous consacrons cette dernière matinée dans la ville coloniale par excellence pour nous promener jusqu’au belvédère qui surplombe la ville, juste devant le couvent et l’église de la Recoleta. C’est une belle place, avec une fontaine, des arches et un balcon panoramique sur la ville. Pour ajouter un peu de folklore, les arbres sont en fleurs, les couleurs violettes des pétales s’accordent parfaitement avec la blancheur immaculée des pierres des constructions de la place et des enfants en tenues traditionnelles jouent : nous passons un bon moment !
Pour l’ultime déjeuner Sucreno, nous nous rendons encore une fois au marché ! Cette fois ci, nous nous asseyons sur un des nombreux tabourets placés autour des stands de jus de fruits. Pour 10 BS, nous avons une enoooorme salade de fruit frais. Suffisant pour un repas ! Ces stands sont franchement pas mal, et sont dans tous les marchés de Bolivie : un vrai plaisir !
Rapidement, il est l’heure d’aller récupérer les sacs laissés à l’auberge le temps de notre dernière vadrouille. Nous devons nous rendre au terminal de bus pour voir si un engin peut nous emmener à Potosi, notre prochaine étape, plus au sud.
Potosi, nous voilà. Potosi, nous savons déjà que tu nous réserves une expérience unique, marquante, pour ne pas dire chamboulante.