Comme tous les matins, j'échange quelques mots avec la réceptionniste (la patronne ?). Elle m'apprend quelques mots de malais et en retour, je lui apprends quelques mots de français.
Bonjour = selamat bagi. Merci = terima khasi.
Elle m'appelle "mon prof de français". Elle est adorable.
Je commence la matinée par la laverie automatique, située a 10 min de l'hôtel. Il était temps, je n'ai presque plus de change. 1h pour lavage + séchage. Efficace.
Je débute les visites du jour par la mosquée Masjid Jamek.
Située au confluent du Kelang et du Gombak, elle a été fondée en 1909 par le sultan de Selengor.
C'est la plus ancienne de Kuala Lumpur, mais pas de Malaisie. La plus ancienne est à Malacca, berceau de l'islam en Malaisie. Je tiens ces explications d'un guide de la mosquée qui s'est approché de moi pour me saluer et qui, après m'avoir demandé d'où je venais, m'a parlé dans un très bon français. Il m'explique être d'origine syrienne, mais vivant en Malaisie. Il est déjà allé en France et connait Bordeaux. Un monsieur absolument charmant.
La mosquée n'est pas immense, d'architecture mauresque. L'extérieur est très beau, avec de belles décorations, l'intérieur est plus simple.
Non loin, la place de l'indépendance appelée aussi Merdeka Square. C'est la principale place de Kuala Lumpur. Elle permet d'avoir une vue des principaux immeubles d'architecture britannique, dont le magnifique palais du sultan qui ne se visite pas.
Le sultan, encore aujourd'hui, est le souverain suprême. Ce n'est pas un monarque héréditaire, mais une sorte de "roi élu" pour une durée de 5 ans par les 9 sultans et les 3 gouverneurs de Malaisie.
La Malaisie, tout comme Singapour et à la même période, fut une colonie britannique. C'est sur cette place qu'a été déclarée l'indépendance et que le drapeau malaisien a remplacé le drapeau britannique.
En ce moment, de nombreux chapiteaux se dressent devant le palais, ce sont des échoppes qui vendent de la nourriture à la tombée de la nuit pour casser le jeûne du Ramadan.
Je poursuis la journée par le quartier chinois, Chinatown. C'est un quartier qui foisonne de boutiques, de stands de rue. Certaines rues sont noires de monde on sent une grande activité.
Il y a plusieurs temples chinois, mais celui de Sin Sze Si Ya m'a particulièrement marqué. C'est un petit temple, mais les personnes qui viennent se recueillir font brûler énormément d'encens. Des rayons de lumière viennent du ciel, et avec cette odeur particulière d'encens, se dégage une atmosphère magique.
Le second Temple, Chan She Shu Yuen Clan, est totalement différent. Plus vaste et plus récent, il est visiblement le lieu privilégié des jeunes mariés pour se faire photographier. Les couples se suivent, accompagnés chacun d'un photographe attitré, et enchaînent les poses..
Je poursuis par les quartiers de Chokit et Kampung Baru, en bordure de la ville moderne. Ils font partie des plus anciens quartiers de Kuala Lumpur. On y fit venir au début du 20e siècle des populations de toute la Malaisie afin de venir pêcher dans le fleuve Klang qui traverse ces quartiers, et de faire du maraîchage sur les petits lopins de terre qu'on leur attribuait. Cela permettait de nourrir les ouvriers qui s'attelaient à construire les premiers immeubles de la cité.
Ce quartier est resté traditionnel, avec ses maisons en bois sur pilotis.
Je m'enfonce dans le marché couvert et découvre une véritable fourmilière. Un monde fou se presse pour acheter du poisson, de la volaille, de la viande, des fruits et légumes. Ici, les règles d'hygiène n'ont visiblement pas été retenues. Bien entendu, rien n'est réfrigéré. D'ailleurs, certaines odeurs me semblent, comment dire...suspectes.
Il s'agit d'un quartier populaire où visiblement le niveau de vie est faible.
Dans beaucoup de stands de rue, les vendeurs s'affairent à préparer du porridge qui servira ce soir à rompre le jeûne.
J'ai vraiment adoré ce quartier qui représente une autre vision du Kuala Lumpur que l'on imagine.
Je n'ai pas croisé un seul autre touriste et c'est bien dommage, car les habitants y étaient particulièrement souriants.
Si j'ai intitulé cette page splendeurs et misères, c'est parce que j'ai croisé dans les rues de cette grande ville beaucoup de sans-abris. Des plus jeunes aux plus âgés, ils vivent sur les trottoirs à l'abri des immeubles. J'ai vu des associations distribuer de la nourriture et de l'eau.
C'est triste et surprenant dans ce pays qui se veut un modèle de développement économique. Un malaisien m'a expliqué qu'il y a beaucoup plus de sans-abri depuis le covid, car beaucoup ont perdu leur emploi et se sont retrouvés à la rue.
Quel contraste quand j'ai poursuivi ma route dans le quartier à côté, celui des grands ensembles commerciaux dont raffolent les asiatiques.
C'est dimanche, et la foule se presse dans les rues et les commerces. Je suis rentré dans un grand magasin de tenues musulmanes, je voulais acheter un ensemble tunique pantalon pour me servir de tenue d'intérieur. Si la tunique était à ma taille, en revanche le pantalon était beaucoup trop étroit. Visiblement, je n'ai pas la même morphologie que les malaisiens. Je vois déjà certains lecteurs sourire 😉.
Sur le chemin du retour, j'achète quelques mangues pour « ma prof de malais», elle est tellement sympa.
A 18h, comme tous les jours, un orage tropical s'abat sur la ville.
A l'aube le ciel est bleu, puis se couvre dans l'après midi et la pluie arrive.
Il est l'heure d'aller dîner, je retourne au quartier Kampung Baru. Est-ce parce que c'est dimanche, parce que c'est Ramadan, c'est noir de monde, la musique à fond; en plus, aucun resto ne présente un menu en anglais et je n'ose pas commander au hasard. Bref, je dînerai dans le quartier de mon hôtel.
J'en profite pour voir le Saloma Link, un pont qui enjambe la voie qui délimite Kampung Baru du quartier des tours Petronas. Où comment changer de monde en traversant un pont...