Jeudi 14 mars
Aujourdhui, je quitte Hué pour Dong Ha. Le bus ne viendra me chercher que dans l'après-midi. Je vais donc traîner un peu en ville. Je passe dans un joli marché très vivant.
Le bus vient me chercher à l’hôtel vers 17 H. C’est un minibus tout pourri et bondé qui m’emmène jusqu’à la gare routière où nous attend un grand « sleeping bus » qui va jusqu'à Hanoï. Il n’y a pas de sièges, mais des couchettes très étroites et inconfortables. On ne peut pas se mettre en position assise, il faut donc se résigner à voyager couché. Je n’ai heureusement que deux heures de trajet, je plains les voyageurs qui vont jusqu’à Hanoï.
Le bus me jette au passage à Dong Ha. Il n’est que 19 H mais il fait nuit et pas un taxi à l’horizon. Une moto s’arrête et veut m’emmener avec ma grosse valise et mon sac à dos, il n’a peur de rien ! Comme je refuse, il s’en va et revient avec un vrai taxi, en échange d’un petit pourboire bien sûr. Dong Ha est une petite ville où peu de touristes s’arrêtent. L'hôtel Violet est assez spartiate, mais rien à dire pour 7.50 euros la nuit !
Je vais dîner au Tam’s Café tout proche qui organise des visites de la DMZ (ancienne zone démilitarisée à la frontière des deux Vietnam). C’est d’accord pour demain et j’ai la chance de pouvoir me joindre à une autre personne.
Vendredi 15 mars 2019
Je vais prendre mon petit déjeûner au Tam’s Café où je dois retrouver le guide . Je ferai cette visite en compagnie d’un photographe hollandais qui a traversé le Vietnam à vélo de Saïgon à Hanoï en 1997. Les routes étaient beaucoup plus tranquilles à cette époque ! Notre guide est un homme âgé qui parle bien anglais et connaît son parcours sur le bout des doigts.Nous commençons très fort par le cimetière de Truong Son où sont enterrés environ 11 000 Nord Vietnamiens. Les Sud Vietnamiens renvoyaient les morts à leur famille, les Nord Vietnamiens les enterraient là où ils étaient tombés. A la fin de la guerre, les corps ont été transférés dans ces cimetières. Il en existe 72 au Vietnam, celui-ci est un des plus grands.
Chaque tombe porte une stèle où sont gravés les mots « Lièt Sy » qui signifient « Martyr » et le nom du soldat lorsqu’on pouvait l’identifier.
Cependant, beaucoup de tombes sont anonymes. Souvent, les familles faisaient appel à des devins pour retrouver la tombe de leur fils mort au combat. Cette pratique a cessé lorsque le gouvernement a rendu obligatoires les tests ADN. Les devins ont préféré ne plus se prononcer.
Des statues dans le plus pur style pompier « agrémentent » le cimetière. On y voit aussi les ruines d’un bunker français.La visite continue par le fleuve Ben Hai qui marquait la ligne de démarcation entre les deux Vietnams. Le pont qui permettait de le traverser ayant été détruit, il a été reconstruit à l’identique. Là encore, un mémorial très pompier a été édifié du côté Sud.
Une reconstitution de la tour du drapeau occupe le côté Nord avec un petit musée
Notre guide a gardé le meilleur pour la fin : la visite des tunnels de Vinh Moc. Ces tunnels, creusés à la main sur trois niveaux, ont abrité 90 familles pendant la guerre. Des enfants y sont nés. Chaque niveau était réservé à une activité particulière.
Nous commençons par le niveau 2, celui des logements. L’éclairage électrique est très succinct, une torche est nécessaire. La progression n’est pas facile, on doit marcher légèrement courbé et les marches taillées dans la roche sont hautes et glissantes. Dans les différentes excavations qui servaient de logements minuscules, on a placé des mannequins. Il y a des logements pour 4 personnes, pour 10, et même une salle commune où l’on donnait des spectacles !
La descente au niveau 3 est encore plus difficile car il y a beaucoup de boue. C’est là que l’on faisait la cuisine, que l’on se lavait avec l’eau des puits qui est encore aujourd’hui extrêmement limpide.
Il y avait aussi des toilettes en-dessous desquelles on plaçait de grands paniers que l’on vidait ensuite à l’extérieur. A ce niveau, plusieurs sorties vers la mer qui permettaient le ravitaillement par bateau.
Le dernier niveau visité est le moins profond. On y stockait les vivres. Ces tunnels sont vraiment oppressants : claustrophobes s’abstenir ! J’ai beaucoup d’admiration pour ces familles qui y ont vécu pendant des années, à la lueur des lampes à huile, mais c’était cela ou la mort sous les bombes. Je suis heureuse de me retrouver à l’air libre alors que je n’y ai passé que deux heures !
La journée se termine par un arrêt dans un superbe village de pêcheurs où se tient un marché. Pas d’autres touristes que nous à l’horizon !