De Herbignac au Mans - En forêt pour la fin de l'acte I

    Nous quittons la côte Atlantique pour rejoindre le canal de Nantes à Brest. L'hiver se fait de plus en plus ressentir avec un temps souvent gris et froid. Le soleil ne semble plus vouloir se lever. Nous suivons le canal puis rejoignons la Loire. Une ou deux journées pluvieuses le long de la Loire où les surprises s'enchainent avec une crevaison et un rayon cassé...

    Le lendemain nous nous atteignons Angers où nous retrouvons des copains, Anaïs et Timothée. Nous découvrons la ville avec bien sur en cette saison, le marché de Noel... Revigorés par ces retrouvailles nous nous dirigeons ensuite vers Longué Jumelle où nous avons rendez vous avec l'équipe ONF de la forêt de Monnaie. 

     Nous retrouvons l'équipe au levé du jour après 15km de route. Après avoir discuté une trentaine de minutes nous partons marteler une parcelle de chêne. Les arbres ont 180 ans et sont arrivés à maturité pour êtres abattus. Le bois est de grande qualité, avec un grain très fin dû à sa croissance lente. le tronc est bien droit et sans branches basses ce qui garantit un bois régulier, sans noeuds. Les plus beaux arbres vont servir à fabriquer les tonneaux des grands crus, notamment de Bordeaux mais aussi du monde entier, la France étant mondialement reconnue pour la qualité de ses chênes. Les plus beaux arbres peuvent être vendus 4000€ ! Les arbres un peu moins beaux sont destinés à la menuiserie ou à la charpente.

     Nous passons la matinée à estimer le volume et la qualité de chaque arbre. On mesure le diamètre de l'arbre avec un compas forestier, et sa hauteur à l'œil. Un arbre étant conique (et non cylindrique), on peut ainsi estimer son volume. Les arbres à abattre sont ensuite marqués à la peinture ou au marteau forestier, l'outil emblématique des forestiers imprimant une marque reconnaissable au pied de l'arbre. C'est le martelage.

     L'après-midi nous réalisons un relevé de couvert dans une parcelle arrivant à maturité. Le principe est simple. Nous avons nos arbres de 180ans, bons pour la coupe, mais avant de les abattre on doit assurer leur reproduction pour faire perdurer notre futaie et recommencer le cycle de 200 ans. Pour cela il faut que les glands et les petits chênes aient de la lumière. Il faut donc enlever tout le sous-étage de hêtres, de houx, de bouleaux, etc. Pour laisser la lumière parvenir au sol. Ces bois vont partir en stères de bois de chauffage. Nous marquons et cubons donc tout les arbres présents qui ne sont pas des chênes !

    Nous reprenons ensuite la route et passons par La flèche connue pour son Zoo et l'école militaire du Prytanée.

    Sur le chemin nous discutons avec deux promeneurs qui proposent de nous accueillir pour la nuit. Nous les retrouvons chez eux pour le repas du soir et repartons plein d'énergie le lendemain matin pour rencontrer un voisin éleveur de volailles de Loué. Nous passons donc quelques heures avec Denis qui nous explique son travail et le fonctionnement de la coopérative Loué.

    Denis reçoit des poussins de 1 jour qu'il élève jusqu'à l'abattage. Les quarantes premiers jours les poulets sont maintenus à l'intérieur car ils sont fragiles, puis ils ont accès à l'extérieur les 40 jours suivants. Ils sont nourris aux céréales. Les poulets sont ensuite abattus et rachetés par la coopérative à prix fixe.

    L'élevage de poulets de Loué est soumis à un cahier des charges prenant en compte notamment l'accès à l'extérieur et un engraissement lent (86 jours contre  une soixantaine dans les élevages en batterie).

    Par peur des activistes vegans, Denis nous fait signer un papier nous interdisant de photographier les lieux. On se demande bien quelles horreurs nous attendent dans le bâtiment C, finalement nous voyons des petits poussins sur de la paille propre... Simple précaution.

    Pour notre dernière rencontre, nous pédalons jusqu'en forêt de Bercé, une des plus belles forêts de France, réputée pour ses vieilles chênaies de haute qualité.. Là nous rencontrons une autre équipe ONF. Le matin, nous estimons les volumes de bois sur une parcelle de pins. Contrairement à la forêt de chênes qui se régénère naturellement grâce aux glandées des vieux arbres, la forêt de pin est plantée, on introduit des petits arbres de pépinière qu'on coupe "à blanc" (c'est-à-dire tous d'un seul coup) vers l'âge de 40ans. Le pin pousse bien plus vite que le chêne mais son bois, de bien moins bonne qualité, est vendu beaucoup moins cher. Il servira à la menuiserie ou la charpente pour les plus beaux sujets, mais finira le plus souvent en palettes, cageots, papier ou plaquettes pour les chaudières.

     L'après-midi nous réalisons une coupe d'amélioration sur une parcelle de chênes de haute qualité. L'objectif est de baisser la densité d'arbres pour laisser de la place aux plus beaux chênes, qui peuvent alors mieux grandir.

    Nous reprenons notre route pour la dernière étape jusqu'au Mans, chez les grands parents. Nous repartirons après les fêtes de fin d'année pour de nouvelles aventures... dans le sud ! A bientôt...