Au départ de Nyons nous avons pour objectif de nous rendre à Die pour rencontrer un second apiculteur, dans un contexte différent de celui des Pyrénées et à une saison différente !
Nous nous arrêtons à la fête du pain à Cornillon sur l'Oule avant de passer deux cols (Ey, Prémol), ça grimpe mais on a de belles vues !
On finit par arriver à Die, la veille de notre rencontre avec Céline et Jérôme, apiculteurs, nous nous installons au camping municipal.
Rendez-vous à 9h à "L'abeille du Vercors". Céline et Jérôme nous accueillent à la miellerie. Ils nous présentent leur métier d'apiculteur, la production qui s'articule autour de 3 activités : l'élevage de reine, le nourrissage des ruches et la lutte contre le Varroa et bien sûr la récolte de miel, de pollen et la vente. Ils nous expliquent qu'aujourd'hui la plupart des apiculteurs ne se contentent plus de récolter uniquement du miel comme à l'époque. En effet, la mortalité des colonies d'abeilles nécessite le renouvellement régulier des ruches, qui passe par l'élevage de reines. Explications ci-dessous.
Dans une ruche en activité on trouve une reine, environ 35 000 abeilles ouvrières et des mâles. Au cours de leur courte vie (40 jours), les ouvrières travaillent... Pendant leur jeunesse, elles restent à l'intérieur de la ruche, nourrissent les larves, bâtissent les rayons de cire, nettoient, etc. Puis dès leurs vingt jours elles s'en vont butiner à l'extérieur de la ruche. La reine quant à elle ne fait que pondre pour renouveler les abeilles de la ruche. Elle sort de la ruche uniquement au début de sa vie pour se faire féconder. Sur la photo ci-dessus on voit que les alvéoles sont couvertes d'une pellicule. Il s'agit du couvain. C'est dans ces alvéoles que la reine pond. D'autres alvéoles contiennent du pollen et du miel qui sert de nourriture aux larves et aux adultes.
Jérôme et Céline élèvent des reines pour renouveler les ruches et pour remplacer les vieilles reines. C'est assez difficile à expliquer de façon succincte mais nous allons essayer ! Ainsi, tous les ans, des larves sont prélevées et placées dans une cupule (photo ci-dessous), introduites dans une ruche dite "starter". Cette dernière contient des ouvrières mais pas de reine. Les abeilles vont donc nourrir ces larves à la gelée royale pour obtenir une nouvelle reine pour la colonie. Une fois la larve de reine assez dodue, elle se métamorphose en reine d'abeille. Elle rentre dans son stade de nymphe ( pour l'analogie avec les papillons que tout le monde connaît : larve= chenille, nymphe=chrysalide/cocon, reine=papillon). Contrairement à la chenille qui construit elle même son cocon, ce sont les ouvrières qui construisent une cellule royale en cire autour de la nymphe. Cette cellule royale est ensuite retiré de la ruche starter et placé dans une étuve chauffée à la température de la ruche pour que la nymphe continue à se développer.
Avant son éclosion, on place enfin la cellule royale dans la ruche de production, comme on le voit sur la photo ci-dessous, la reine va prendre les odeurs de la ruche et sera ainsi acceptée par les ouvrières à son éclosion. On peut en placer deux pour avoir plus de chance d'obtenir une reine. Si les deux naissent, la plus forte tuera sa rivale...
Habituellement les ruches de production ne sont pas nourries, les abeilles trouvent suffisamment de ressources dans la nature. Cependant, le climat de ces derniers mois ayant été trop mitigé, les abeilles n'ont pas pu prélever suffisamment de nectar, il a donc été nécessaire de les nourrir pour ne pas qu'elles meurent de faim.
Contrairement à la majorité des apiculteurs, Jérôme et Céline ne font pas de transhumance c'est à dire qu'ils ne déplacent pas les ruches selon les floraisons mais laissent leurs ruchers au même endroit à l'année.
Il faut maintenant attendre la prochaine miellée pour espérer que les abeilles récoltent suffisamment de nectar pour leur nourriture et pour produire du miel qui sera récolté cet été.
Dans les fleurs, en plus du nectar, les abeilles récoltent des pelotes de pollen sur leurs pattes arrières. Elles s'en servent pour nourrir les larves. Les apiculteurs peuvent récupérer le pollen grâce à des trappes à pollen comme on le voit sur la photo. Pour entrer dans la ruche, les abeilles passent pas de petits trous qui font pile le diamètre de leur corps, les pelotes de pollen tombent alors dans un réceptacle récupéré régulièrement par l'apiculteur. Le pollen frais, congelé ou séché est utilisé en temps que complément alimentaire, mais aussi en gastronomie pour son goût particulier et son esthétique.
Selon la fleur, le pollen est de différente couleur, jaune, rose, orange, vert, violet !
Une fois récolté, il est trié au tamis et est congelé pour qu'il ne sèche pas et ne perde pas ses qualités.
Nous nous sommes ensuite rendu à Chamaloc à la distillerie des 4 Vallées pour découvrir la culture de la lavande et du lavandin.
Aux GAEC des 4 Vallées, la lavande est cultivée depuis des générations, puis distillée pour obtenir de l'huile essentielle. La lavande est cultivée au delà de 600 m d'altitude. Le lavandin, qui est issu d'un croisement entre deux espèces de lavande (la lavande vraie et la lavande aspic) peut être cultivé en plaine. Aujourd'hui en France, on cultive 2/3 de lavandin et 1/3 de lavande. Le lavandin produit 5 fois plus que la lavande ce qui explique son prix ... 5 fois plus bas. C'est lui que l'on utilise pour les lessives. La lavande a un parfum plus fin et est donc préféré en parfumerie.
Les plants de lavande et lavandin sont achetés à des pépiniéristes spécialisés et sont plantés à l'aide d'une planteuse (photo ci-dessus). Une personne conduit le tracteur et une autre s'assoit derrière pour placer les plants dans les pinces de la planteuse.
Une plantation reste en place pendant 10 ans. Les pieds sont ensuite arrachés et une autre culture est semée pendant 4 ans (luzerne puis céréales). Cela permet de lutter contre les maladies et de ne pas trop appauvrir le sol.
Lavande et lavandin sont cependant des plantes assez rustiques qui poussent sous un climat sec. Ils ne sont donc pas attaqués par les champignons. Par contre, ils attirent la cicadelle, un insecte piqueur qui transmet une maladie. Les insecticides ne seraient pas efficaces et l'un des moyen de lutte dit "agro-écologique" est d'enherber les inter-rangs des parcelles, ainsi le sol se réchauffe moins vite et la larve de cicadelle se développant dans le sol se propage plus difficilement. De l'argile peut également être pulvérisé sur les lavandes pour troubler la reconnaissance visuelle des plants chez les adultes pondeurs.
Le début de la floraison a lieu en juin. La récolte a généralement lieu 3 semaines plus tard. Le 3/4 des fleurs doit être fané. En effet, c'est à cette période que l'huile essentielle quitte les boutons floraux et est le plus facile à extraire.
Ici la récolte du lavandin se fait à l'aide d'une machine, une ensileuse. Fleurs et tiges sont broyées et directement distillés. On ne fait plus sécher la plantes comme auparavant. La tige verte apporte une odeur différente du lavandin pur.
Pour la lavande en revanche, la récolte se fait en botte. Elle peut donc sécher quelques jours sur la parcelle avant d'être distillée.
La distillation est très rapide (30 min). De l'eau est chauffée grâce a une immense chaudière. Cela créé de la vapeur d'eau qui passe dans la plantes récupérant quelques molécules au passage. Cette vapeur est ensuite refroidit dans un "échangeur tubulaire", on obtient un liquide qui va ensuite être séparé en deux phases : l'huile essentielle qui a une plus faible densité et l'eau florale qui se retrouve en dessous. Ces deux produits peuvent donc être récupérés séparément.