Après avoir quitté Bourgneuf, nous nous rendons chez Fabien, éleveur de mouton de race Lande de Bretagne, une race rustique redécouverte récemment, adaptée au territoire humide et frais du quart Nord-Ouest. Ses moutons sont élevés pour la viande et passent l'année dehors, sur les prairies littorales, sans bâtiment d'élevage. Le climat doux permet d'avoir une légère pousse de l'herbe même en hiver. Grâce à une rotation très courte, Fabien peut donc élever ses moutons sans foin. Il nourri seulement les moutons qui partent à l'engraissement avec une ration de céréales supplémentaire.
Nous avons donc passé la journée à déplacer les troupeaux, à démonter les clôtures pour les réinstaller sur de nouvelles prairies. Nous avons aussi sélectionné les jeunes moutons mis à l'écart du troupeau pour engraisser. Fabien a aussi quelques chèvres dans le troupeau, elles guident les moutons et permettent de pâturer les buissons ligneux envahissant les prairies et délaissés par les moutons.
Ce système d'élevage est basé sur l'observation quotidienne de la flore et de l'état des prairies, c'est passionnant de connaissances.
Nous voilà repartis après très peu de temps passé chez Fabien, à la rencontre de Anne et Christian, sur la commune de Campbon. Le temps n'est pas des plus doux, le matin après une nuit au chaud dans nos duvets tout est recouvert de givre, les bouteilles d'eau restées à l'extérieur contiennent de gros glaçons. On apprendra plus tard qu'il faisait -5°C cette nuit là !
Nous sommes accueillis chaleureusement par notre couple d'éleveurs de vaches à lait, qui entreprennent de finir le chantier d'évacuation des eaux de leur maison, resté en plan depuis 6 ans...Heureusement que nous sommes passés !
Nous passons donc un agréable séjour entre les traites matin et soir, et le chantier en journée.
Anne et Christian sortent de plus de dix ans d'un projet de fromagerie collectif. Un groupe d'une dizaine d'éleveurs laitiers s'étaient regroupés autour de la production de beurre, crème et fromages de vache. Pour des problèmes relationnels et sanitaires, le projet a été interrompu il y a un mois à peine. Anne et Christian ont donc plus de temps libre (plus de transformation, plus de marchés) pour profiter de leur petit-fils et vendent désormais leur lait à la coopérative Biolait.
Le cheptel est de taille moyenne, avec un peu moins de quarante vaches sur 70ha de prairies. Les vaches sont nourries principalement à l'herbe à la bonne saison et au foin, potiron et maïs grain à l'hiver. La ferme est en biodynamie, ce courant d'agriculture considère la ferme comme un tout, où tous les organismes vivants sont en interdépendance, de la bactérie à la vache en passant par la mouche et l'éleveur. En biodynamie on réconcilie l'Homme et l'agriculture avec la Nature. La biodynamie prend aussi en compte des facteurs comme la position de la lune et la mémoire de l'eau (principe de l'homéopathie), des concepts parfois "perchés" pour notre éducation cartésienne... N'empêche que le lait des vaches est super bon !
Ici le rapport à l'animal est très différent des projections classiques "animal esclave des hommes". Pas de numéros ici, chaque vache est connue et appelée par son prénom par les éleveurs. L'éleveur passionné est plus responsable du bien être de ses vaches que exploitant de machines à lait.
Nous avons la chance d'assister à un vêlage le jour de notre départ, que d'émotions !
A l'occasion d'une discussion sur notre projet de fabriquer et de vivre dans une tinyhouse (une petite maison d'une quinzaine de m2 montée sur une remorque), Anne et Christian nous font connaître Armel et sa petite tinyhouse en toit de chaume et nous envoient chez Nielsen et Hélène, à 30 km de là. Des amis à eux construisent actuellement une tinyhouse sur une remorque de poids-lourd !
Nous restons quelques jours sur le chantier, pour participer à la pose des fenêtres et portes. Quelle satisfaction de pouvoir fermer les fenêtres à la fin du jour, on voit vraiment ce à quoi on a oeuvré ! A l'occasion nous visitons la troisième tinyhouse de notre vie, celle si terminée ! ça donne envie de se lancer...
Nous reprenons la route pour le Maine-et-Loire où nous avons rendez-vous avec un forestier de l'ONF pour assister à une session de martelage en forêt !