Après avoir quitté les parents vers le château de Chambord, nous poursuivons notre route un peu au sud, à Mur-de-Sologne. Nous en profitons pour passer voir le château de Cheverny, puis nous retrouvons Bruno et Catherine, propriétaires forestiers en Sologne. Bruno nous présente également son entreprise de travaux forestiers. Localisés sur le territoire Solognot, Bruno et son associé réalisent abattage, broyage forestier, et passage de la landaise (sortes de disques permettant de remuer terre et broyats afin "d'aérer" et d'aplanir le sol pour préparer le renouvellement des arbres). Bruno nous montre des parcelles test qu'il a lui même mis en place dans ses forêts pour tester l'efficacité des différents engins. Il en ressort selon lui que la landaise reste très efficace pour assurer la pousse des semis naturels, en revanche faire trop de passages et broyer fin les débris végétaux n'avantage pas la repousse naturelle, au contraire.
Bruno nous fait aussi visiter ses deux autres entreprises horticoles
et maraîchères. Nous profitons du gîte et des premières girolles de
l'année avant de repartir vers le Nord, en retenant qu'il faut rester
curieux et se faire plaisir dans ce qu'on entreprend !
Même sans rencontrer de professionnels, se balader avec le regard forestier/agricole est toujours enrichissant. On rencontre notamment deux scieries spécialisées dans le chêne (essence principale de la région), et des indices de gestion forestières dans les forêts domaniales gérées par l'ONF.
. Nous rencontrons Christophe à quelques kilomètres du château de Chambord. Il a repris la ferme de son père il y a une vingtaine d'années et a doublé de surface (260ha). Au départ, Christophe a hérité d'une exploitation céréalière conventionnelle. Après une visite dans une autre exploitation, Christophe découvre l'agriculture de conservation. Le principe est simple, ne plus travailler le sol pour préserver les champignons, bactéries, vers de terre et ainsi améliorer la fertilité naturelle du sol si on parle de l'interet ecologique. Pour Christophe, le passage à l'agriculture de conservation permet avant tout de gagner du temps et d'economiser de l'argent en utilisant moins les engins agricoles.
. Si le principe est simple, la pratique est très technique pour réussir à lutter contre les mauvaises herbes et ne pas exposer les sols à l'érosion et aux tassements. Un principe fondamental: Ne jamais garder un sol nu, mais toujours réaliser une succession de couverts végétaux vivants entre chaque culture. Les couverts vont protéger le sol et l'enrichir, un peu à la manière de la jachère. On ne peut pas cultiver des céréales à répétition une année sur l'autre car elles épuisent les sols et sont exposées à des maladies, c'est pour cela qu'on effectue des rotations de culture.
Nous avons aussi la chance de découvrir une production originale, l'igname, qui pousse dans des sols sableux.
. Après chaque moisson les grains sont triés et stockés dans de grands sacs. Au besoin, on fait des mélanges pour les couverts, la plupart du temps entre 10 et 20 espèces de plantes sont semées.
. Ces mélanges sont ensuite semés par dessus d'autre couverts, après une culture ou sur une prairie. Pour cela on ne retourne pas le sol mais on utilise un semoir spécifique qui ouvre seulement un sillon dans la terre.
. Nous repartons vers le Nord, pour une dizaine de jours à vélo, avec le vent dans le dos ! Nous passons donc par la Beauce, le perche et la Normandie, des paysages bien différents... Mais un temps toujours pas terrible.
Arrivés en ile et vilaine, nous retrouvons Régis, producteur de pommes et fabriquant de cidre à la "Cidrerie du val de la chèvre" à La Bouëxière. On arrive pendant la saison creuse, mais on peut toujours échanger sur la production et la transformation !
Regis commence par nous montrer les vergers. 17 ha de pommiers produisent des pommes à cidres (variétés peu acides) et des pommes à jus (variétés acides). Les pommiers sont achetés en pépinière et deviennent productifs au moins 7 ans plus tard. Les variétés de pommiers sont toutes greffées ce qui permet de combiner des caractères intéressants (adaptation au sol, précocité, résistance aux maladies...). Selon la hauteur de la greffe on obtient des arbres dits "basse tige" ou "haute tige".
Les pommiers donnent naturellement des fruits un an sur deux. Une taille sévère permet d'avoir une production plus régulière.
Les pommiers sont cultivés en agriculture biologique. Ainsi la lutte contre les cochenilles se fait avec du lait de chaux pulvérisé sur le tronc. Les mulots qui s'attaquent aux racines des pommiers sont éliminés grace à des pièges. La bouillie bordelaise permet de controler les champignons tout comme la taille qui laisse circuler l'air et limite ainsi l'humidité.
On visite ensuite la cidrerie avec Tristan, salarié de Regis. La récolte des pommes a lieu de fin août à décembre. Elle se fait à l'aide d'une machine qui rassemble les pommes, tombées naturellement, à l'aide d'une sorte de balai. Elles sont ensuite triées (on enleve l'herbe, cailloux et les pommes trop amochées).
Les pommes sont ensuite lavées puis pressées pour extraire le jus.
Pour la fabrication du cidre, le jus est centrifugé, filtré puis mis en cuve. 2 mois plus tard, le jus a fermenté naturellement grace aux levures des pommes. On vient ensuite ajouter des levures champenoises avec un peu de sucre pour rendre le jus pétillant. Il est aussi possible d'ajouter du gaz carbonique directement dans le jus. Avec la méthode naturelle il faut encore attendre 2 mois après l'ajout des levures pour que le cidre puisse etre commercialisé.
A la cidrerie du Val de la Chèvre on produit également du jus de pomme, du vinaigre de cidre et du pommé (des pommes cuites pendant 24h au chaudron).
Le cidre peut ensuite être mis en bouteille (bouteilles consignées !!!) et étiqueté.
Il est vendu à la ferme, en magasins de producteurs et à des creperies.
Point conso:
Des magasins de producteurs fleurissent un peu partout, on y trouve plein de bons produits en direct de la ferme et on peut meme y rencontrer les producteurs qui tiennent alternativement le magasin.
Alors foncez !!
Et via le réseau "bienvenue à la ferme" on peut trouver les magasins ou point de vente à la ferme dans toute la France, un bon moyen de trouver des produits fermiers où que l'on soit.
Après quelques bolées de cidre, nous repartons vers Rennes passer quelques jours chez Marine, une amie.
Nous profitons de l’événement "Tous à la ferme!", portes ouvertes de fermes bretonnes, pour visiter une exploitation de 200 vaches laitières et une production de tomates sous-serre et hors-sol. C'est toujours intéressant d'entendre les arguments de l'agro-industrie (produire pour toutes les bourses, être compétitifs sur le marché, ....). à méditer...