5h00 du matin “Bbbbrrrrzzzzbbrr”, vibration du portable sur la table, départ dans 30 minutes. Difficile de se ôter de dessous de la couette, où il fait bien chaud et alors que dehors le froid est plutôt saisissant. À mi-chemin entre le sommeil et l’éveil, nous enfilons nos équipements de navigation. En ce qui me concerne, la question ne se pose même pas : c’est leggins et salopette de quart par-dessus, direct ! La raison pour laquelle nous nous sommes contraints de nous lever si tôt suffit à nous donner de l’énergie et de la motivation !
Après 2 jours complets et 3 nuits au petit port de l’Aber Wrac’h, ballotté par un vent de force 7 sur l’échelle Beaufort (BF) (outch, ça cogne!) Jeudi 14 novembre, 5h40, nous quittons le port aussi discrètement que lorsque nous étions arrivés. Enfin presque.Marvin : Ok Océ, tu peux hisser la grand voile (GV) !En avant mais pas trop vite tout de même. “Il ne faudrait pas réveiller les poissons et tous les oiseaux marins qui dorment encore” nous chuchote Yes Aï. La nuit, on s’offre le privilège d’écouter le silence… Seule, la coque effleurant la surface de l’eau laisse émerger un léger et continuel frémissement. Le gazouilli de l’écume n’interfère en rien cette quiétude. Elle nous rappelle simplement que c’est de ce silence que naît le son.
1h30 plus tard, le vent est toujours très faible et faisant cap à l’Ouest nous n’avons d’autre choix que de le recevoir vent arrière, voiles en ciseaux, une fois de plus. La mer encore bien démontée par le vent très fort qui a soufflé ces 2 derniers jours, crée une houle inconfortable et anarchique. Yes Aï se prend quelques fessés venant faire claquer ses voiles et nous faisant parfois quitter notre état de bohème. Nous restons concentrés tout de même car nous devons suivre et passer plusieurs balisages à ne surtout pas manquer ! Entre autres pour ne pas se retrouver le nez planté dans la caillasse ! Sur ce début de parcours, nous assistons à un merveilleux couché de lune ! Quelques minutes durant, les sombres nuages jusque là les rois du ciel abdiquent et se prosternent face à cette grande reine de la nuit. Un rond presque parfait, de couleur orangeâtres semblable aux couleurs de la braise vient trancher avec celles obscures venant des ténèbres. S'ensuit ultérieurement sans surprise le levé du jour où quelques farandoles de fous de bassan, dont notre présence ne semble pas les perturber (pas plus que celle des cormorans se tapant l’incruste dans leurs danses) tracent leurs routes d’un air décidé ! C’est là encore un spectacle de la nature : Le soleil prend place et fait jaillir sa lumière juste derrière le phare du Four, Forcément, tout juste au moment où on y passe à côté :)