Brest et son temps de ch....

Publiée le 19/11/2024
Brest ? Encooore !!??

Temps de cochon annoncé pour les jours à venir. Aucune fenêtre météo nous permettant de poursuivre notre route en direction de l’Espagne. Il va falloir encore faire preuve de patience et combler les jours d’une façon ou d’une autre en attendant que celle-ci arrive.

Étape par étape, jour après jour, nous essayons donc de prendre les choses comme elles viennent et de planifier nos journées autant que possible au dernier moment. Après tout, ne souhaitions-nous pas vivre purement le moment présent ? Il y a certes un déconditionnement à mettre en place puisque comme tout le monde, nous avions l’habitude de prévoir, d’anticiper et de tenir continuellement un agenda. Malgré toute notre bonne volonté pour quitter ce mode de fonctionnement pernicieux à nos yeux, naviguer nous impose régulièrement de se projeter dans le futur. Lorsque notamment il faut planifier un départ, nous devons évaluer la distance que nous souhaitons parcourir et checker :
  • le vent, son  intensité et son orientation. Également, sa stabilité dans le temps.
  • la houle, sa taille, sa forme et sa direction
  • les courants de marées et ceux de surface lié à la houle
  • les heures des marées, encore plus vrai en Bretagne !

Nous apprenons dans ce cas de figure à être bien présent à ce que nous faisons même s’il s’agit de travailler l’avenir.

Aujourd’hui est un créneau à prendre non pas pour quitter la France mais pour aller s'abriter un peu mieux  de ce qui semblerait être un début de “ balle des dépressions”. Le vent d’Ouest et le soleil encore quelque peu brillant fait de ce dimanche 17 novembre, le jour idéal pour rejoindre Brest ! (Un énième retour au bercail pour ma part !). 

Après un repas copieux au restaurant “À l’Abri du Kraken” avec les géniteurs de notre cher Obi wan, nous larguons les amarres à 15h pétante ! Poussé par 6 mains (papa, maman et Florent l’aventurier rencontré sur le port), notre prodigieuse Yes Aï capture le petit vent, réussit à le canaliser dans ses voiles qui a son contact se tendent et ainsi tout doucement, s’écarte du ponton. 


Petite aparté : Nous ne croyons point au hasard Marvin et moi. C’est pourquoi, nous considérons la rencontre avec Florent l’aventurier (cité précédemment dans ce récit) comme étant un petit coup de pouce dans notre manière de peser la dangerosité de notre approche à la voile sans moteur. Effectivement, l’une de ses premières aventures dont il nous à fait part est celle de sa descente le long de la côte ouest américaine à bord d’un petit voilier dépourvu de moteur. Pour être tout à fait exact, ce sont des séances de mécanique à n’en plus finir qu’il l’a mené à la manœuvre ultime du genre “ça passe ou ça casse !”. Alors que l’engin présentait des dysfonctionnement jusque là insolvables, un beau jour, il décida de pousser les gazs au maximum jusqu’à ce que ce dernier rende l’âme. Ce fut pour lui un geste libérateur à bien des tourments puisque désormais il savait à quoi s’en tenir : Il ne compterait plus que sur ses voiles ! 


Ce qui ressemble à un départ des plus parfaits se trouve être finalement un brin bancale. En l’espace d’une minute pas plus, d’abord la drisse de spi un tantinet “casse-couilles” prive notre gégé (génois) de se dérouler complètement. Ni une ni deux, Marvin détale du cockpit, galope sur le pont du bateau en évitant avec justesse tous les pièges tendus se trouvant sur son chemin (9.50m c’est peu mais parsemé de haubans, de bouts, de lignes de vie et de pentes en tous genres, c’est amplement suffisant pour se refaire une cheville, se manger le pont , se luxer une hanche ou encore se plier un ligament !). Dans cet élan, il se jette littéralement sur cette petite rebelle qui n’en est pas à sa première tentative et libère enfin le passage afin que  gégé puisse se mouvoir entièrement. 

Yes Aï est sur le point de s’échapper quand tout à coup : “Cahueettee” crie-je alors. C’est avec fureur que j’aperçois notre Choubaka les 4 pattes sur le ponton ! Comment est-ce possible ? C’était la 2ème à bord lorsque je suis revenue des toilettes ! Quand a-t-elle pu quitter le navire ? Tout le monde n'y a vu que du feu !! C’est alors que Florent, ce brave aventurier, empoigne notre chère molosse et envoie le paquet sur le bateau en une fraction de seconde.  La “chetron” hébétée de Cahuette nous laisse penser qu’elle n’a absolument rien compris à ce qui venait de se passer. Comme si la terre s’était dérobée sous ses coussinets, elle avait volé au-dessus des filières, grandes oreilles au vent, Dembo l’éléphanto n’a qu'à bien se tenir !
À nouveau, nous voilà quittant notre troisième abri après 3 journées reposantes au petit port Vauban de Camaret-sur-Mer. Tout le monde à bord, notre gréement est désormais bien en mains et en pattes et nous  ondulons sagement sur les flots, poils et cheveux au vent. Sur une allure au près, nous faisons un départ prometteur sous une moyenne de 6 nœuds et longeons plus ou moins selon les bords à tirer la presqu’île de Roscanvel. Écrasée par la grande réputation de Crozon et de Camaret-sur-mer, elle n’est pour autant pas moins belle. Tout aussi sauvage, elle est bordée de très belles falaises sur lesquelles viennent s’apposer de nombreuses fortifications d’époques variées (ceci dû probablement à sa position géographique sur l’entrée de la Rade de Brest). Cap maintenant vers le Goulet, c’est à présent un long bord de “reaching” qui nous envoie jusqu’à destination. Sans trop de difficultés, nous arrivons assez rapidement à la hauteur de la Pointe des Espagnoles et du Phare du Portzic. En cette fin d’après-midi, les rayons de soleil parviennent à se frayer un chemin entre les nuages et terminent leurs trajectoires jusqu’aux terres alentour qu’elles réchauffent abondamment de leurs couleurs miel. Leurs passages ne manquent pas non plus de faire miroiter la mer d’Iroise et de caresser agréablement nos 3 bouilles on ne peut plus relâchées.

À l’approche des ports de Brest, vient la question : lequel choisir ? Le Château ou le Moulin Blanc. Sachant que le vent commence à mollir et bien que nous ayons le courant avec nous (une aide indispensable quand il n’existe aucun moteur sur lequel compter !), nous choisissons celui étant le plus à notre portée : Le Moulin Blanc. C’est dans une lenteur sans égal (1.2 nds), dorénavant dans la quasi pétole que nous pénétrons dans la marina et entamons un virage parfait à 90°. À 5 mètres près du ponton, nos voiles sont encore déployées ce qui est extrêmement rare de voir ici-même dans un monde où les moteurs sont à l'apogée de leurs règnes. 17h45, sous les dernières lueurs du jour, nous frappons tranquillement nos amarres avant de nous taper dans la main : Et allez, un troisième et nouveau succès ! Peut-être bien que l’on va rester sans moteur….

Îlot du Diable & Penhat
La Mer d'Iroise arrosée d'une lumière étincelante
Phare du Portzic
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1 Voyage | 4 Étapes
Port du Moulin Blanc, Brest, France
7e jour (17/11/2024)
Étape du voyage
Début du voyage : 11/11/2024
Liste des étapes

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