Dernières escales bretonnes avant le grand Gascogne !

Publiée le 09/12/2024
Rien n'est insurmontable, tout est préparation et entraînement.

Séjour à Loctudy

Les jours écoulés à Audierne auront été gris et pluvieux. Malgré tout, comme si les lieux étaient encore imprégnés de l’activité industrielle de l’époque, du temps où le commerce de la sardine battait son plein, ça n’aura pas été si désagréable de s’y installer quelque temps. Active et en même temps ville à taille humaine, il y fait bon vivre. De plus, elle est entourée de magnifiques balades, bordées d’anciennes épaves ou de récentes traces de naufrages. 

De nouveau, une fenêtre météo s’ouvre à nous et nous offre la possibilité d’aller caboter ailleurs en ce lundi 2 décembre. Plus motivés que jamais, nous nous donnons l’objectif de rejoindre le sud Finistère (qui n’est autre que, pour Marvin, le sud de la Bretagne!) en espérant y trouver un temps plus clément. Sortie de la rivière d’Audierne, c’est sur les chapeaux de roues que s’inaugure notre navigation ! Et c’est aussi de cette façon que nous y mettrons fin ! Avec une vitesse de 6 à 7 nds, Yes Aï dévore la mer autant que la mer m’a dévoré de l'intérieur la nuit de mercredi 27 à jeudi 28 novembre. Par vent de travers, à vent arrière ou vent de près, il se montre véloce et nous expédie en 6 heures à Loctudy. Sur 31 milles, ce n’est pas nous jeunes navigateurs qui menons la danse, c’est notre bateau plus vivant que jamais qui galope sur son terrain de jeu préféré et surfe sur les vagues déferlantes rencontrées en chemin. On peut dire que c’est un voyage express ! Express et sport ! Nous faisons la course avec nos dauphins copains et saluons leurs bravoures pour oser se frotter de près à la proue du bateau. Nous leur accordons d’ailleurs un énorme triomphe, nous au première loges, spectateurs de leurs prouesses acrobatiques. Le vote est unanime, le meilleur saut dans la série “émmersion complète” est accordé à celui du saumon intervenu 3 fois au cours de la représentation.

Arrivée à bon port, nous trouvons un bout de ponton à l’abri du vent et ensoleillé en ce début d’après-midi. C’est fou comme la notion de plaisir prend tout son sens dans un mode de vie relativement précaire tel que le nôtre. Aujourd’hui, ce sont une borne électrique comme dossier, des sièges de kayak comme assises et un brownie en bouches de chez biocoop qui nous mettent du baume au cœur ! Ni plus, ni moins 😀

Pendant 4 jours, nous devenons dès lors des loctudistes. Les sanitaires du port deviennent notre salle de yoga, les sèches cheveux à disposition un moyen de sécher nos vêtements après une marche pluvieuse. Et quand un jour sans précipitations nous est accordé, nous marchons plus longuement sur le chemin de halage rejoignant Pont-l’Abbé. Un cadre pittoresque et un havre idyllique pour les oiseaux qui y vivent. Durant ce temps, nous commençons doucement notre préparation physique et mentale à la traversée de Gascogne. Effectivement, une fenêtre météo a pointé le bout de son nez quelques jours plus tôt et semble réellement se maintenir. Cahuète montre des signes de compréhension quant à ce présage. Un jour, elle déguerpit une journée entière et s'octroie une promenade en solitaire L’autre, elle débusque un ragondin bien grassouillet, de quoi se mettre sous la dent (comme si elle était malnutrie !) et se faire d’importantes réserves énergétiques. Pas étonnant qu’elle soit revenue la peau du ventre bien tendue presque en rampant 😂

Chaque opportunité est bonne à prendre. Lorsque le soleil se pointe, on en profite !
Vue sur L'île Tudy
Pas de doute possible, nous sommes toujours bien en Bretagne
Chacun son point d'ancrage

Séjour à Sainte-Marine

6 décembre 2024, espérons-le, jour de notre dernière virée en Bretagne. Jour opportun pour s’offrir une nouvelle sortie avant quoi ? Je vous le donne en mille …. Une tempête ! Sans blague ?!

Nous n’avons guère beaucoup de temps car dès aujourd’hui même, le vent s’intensifie fortement. La prudence est de mise. Nous sommes aventureux mais nous ne sommes pas fous pour autant ! Nous prenons donc la mer avec un ris dans la GV et suivons d’abord la direction de l’île aux Moutons. Une île de l'archipel des Glénan située au sud de Fouesnant dans le Finistère. Durant 3/4 d’heure 1 heure, nous nous en approchons sous une très agréable allure de près. En réalité, nous ne sommes pas obligés d’aller jusque là se faire recoiffer la tignasse mais un direct Loctudy - Sainte-Marine aurait été bien court pour nous qui sommes habitués à des navigations de 6h minimum…. De plus, la manutention préalable que requiert une sortie en mer représente déjà ½ heure. Le temps d’enlever l’araignée de la grand voile (tendeur multi pattes permettant de la plier sur la baume) , préparer les cordages (libérer les bouts et les écoutes), hisser la GV (nous qui sommes sans moteur…) parfois, dérouler un bout ou l’intégralité du génois et s’assurer que la barre soit elle aussi libérée.. S’atteler à tout cela pour ne faire que ¾ d’heure de navigation est un tout petit peu frustrant. La tonte à l’île aux Moutons a été rapide. Effectivement, la vigilance orange émis pour ce week-end se fait déjà sentir. Le vent s’intensifie et il serait stupide de trainer là plus longtemps au risque de se faire arracher puis mouiller par la même occasion. 

Empannage à la hauteur de la cardinale nord de l’île et on y va. Tout droit vers Sainte-Marine ! Test du pilote auto par bonne brise de sud ouest et dans une mer courte et hachée. Humm… Résultat correct. Il tient la route mais non sans mal. Un peu à l’instar d’un homme en état d’ébriété.

30 minutes avant l’arrivée, bien sûr, on se prend un grain. Shit ! Notre gourmandise nous fait bien défaut... Et puisque l’on est pas encore assez trempés, on décide dans un premier temps d’approcher un ponton résident sans électricité plutôt qu’un visiteur confortable sur lequel tous arrivants sont les bienvenus. Ben oui, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Disons que ça nous fera 2 arrivées en 1 soit, un entraînement de plus dans l’accostage d’un ponton. 

Les cloches du clocher de Bénodet sonnent 16h. Nous avons 1h30 devant nous avant la tombée de la nuit et avant l’arrivée fracassante de la tempête Darragh pour aller à la recherche d’un sèche-linge puisque celui de Loctudy n’a pas daigné d’aller au bout de son travail. Trouvé !  En chemin, nous débusquons un chariot de ponton qui deviendra notre meilleur allié pour nos transports entre le centre-ville et le bateau. Notre capitaine Obi wan deviendra quant à lui notre homme “utile” dans l’acheminement du linge et des courses. Ces dernières sont prévues et pensées dans le cadre de notre traversée de Gascogne qui approche à grands pas.

En tout et pour tout, nous prévoyons de rester 4 jours dans ce village de la commune de Combrit. Le joli petit port se trouve sur la rive droite de l'embouchure de l'Odet, face à Bénodet située sur l'autre rive. Durant ce séjour, on se blinde de patience et se planque dans notre coquille sécurisée le temps que Éole passe sa colère. On essaie de mener à bien une vie normale malgré l’agitation permanente. Effectivement, tout devient compliqué lorsqu’une tempête s’empare du bateau même cramponné au ponton. Cuisiner ou se servir à boire par exemple, devient un jeu d’adresse et d’équilibre. Lire ou rédiger un texte sur ordinateur accentue la sollicitation visuelle. Il faut aussi hausser le ton pour pouvoir s’entendre lorsque l’on parle. Et je ne vous raconte même pas ce que cela donne dans le cadre d’un déplacement en mer ! Bref, pendant ces 4 derniers jours avant le grand départ vers l’Espagne, on tente tant bien que mal de prendre du repos malgré le chahut de la tempête. On recharge au maximum nos batteries en limitant et temporisant nos efforts physiques même mentaux. Nous abrégeons nos balades et augmentons nos durées de siestes et de sommeil. En effet, nous le savons déjà, la traversée nous demandera beaucoup d’engagements physiques car mine de rien, nos muscles travaillent sans interruption. Cela est vrai aussi pour les  muscles profonds dans une posture allongée.

2 fois par jour, matin et soir, nous checkons les prévisions météos qui nous tiennent en haleine car difficile de réagir autrement. Nous croisons les données de différents sites spécialisés dans les conditions au large notamment Windy, Ventusky, et Windguru. Une excitation et une impatience se mêlent alors à une appréhension voire une certaine crainte. Ceci est encore plus vrai me concernant puisque mon expérience en mer est très limitée et dernièrement, on ne peut pas dire que j’ai toujours été dans de très bonnes dispositions…

Les modèles de ces sites annoncent :

Un vent de Nord Est de 6 à 7 BF virant progressivement Est et faiblissant progressivement à l’approche des côtes espagnoles.

Une mer de 3 mètres et plus au départ fléchissant à 2 mètres en fin de traversée. À priori, nous devrions surfer au portant, grand largue, bâbord amure.

Des températures oscillant autour des 10 à 12°C

Un ciel plutôt dégagé à partiellement couvert (pas de pluie, yes !)


Lundi 09 décembre 2024, c’est confirmé, nous partons demain à 11h pour une navigation de 3 jours et potentiellement 3 nuits. Croisez les doigts pour nous, les doigts de pieds et tout ce que vous pouvez, nous pourrions en avoir besoin 😅

Adorable petite anse de Sainte-Marine
Sainte-Marine et son café de la cale
Bénodet en face sur l'autre rive
le feu de Combrit et le corps de garde
C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme
Un goéland a trouvé sa bonne étoile :)
Notre homme "utile"
Pancakes prêts pour la nav en guise d'encourage !
1 commentaire

Beah

Coucou à tous les trois,
Je pense qu'au moment ou j'écris ce petit message, vous êtes arrivés en Espagne.
J'espère que tout s'est bien passé et que la mer a été clémente. C'est une sacrée aventure! J'ai beaucoup de plaisir à vous lire et j'aime le style (bravo!).
J'attends de vos nouvelles,
Bisous++
Béa

  • il y a 1 mois